Le Premier ministre polonais Donald Tuska a demandé des dons aux pays de l'Union européenne pour une fondation chargée de financer la restauration du site d’Auschwitz. Dans l'idéal, le Musée d’Auschwitz voudrait récolter 120 millions d'euros dont les dividendes annuels (entre 3 et 5 millions) permettraient de subvenir aux besoins de réparation.

Serge Klarsfeld soutient cette initiative et s’exprime à ce sujet dans le Figaro et le Monde: http://www.lefigaro.fr/international/2009/02/27/01003-20090227ARTFIG00471-on-ne-peut-pas-laisser-auschwitz-disparaitre-.php.
Et http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/02/25/auschwitz-lieu-de-memoire-en-peril_1160139_3214.html.
"Le but n'est évidemment pas de construire Disneyland, résume M. Bartoszewski. – Président du Conseil international du Musée d'Auschwitz, ancien résistant, homme politique et historien - On veut garder le lieu authentique." C'est aussi le travail du spécialiste chargé de la conservation végétale : sur la base d'archives, il fait en sorte que le paysage ressemble autant que possible à ce qu'il était à l'époque.
Qu’est-ce qu’un lieu authentique ? Les archives de la Bauleitung, Direction des constructions SS d'Auschwitz, montrent que le camp a changé chaque jour, construction de bâtiments, agrandissements, destructions…
Ce qu’on ne comprend pas souvent c’est que les Nazis par bêtises avaient construit Birkenau (Auschwitz II) sur un terrain marécageux et que sans le travail incessant des déportés, les lieux étaient trop humides. De ce point de vue, je ne comprends pas bien la phrase du Président du Conseil International du Musée. D’autant que dans le camp même de Birkenau, il ne risquait pas de rester un seul brin d’herbe. Vouloir laisser le lieu authentique ? Faudrait-il laisser ce lieu sans végétation ? recréer l’odeur terrible qui y flottait ? On peut s’interroger sur la question de l’authenticité. Et ce besoin même.
Quand le camp a été conservé sous un régime stalinien, le but du musée était bien différent d’aujourd’hui. Auschwitz était un lieu du Martyr Polonais.
La question de la conservation est donc bien un problème politique, philosophique et moral, et j’ai bien peur qu’il soit mal posé du moins par les journalistes du Monde et du Figaro. Franchement la question du Figaro Les négationnistes ne risquent-ils pas de s'emparer de cette restauration pour en mettre en doute la validité historique ? C’est nul et non avenu. Pourquoi faire de la pub à ce genre d'individu? Est-ce que au moment de la restauration de Versailles, on se demande si Louis XIV a bien commandé le massacre des hugenots?
L'attention tourne à Birkenau autour des baraques en bois ? Mais si vous allez dans une partie de ce camp dans les champs à côté de deux chambres à gaz (détruites par les nazis à leur départ du camp) vous marcherez sur les cendres des fours crématoires et des bûchers. Vous aurez sous vos pieds des ossements humains sur une zone considérable… Ce jardin d'enfer suffirait probablement pour la mémoire, s'il était montré pour ce qu'il est, la preuve du massacre. Ce qui reste là suffit amplement.
Pendant longtemps des chercheurs d’or on continué à fouiller le sol à la recherche des dents en or qui n’avaient pas été extraites… Et le champ de poussières semble-t-il était une excellente mine à ciel ouvert…
Nous devrions simplement rire de la bêtise des négationnistes, aucun témoignage ne leur suffit, aller sur place permet de se rendre compte. Ce qu’il faut préserver à Birkenau c’est surotut ce cimetière-là, restes des fours crématoires qui ont comblé un lac et qui ont été répandus au delà, dans le petit-bois de bouleau (traduction du mot Birkenau)
Le Camp d’Auschwitz était sur le territoire du grand Reich allemand offert aux SS. C’était une succession de systèmes barbelés complexes, un camp dans un camp, dans un camp… Ce qui reste aujourd’hui est une toute petite partie de l’univers concentrationnaire de l’époque. Toute une colonie SS, un système de vie avec ces logements ces usines, etc, existaient sur une zone considérable… Il faudrait rétablir les marques de cet univers tentaculaires, mettre des plaques sur chaque bâtiment dans la région. Mais les barrques en bois.... ce n'est pas très important, puisqu'une grande partie à déjà disparu... Le camp hôpital, le camp des Tziganes sont justes vides aujourd'hui.
J’ai tourné un film à Auschwitz, en 1991, la surface gigantesque du site explique la difficulté de préservation. Déjà Auschwitz III, la Buna, si bien décrit et analysé par Primo Levi, dans Si c’est un homme, a complètement disparu. J’ai vu à l’époque des éléments en béton de latrine du camp qui servait de mangeoire à des vaches.
Auschwitz 1, l’ancienne caserne Austro-hongroise, composé de bâtiment en brique rouge n’est pas particulièrement abîmé, plus que les bâtiments ce sont les photos et les textes que l’administration Nazi a produit qu’il faudrait sauvegarder. On image mal combien la méticulosité des SS a permis de conserver d’images et de documents sur le génocide. Jean-Claude Pressac, que j’avais rencontré grâce à Klarsfeld, a fait un travail étonnant. Ancien négationniste, il a cherché pendant 10 ans à démontrer la non-existence du massacre des juifs en recherchant des preuves à Auschwitz, pour Robert Faurisson. Avec une remarquable honnêteté intellectuelle, Jean-Claude Pressac s’est rendu compte de la bêtise de ses recherches et il a écrit des ouvrages qui donnent toutes les preuves du fonctionnement de la chambre à gaz à Auschwitz. Je lis sur Internet que Mrg Richard Williamson, l’évêque négationniste, aurait confié au magazine allemand Der Spiegel qu’il aurait commandé le livre de Jean-Claude Pressac, Auschwitz : techniques et opération des chambres à gaz , publié par la Fondation Beate Klarsfeld. On peut lui souhaiter bonne lecture.
Quand est-ce que intellectuellement la presse sera capable de simplement dire à quel point tous ces gens sont ridicules. Au lieu de faire des articles sur l’égarement d’un Dieudonné (couverture de l’Express cette semaine). L’aveuglement d’un Faurisson ou de Dieudonné raconte autre chose. Le Massacre des juifs en Europe est un fait historique que personne ne peut nier.
Jean-Claude Pressac,qui est mort récemment, avait eu le courage de changer de camp, pourquoi la presse n’en a pas fait sa une ? Pourquoi ne pas systématiquement reprendre les témoignages, ou les travaux de Pressac plutôt que de donner de l'espace éditorial à des personnages qui courrent après autre chose que la vérité historique. Il est vrai que j’ai bien connu un dessinateur de talent qui officiait en première page du Monde et qui a viré négationniste sans que je puisse le convaincre du contraire… Évidemment parce que nier un tel fait, implique qu'aucun argument scientifique ou historique ne peut vous faire dévier de vos convictions , parce que le négationnisme s'attaque d'abord à la réthorique, au mode d'énonciation des faits historiques et pas au fait eux-mêmes.
Mais pourquoi en parler?
Klarsfeld dit dans le Figaro : Il ne faut pas oublier que ce sont, entre autres, les policiers français, belges, hollandais et italiens qui ont rempli les trains [qui ont conduit les Juifs dans les camps de la mort] ! On ne peut pas faire porter à un seul pays le poids de la préservation d'un tel site. Je pense que l'Allemagne et la France seront sensibles à cela. Cette initiative doit être européenne car tous les pays ont un lien avec Auschwitz en Europe. Je n'ose pas envisager un refus. On ne peut pas laisser Auschwitz disparaître.
Auschwitz ne peut pas disparaître, même si tous les bâtiments s’effondraient, l’espace même, s'il est préserver, parle de lui-même.