
Ce n’est pas sans émotions que je retrouve dans l’actualité, le désarroi de mes 18 ans. Le 11 septembre 1973 environ 600 étudiants et professeurs se sont regroupés à l’université technique de Santiago du Chili pour résister au coup d’état. Le 12, l’armée des putschistes prit l’université d’assaut. Victor Jara, professeur parmi ses étudiants. Victor Jara chanteur engagé, compagnon de route de l’Unité Populaire fut fait prisonnier. Parqué au stade de Santiago, transformé en camp de concentration - le stade qui porte aujourd’hui son nom - Victor Jara y fut tué dans la nuit du 16 au 17 septembre 1973.
http://ciperchile.cl/2009/05/26/los-estremecedores-testimonios-de-como-y-quienes-asesinaron-a-victor-jara/
José Adolfo Paredes Marquez, un ex-soldat, qui faisait simplement son service militaire en 1973, qui a 55 ans aujourd’hui, a été inculpé et laissé en liberté en tant qu'auteur matériel du meurtre de Jara.
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iu0Y9K8ac7vIc5soozNCwrDkUx2w
L’écrivain Miguel Cabezas, présent ce jour-là, a raconté la scène d’une manière épique...
On amena Victor et on lui ordonna de mettre les mains sur la table. Dans celles de l’officier, une hache apparut. D’un coup sec, il coupa les doigts de la main gauche, puis d’un autre coup, ceux de la main droite. On entendit les doigts tomber sur le sol en bois. Le corps de Victor s’écroula lourdement. On entendit le hurlement collectif de 6000 détenus. L’officier se précipita sur le corps du chanteur guitariste en criant : " Chante maintenant pour ta putain de mère ", et il continua à le rouer de coups. Tout d’un coup Victor essaya péniblement de se lever et comme un somnambule, se dirigea vers les gradins, ses pas mal assurés, et l’on entendit sa voix qui nous interpellait : "On va faire plaisir au commandant." Levant ses mains dégoulinantes de sang, d’une voix angoissée, il commença à chanter l’hymne de l’Unité populaire, que tout le monde reprit en chœur. C’en était trop pour les militaires ; on tira une rafale et Victor se plia en avant. D’autres rafales se firent entendre, destinées celles-là à ceux qui avaient chanté avec Victor. Il y eut un véritable écroulement de corps, tombant criblés de balles. Les cris des blessés étaient épouvantables. Mais Victor ne les entendait pas. Il était mort.
http://www.article11.info/spip/spip.php?article399
http://www.courrierinternational.com/breve/2009/05/28/un-ancien-soldat-avoue-le-meurtre-du-poete-victor-jara
Je me souviens même des images mises en scène depuis de la scène qui se confonde dans ma mémoire comme des images d’actualité pris sur le vif.
http://www.emol.com/noticias/nacional/detalle/detallenoticias.asp?idnoticia=359962
La version d’un des assassins de Jara est évidemment différente, Un officier aurait joué à la roulette russe avec Victor Jara, l’article chilien, ne dit pas combien de fois, le percuteur a frappé pour rien. Le canon du pistolet était contre la tempe du chanteur. Il reçut une balle. Le corps supplicié, secoué de soubresauts, inspira au tortionnaire un nouveau jeu: l'ordre de tirer sur lui. Ce que fit José Adolfo Paredes Marquez. C'est du moins cette version qui est rapportée. Il reste à la justice chilienne à inculper cet officier qui serait un chef d’entreprise prospère à Santiago du Chili, et à retrouver les autres soldats du peloton.
Ce qui est bien, c’est que l’assassinat d’un symbole de l’Unité Populaire ne restera pas impuni.
J'ai un fils qui s'appelle Victor, sa mère croit que c'est parce qu'elle aime Victor Hugo.