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Pierre Oscar Lévy, retraité, cinéaste, scénariste, etc...

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Billet de blog 23 septembre 2009

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Mustapha Kessous

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Et donc je lis dans le Monde daté du 24 septembre - Médiapart renvoie en une à l'article- " Ça fait bien longtemps que je ne prononce plus mon prénom quand je me présente au téléphone " Le Monde a demandé à un de ses journalistes, Mustapha Kessous, 30 ans, d'écrire ce qu'il racontait en aparté à ses collègues : les préjugés contre les Maghrébins, qui empoisonnent sa vie privée et professionnelle

Je ne suis absolument pas étonné par cet article. La société Française est comme cela. Quand je dois louer un appartement, la personne de l'agence - joli métier - me demande toujours si je suis Français. Lévy forcément, cela pose question? C'est un réflexe professionnel, ce n'est pas une opinion personnelle, c'est juste que les propriétaires sont inquiets. Le racisme a pignon sur rue, prospère et est même encouragé - il suffit de suivre l'actualité. Notre Ministre de l'Intérieur devrait lancer une grande campagne contre ce fléau bien plus grave que l'insécurité. Les atteintes à la loi sont quotidiennes, et en progression.

Un exemple.

J'ai une amie qui possède un prénom tout droit sortie de la Bible - version ancien testament - et un patronyme bien français, genre Martin - celui de son père adoptif - Elle n'a donc pas à masquer son prénom au téléphone. De plus tout le monde sait, qu' avec la mondialisation, les plateaux d'assistance téléphonique ont leur siège bien loin de la métropole. Les opérateurs ont perdu, pour plus d'efficacité, tout accent qui pourrait trahir leurs origines. Mon amie qui a été élevée dans une institution religieuse très sélecte au Cameroun, parle un français impecable qu'on aurait du mal à retrouver dans les Ambassades et que Sacha Guitry lui-même aurait aimé posséder . Personnellement mon usage de la langue ne parvient même pas aux chevilles de mon amie - je suis bien obligé de l'avouer, dans un souci de vérité et pour le plaisir de la tordre - la langue...

Mon amie a fait des études supérieures (longue, très longue). Elle postule pour des postes - bien en dessous de ces diplômes, j'allais écrire en dessous de sa condition - la crise quand on a 30 ans ou moins, rend fragiles les plus beaux des diplômes. Elle se présente, un jour, pour un poste, son nom, son élocution, son vocabulaire, rien n'a trahi son origine camerounaise. Comme évidemment elle a des papiers bien Français, on ne voit pas où il y aurait un lézard. En avance, elle se présente à une secrétaire, qui la fait asseoir sur un petit banc, en face de la porte de son recruteur, qui est donc prévenu de sa visite. Celui-ci sortira plusieurs fois du bureau, de plus en plus agité, et sans jamais la regarder, viendra se plaindre auprès de la secrétaire à propos de l'absence de la personne annoncée. Inutile de préciser qu'elle n'aura pas le poste en question.

Je pourrais répéter aussi les histoires paternelles. Mon père, ce héros, résistant, évadé de France, interné, engagé volontaire dans l'armée de libération nationale - il a toute les cartes - qui continue à pester contre ces salauds de Français, qui l'ont toujours traité de juif.

Avec ce qui passe sur le service public de télévision, en ce moment, il ne ne tient plus en place. C'est apocalyptique pour un homme de 88 ans.

Ce qui me gêne dans l'article du Monde, c'est que ce jeune homme puisse penser que la classe sociale, son appartenance au Monde et à la profession de journaliste aurait pus le dispenser de cette plaie? Je pense à ces Juifs de France, avocats, officiers, notables, partis avec le premier convoi, en mars 1942, pour Auschwitz et qui souffraient d'un plus grand étonnement encor. Comme si c'était plus rationnel, naturel, normal, sain, joyeux, d'être raciste face à un ouvrier sans-papiers. Enfin je m'étonne que mon camarade Mustapha Kessous - qui aurait pu même être pris pour quelqu'un appartenant à ma communauté, c'est lui qui l'écrit - mon compagnon de discrimination, ne se range pas tout simplement, avec moi, dans la grande famille des humiliés sans discrimination de race - ce qui n'existe pas - de couleurs de peau - un détail futile - de religion - je respecte, même si je n'en ai pas - et de classe social - cela à l'air de faire problème pour lui.

Alors compagnon encore un effort dans la protestation... un peu moins d'affect, et un peu plus de sagesse, non ? Et surtout beaucoup d'humour nos dirigeants, comme il l'a si bien remaqué, en ont à revendre!

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