Les Francais qui ont des droits sociaux peuvent prendre des vacances.
Petit, je n’aimais pas les vacances. Je n’avais plus la protection de l’école, que je détestais, mais qui me tenait à l’écart de mes parents et de ma grande sœur. À l’époque, je n’y pensais pas ainsi, je croyais que toutes les familles étaient comme la mienne. Je croyais même que ma mère m’aimait. Et il ne faut pas exagérer, elle croyait aussi qu’elle m’aimait. Mes parents n’étaient pas les Tenardiers. Je n’étais pas battu, seulement humilié. Humilié, le plus souvent par mon père. Ma mère, lorsque je me trouvais seule avec elle, jouait plutôt bien son rôle. Plus tard, j’ai compris que c’était tout de même elle qui tirait toutes les ficelles.
Enfant, Je ne comprenais pas pourquoi mes parents s’agitaient à ce point à propos des vacances. Je ne comprenais pas du tout pourquoi, à Noël, à Pâques, et en été, il fallait effecteur ce genre de transhumances, au risque de mourir en haut d’une côte où mon père doublait systématiquement sans visibilité. Je raconte toujours que dés l’âge de 14 ans, j’avais lu dans Le Monde des articles traitant de la pollution dénoncée par le Club de Rome, et que j’avais pris la ferme résolution de ne jamais conduire une automobile, mais je mens un peu. La trouille, la peur, l’angoisse de monter dans le véhicule paternel, ont participé beaucoup à ma vocation d'écologiste . Vert de peur. Mon père a eu la décence de ne détruire ses véhicules qu’en roulant tout seul. En général l’alcool l’aidait à faire ses tonneaux. Quand on part en vacances difficile devant bobonne de se murger au whisky… Mais je m’égare...

L’autre jour, je regarde C dans l’air, excellente émission au demeurant, sur France 5. Je regarde c’est une manière de parler, je suis l’émission, dos à la télé, et j’écoute. Je tape sur mon clavier d’ordinateur en répondant à mes courriels. La télé, c’est bien connu, il vaut mieux l’utiliser en fond sonore… D’autant que cette fois-là, C dans l’air parlait des Vacances. À noter que C dans l’air est la seule émission de télévision, que je connaisse qui continue tout l’été. J’appris que 42% des Français ne partaient pas en Vacances. Je me suis dit, avec l’âge, je ne change pas d’idées, mais je vais bientôt cesser d’être J'ai 50 ans je n'ai rien vu. Si je suis de tout coeur avec Satie et si moi je n'ai pas changé, tout de même les choses changent. Quand j'étais petit, il y avait, par exemple, chaque année, 12 000 morts sur les routes en France. Aujourd'hui c'est le taux des suicides qui montent. Mais franchement je m'égare à nouveau, mon esprit doit être en vacances.
Il y a quelque chose d’obscène, pourtant, à proposer dans tout les JT des sujets sur les vacanciers, quand la moitié des téléspectateurs ne part pas. Hommage à Olivier Duhamel qui, sur France Culture, est le seul, a avoir dit, lors de sa dernière chronique : Bonnes vacances à ceux qui peuvent partir. Peut-être que la côte de popularité de Delanoë tient à ce qu’il ait inventé Paris Plage pour ceux qui restent ? Les Vacances cela ne me manque pas, je n’aime pas être entassé sur le sable, à Paris ou ailleurs. Ce qui me manque, ce sont les décideurs. Je me retrouve le bec dans l’eau, avec tous mes films en suspend. Ils sont à la plage, ceux qui doivent me donner des sous, et ceux que je dois mettre devant la caméra. Je me console en me disant que je verrais cela quand j'aurais 60 ans, la disparition des Vacances. Le changement est en marche. La France est un dernier pays avec autant de vacances, le marché va bientôt obliger tout le monde à rester chez soi: plus de carburant, hausse généralisée des produits alimentaires sans compensation de salaires, j'en passe... Bonnes vacances, il faut en profiter, c'est peut-être les dernières... Et peut-être que cela ira plus vite. Le Monde vient de sortir un éditorial sur la possibilité, peut-être, on ne sait jamais, d'une guerre nucléaire prochaine (voir mon premier billet). Alors après la vacance pourrait se généraliser