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Comme dans la fameuse histoire de la grenouille qui s'endort pendant que l'eau de sa casserole boue, Christophe Béchu vous endort avec la précision d'un hypnotiseur de foire...
L'objectif serait de "s'adapter" à une vie invivable, à des conditions climatiques impossibles.
J'avais signalé cela dans un récent billet ( https://blogs.mediapart.fr/pol/blog/170124/une-questio ) en montrant que le moment le plus important de la dernière conférence de presse d'Emmanuel Macron c'était quand ce dernier avait répondu "on s'adaptera" à une question précise et effrayante d'un journaliste de La Voix du Nord.
À l'origine le mot "adapter" s'utilisait dans le sens d'"améliorer" des formes littéraires, d'ailleurs Christophe Béchu avec son calme et son assurance à l'air de présenter cela comme une opération simple de modification de scénario. Ce n'est qu'au XIXe siècle, que le terme vire vers l'idée "d'acclimatation"... J'utilise ce terme à dessein puisque le célèbre Jardin d'Acclimatation de Paris (créé en 1860) est aujourd'hui aux mains d'LVMH. Jardin qui - on ne s'en souvient jamais - a organisé, dans un lointain passé oublié, de belles expositions ethnographiques - pardon, des zoos humains.
Le Ministre nous raconte donc une belle fable, et comme toujours en Macronie organise des réunions pour nous annoncer qu'il organisera des réunions pour nous annoncer qu'il y aura un plan qui sera planifier grâce à l'organisation de réunions dont on ne connaîtra le résultat qu'après des consultations nombreuses, variées et interminables, lorsque tout le monde sera endormi dans l'eau chaude qui se met déjà lentement à bouillir... Le 23 janvier, d'abord ou j'apprends que c'est déjà le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (j'ai manqué des épisodes de la série) puis que le 30 janvier on m'annoncera la suite qui devrait avec divers étape aboutir - peut-être - en fonction des consultations - vers la fin de l'année (si les agriculteurs ne mettent pas le feu, si la guerre n'est pas déclaré, si un nouveau virus ne vient pas nous harceler etc.). Bref si vous n'aviez pas compris la Macronie a installé de manière perverse un système d'attente du changement pour que rien ne change. On dit "s'adapter" mais le mot d'ordre caché est "business as usual" (et les gueux crèveront, parce qu'ils ont démocratiquement accepté d'attendre et voter pour leur propre mort)
Dans ce cas comme dans d'autres, la méthode est là... Un mot est lâché "sans coup férir" pour ne pas frapper les esprits, un mot banal "adaptation" et personne ne va dire que la mort est dans ce jardin. 4°C de réchauffement EN MOYENNE, c'est exactement ce qui nous sépare de la fin de l'ère glaciaire, il y a plus de 10 000 ans... Christophe Béchu vous raconte une fable, qui consiste à prétendre que nous allons réussir à nous adapter à une processus qui se déroule à une vitesse FOLLE (deux cent ans, avec une accélération terrible depuis les années 90) alors que naturellement il faut des milliers d'années pour qu'un tel réchauffement s'effectue. Toutes les plantes, tous les animaux dans leur immense majorité ne pourront pas s'adapter... migrer, muter, sera impossible. La disparition des espèces est assurées pourquoi cela serait différend pour nous autres humains?
Quand Julien Lécuyer demande au Président de la République pourquoi il se réjouit d'investissement colossaux pour des sites industriels qui seront irrémédiablement noyés par la montée du niveau de l'océan, il n'obtient pas de réponses... sauf un "s'adapter". Un exemple parmi d'autres. Nous savons tous que la centrale nucléaire de Fukushima ne s'est pas adapté. La centrale nucléaire de Gravelines - à l'ouest de Dunkerque - est construite sur un polder, dans une zone sensible aux inondations, jusqu'à 5 mètres en dessous du niveau de la mer. Et ce n'est pas le ré-haussement d'une digue de 3km et d'une hauteur de 3 à 4 mètres achevée en septembre 2022 qui permettra de la mettre à l'abri de la catastrophe inéluctable. Il faudrait toute une enquête sur les failles et les erreurs de prévisions des scientifiques eux-mêmes pour comprendre que le niveau des mers en 2100 sera bien supérieur à ce qui est prévu et que le niveau de la violences des tempêtes entre temps auront des pics jamais vus. D'autant que de toutes les manières à terme, dans quelques centaines d'années toutes les centrales nucléaires (impossible à démanteler pour des raisons financières techniques, et sécuritaires) au bord des mers seront noyés... Qui s'adaptera alors?
"S'adapter" disent-ils sans savoir, ou pire, en sachant très bien que ce mot ne veux rien dire d'autres que "subir".
Les jolis graphiques de Christophe Béchu nous conte une belle histoire où tout ceux qui vivent à Lille, sans bouger, sans même prendre des vacances se retrouveront à Bilbao. Magnifique présentation d'une géographie d'un dérèglement des esprits.

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Dans les maigres documents proposer par le Ministère (https://www.ecologie.gouv.fr/france-sadapte-christophe-bechu-reuni-elus-citoyens-acteurs-economiques-societe-civile-et-experts ) le plus important concerne un sondage Toluna Harris interactive de 30 pages qui confirme que 86% des français s'inquiètent du changement climatique, que 61% se considère bien informés, alors que 70% ont déjà constaté "les effets du changement climatique". Le sondage alors peut explique que 91 à 93% de la population sont d'accord avec Christophe Béchu pour s'adapter. Le pire, le PIRE serait que 59% des Français estiment RÉALISTE "un scénario d'un réchauffement cimatique pouvant aller jusqu'à + 4°C à la fin du siècle par rapport à l'année 1900". Le fait que dans le sondage il n'est pas écrit "EN MOYENNE" invalide fortement le résultat... Non que je doute de la conscience écolo des personnes interrogés, mais simplement parce que la question est posé dans des termes imprécis. On aimerait que Toluna Harris interactive pose la question aux Français de savoir s'il pense réaliste l'hypothèse de la disparition de l'humanité dans cinquante ans? Cent ans? Deux cent ans? Pour que les enjeux de cette augmentation moyenne de la température soit RÉALISTE.
Il est plus qu'urgent qu'un mobilisation existe pour mettre en accusation cette politique mortifère, je ne comprends pas pourquoi Médiapart (entre autres) ne prend pas ce sujet aux sérieux d'une façon "réaliste"