Dans le livre IV de son ouvrage intitulé Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (publié en 1776), Adam Smith a trouvé la bonne formule qui est devenu un must de la tradition libérale: la main invisible du marché.
Comme chaque individu s’efforce dans la mesure du possible à la fois d’employer son capital à soutenir l’industrie domestique, et de diriger cette industrie de façon à ce que son produit puisse être de la plus grande valeur-, chaque individu travaille donc forcément à rendre le revenu annuel de la société aussi grand que possible. Certes, il n’entre généralement pas dans son intérêt de faire avancer l’intérêt public, et il ne sait généralement pas non plus combien il le fait avancer. En préférant soutenir l’activité domestique que l’activité étrangère, il ne vise que sa propre sécurité ; et, en dirigeant cette industrie de façon que son produit puisse être de la plus grande valeur ; il ne vise que son propre gain. Et il est en ce cas, comme en bien d’autres, conduit par une main invisible pour faire avancer une fin qui ne faisait point partie de son intention. Et ce n’est pas toujours le pire pour la société qu’elle n’en fît point partie. En poursuivant son propre intérêt, il fait souvent avancer la société plus efficacement que s’il y visait vraiment.
La main invisible permettrait l’enchaînement imprévisible pour les hommes eux-mêmes des effets de leurs actions. Ils ne savent pas ce qu’ils font, mais ce qu’ils font ont des conséquences bénéfiques pour tous. L'idée de la main invisible est donc d'autant plus juste que l'homme est aveugle. Cela ressemble à ce conte où le roi est nu.
Il aura donc fallu attendre 232 ans pour comprendre que la main invisible ne fonctionnait que dans le royaume des aveugles. Pourquoi donc paniquer quand il est enfin possible d'ouvrir les yeux? N'ayez pas peur, une invisibilité n'existait pas. Rien n'a disparu, sauf la croyance. Une vraie affaire de passe passe qui va pourtant nous coûter trop cher. C'est bien connu au monde des aveugles...