J’ai de la chance ! Je suis devenu copain – enfin j’espère – avec un écrivain Herve le Tellier . Je vous livre un extrait de son dernier roman ,- qui vient tout juste de sortir - Assez parlé d’amour dont je recopie le bas de la page 181 et le début de la suivante : Rien de sacrer ne peut s’accomplir sans cette conscience du déracinement. Si la tribu des Lévy n’avait pas le droit de posséder de la terre, c’était justement pour cela : le prêtre est l’emblème vivant de celui qui n’est jamais tout à fait chez lui.
Cela vient comme un écho à ce que j’écrivais hier sur ma famille Ardéchoise.
Heureusement, quand Hervé le Tellier écrivait ces phrases, je ne le connaissais pas encore. Je ne risque donc pas d’être le Lévy de la page 181.
Dans Assez parlé d’amour, l’auteur du livre prétend qu’il écrit son livre au présent, comme s’il vivait des péripéties, tout juste avant de les décrire dans des chapitres qui respecteraient la chronologie. Le livre se construirait au fil des jours, en fonction de ce que vivrait l’auteur : un genre d’autofiction.
Mais vous comprendrez bien vite à la lecture d’Assez parlé d’amour qu’il s’agit tout au contraired’une œuvre singulièrement construite, avec des contraintes, des références, des citations peut-être, et un mode d’emploi explicite.
Il semblerait que l’organisation du récit respecterait les phases d’une partie célèbre de dominos abkhazes qui se serait déroulé en 1919, à Soukhoumi. L’écrivain Dmitri Iosifovitch Goulia la mentionne dans la rubrique qu’il tenait dans le journal Apsny durant les années vingt. (…)
Yves veut écrire un roman à six personnages. Il associera chacun d’entre eux aux numéros des dominos, le zéro valant pour un personnage secondaire, jamais le même.
Dans le récit, le roman d’Yves Janvier devait s ‘appeler Les Dominos abkhazes, mais après la tendre suggestion de l’amante de l’auteur, le titre du livre parle d’amour.
En vérité, le personnage Yves Janvier ressemble trait pour trait à Le Tellier lui-même. Dans Assez parlé d’amour, page 57, Le Trèfle à deux feuilles, le dernier roman d’Yves Janvier,est résumé ainsi : un homme affronte sous une pluie celte et intermittente la froideur d’une jeune maîtresse et l’hostilité détachée d’une Toyota de location. Ce qui synthétise de manière facétieuse un précédent roman d’Hervé le Tellier qui se passe en Irlande ou en Écosse (je ne sais plus) : Je m’attache très facilement.
Tout cela je l’ai bien compris !
Pour le reste, si j’ai bien identifié Édouard Levé derrière la description d’un auteur dénommé Hugues Léger, je n’ai pas forcément tout capté. Non pas, non pas que ce livre soit difficile à aborder ! Cela se lit comme du petit lait, cela a l’air simple et facile ! Et gare ! Ce n’est pas un roman de station de métro. Les formes et les jeux avec le lecteur varient si souvent que la lecture est stimulée par de constants étonnements. Bref Assez parlé d’amour forcément cela se relit.
Ce qui était troublant l’autre soir, c’est que j’avais l’impression étrange de rentrer dans le livre en pénétrant dans l’appartement d’Hervé le Tellier où se tenait la petite fête qui prenait prétexte de la sortie du livre. J’ai tout de suite compris que parmi les invités, il y avait des personnages de roman et du roman même.
Hervé le Tellier avait convié ces amis, des écrivains, des pointures, et moi j’étais dans mes petits souliers. Et bêtement je parlais de mon exil, et de mon déracinement. Je n’avais pas encore lu la page 182. J’étais donc ridiculement en phase avec le roman . peut-être que la jeune fille à qui je disais cela a pensé que j’étais un poseur ! Un homme élégant, grand, les cheveux blancs c’est avancé vers moi et m’a dit : Ma compagne me dit que vous ressemblez à un chanteur ! J’ai fait une bêtise, je lui ai dit la vérité, je ne lui pas raconté que je venais de Caracas, et que j’avais bien connu Victor Jarra, j’ai perdu une occasion de rentrer dans la fiction. Celle-là en tout cas.
Sinon pour la précision, pour que ce blog s’illumine d’un peu de culture, selon la tradition, il faudrait mieux dire que la spécificité de la tribu de Lévi – Cohen et Lévi - c’est surtout de ne pas avoir été dénombré comme les autres Israélites qui avaient quitté l’Égypte. Faites le dénombrement de toute l’assemblée des enfants d’Israël, selon leurs familles, selon les maisons de leurs pères. Il y a 600 000 lettres dans la Torah autant que de membres – âgés de vingt ans au moins - des douze tribus d’Israël qui erraient dans le désert. Mais les cohanim étaient les prêtres et les leviyim assistaient les prêtres et eux n’étaient pas comptés.
Je ne pourrais donc pas devenir un homme de lettres, aucune ne m’est destinée dans la Torah. L'interdiction d'être propriétaire ce doit être une autre histoire.
Bon je retourne aux images puisque de toutes les manières c’est interdit.
Enfin pour être honnête, j’ai trouver cette explication dans La Torah pour les Nuls, c’est dire que vous pouvez lire le roman d’Herve Le Tellier puisque même moi je l’ai compris.