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Billet de blog 24 octobre 2008

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Et si la crise était une sacrée aubaine ?

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Et si la crise était une sacrée aubaine ?


Norbert Wiener, dans Cybernétique et Société, écrivait en 1954, en parlant de la découverte de l’Amérique : L’existence de pays nouveaux favorisa une conduite qui ressemble à celle du Goûter Fou d’Alice au Pays des Merveilles. Quand le thé et les gâteaux furent épuisés devant leur chaise, le Chapelier Fou et le Lièvre de Mars ne trouvèrent rien de plus naturel que de circuler et d’occuper la chaise suivante. Quand Alice leur demanda ce qui se produirait lorsqu’ils seraient revenus à leurs places initiales, le Lièvre de Mars changea de conversation. Á ceux qui croyaient que l’histoire passée n’avait pas duré plus de cinq mille ans et qui s’attendaient à ce que le Jugement dernier les atteignît en moins de temps encore, cette politique du Chapelier Fou ne pouvait que sembler très naturelle. Mais le temps a passé et la table à thé des Amériques ne s’est pas montrée inépuisable ; de plus, en fait, la vitesse à laquelle une chaise a été abandonnée pour la suivante s’est accrue à une allure probablement toujours accélérée. Combien d’entre nous ne voient pas à quel point ces quatre derniers siècles sont une période vraiment exceptionnelle de l’histoire du monde ! C’est en partie le résultat de l’accroissement des communications, mais aussi celui de la maîtrise de la nature. Mais au mieux, nous extrayons du monde le peu que nous laissons : dans cette longue course nous aurons certainement un jour à payer nos dettes; ce sera sans doute au moment même où cela n’ira pas sans de grands inconvénients pour notre survie.
La crise financière qui déclenche une crise bancaire qui conduit les entreprises à avoir des difficultés et les salariés à perdre leur emploi, cette petite suite de dégringolades qui fait tomber les proches ou les lointains, cette crise mondiale qui commence, n’est rien à côté de la crise due au dérèglement climatique qui a commencé. Il n’y a plus aucune théière pleine, plus de gâteaux à dévorer, ou presque.
Voilà pourquoi cette crise est une divine surprise, puisqu’elle permet de remettre en cause tous les discours pompeux servis depuis des dizaines d’années (ce que nous appelions, jadis, l’idéologie dominante, avant qu’un gros malin ne parle de la fin de l’histoire). Cette crise est une divine surprise, elle nous indique la voie à suivre pour préparer notre réaction face à l'autre crise, celle qui va conduire à l'effacement de l'humanité. Aujourd'hui enfin, tous les cadres tombent.

Et oui, la Commission Européenne, par exemple, fonctionne à l’envers, en poussant toujours à la dérégulation. Et oui le marché ne peut pas tout, et n’en déplaise à Lionel Jospin, l’État pourrait mieux faire. La politique devrait prendre le pas sur les profits…. Euh… Je m’égare, je parle comme Nicolas Sarkozy,... enfin presque…
Toutes les aides proposées par nos puissants, pour surmonter la crise, ne sont offertes qu’aux possédants.
Et après business as usual ?
Puisque Nicolas Sarkozy parle de s’attaquer aux paradis fiscaux, il faudrait l’applaudir. On n’oubliera pas de lui rappeler que pendant la campagne, il faisait la promotion des crédits américains qui ont donné cette jolie crise. Il faudrait que les responsables soient punis.Disait-il!

Mais, avec le dérèglement climatique en cours, c’est normal que les girouettes tournent. Et moi aussi je m’égare…
Un peu de sérieux! Au lieu de subir les crises, et d’écoper après (Ce sont toujours les mêmes qui écopent) peut-être que cette fois, nous pourrions argumenter un peu, puisque aucun argument lié au marché ne tient. Cet argent virtuel (ou non?) ne servira à rien pour la crise qui vient, celle que Norbert Wiener décrivait en 1954.

Nous sommes pourtant en plein dedans…
La bourse qui dévisse réussit à faire trembler l’ordre du monde et pourtant ce n'est pas grand chose. La spéculation boursière c’est juste du vent, en comparaison des ouragans. La désertification, l’augmentation du taux de C02, le dérèglement climatique, ce sont par contre des phénomènes sérieux. Déjà dans l'histoire de la planète, un petit réchauffement de quelques degrés, a permis la libération du méthane tapi au fond des mers. Ce petit décalage de température a fait passer le taux d'oxygène dans l'air de 30 à 10 %. Voilà ce qu'on peut appeler une sérieuse crise.

En comparaison avec ce qui vient celle d'aujourd'hui c'est juste une aubaine. Elle devrait servir à ébranler les lieux communs, la pensée unique et permettre peut-être de prévoir le pire…non?
En tout cas cette période est définitivement passionnante.

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