Le plus difficile en matière de convictions n’est sans doute pas d’en avoir mais de se les appliquer à soi-même dans le temps. C’est ainsi que, depuis des années déjà, je milite, tant en politique que dans le syndicalisme, pour le non cumul des mandats ainsi que pour la limitation du renouvellement de ces mandats dans le temps. Je ne manque jamais d’évoquer la tentation – profondément instinctive je crois – de celles et ceux qui ont une activité élective au service des autres, de s’arrimer à un poste électif jusqu’à ce que la retraite s’en suive. Pour paraphraser Grégoire Lacroix, certains sont profondément à cheval sur les principes mais se révèlent finalement dans le temps très mauvais cavalier. C’est au fond assez humain de ne pas scier la branche sur laquelle on est assis.
Voilà maintenant trois mandats que je siège en Commission Administrative Paritaire de la région Centre. J’ai, dans ce cadre, eu à examiner les avancements, les mutations et permutations, les demandes de mise en disponibilité, la discipline… J’ai, au cours de la mandature qui s’achève, eu l’occasion de m’investir dans la formation syndicale afin de transmettre ma modeste expérience aux collègues qui débutent dans le syndicalisme. L’adage d’un de mes Maîtres à penser selon lequel c’est « un mandat pour apprendre, un mandat pour travailler et un mandat pour faire des conneries » n’est donc pas tout à fait respecté. J’ai préféré lui substituer une variante ainsi définie : « un mandat pour apprendre, un mandat pour travailler et un mandat pour transmettre ».
J’ai donc décidé, à l’issue de la dernière CAPI qui s’est déroulée hier et après dix années de loyaux services, de ne pas être candidat à ma réélection. Il me semble qu’il est temps de laisser la place à d’autres qui, ainsi, apprendront au contact de ceux qui restent, travailleront pour défendre les intérêts de nos collègues et transmettront ensuite leurs connaissances aux suivants.
Je ne souhaite donner, par cette décision, aucune leçon. Je ne souhaite en tirer ni satisfaction personnelle ni salutation de quiconque. Il ne s’agit pour moi que de mettre mes actes en accord avec mes idées, d’être, en quelque sorte, croyant et pratiquant du non cumul et du non renouvellement. Rien que de plus banal au fond. Rien que de plus nécessaire à la poursuite de la défense de mes convictions.