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Billet de blog 25 septembre 2013

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Un Grenelle de la sécurité? Chiche!

Christian Estrosi, député maire de Nice, demande au président de la République, dans une lettre ouverte publiée il y a quelques jours, la convocation d’un Grenelle de la sécurité. De quoi est-il donc question dans cette missive ?

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Christian Estrosi, député maire de Nice, demande au président de la République, dans une lettre ouverte publiée il y a quelques jours, la convocation d’un Grenelle de la sécurité. De quoi est-il donc question dans cette missive ?

L’édile y dénonce pêle-mêle, la main sur le cœur, « la réalité d’une violence extrême qui s’est banalisée au sein de notre République », une violence qui « vient mettre en échec les principes fondateurs de notre République et un principe fondamental de toute démocratie : la liberté de circuler et d'agir en toute sécurité et sérénité ». Il précise qu’il est temps, pour les élus, « de réagir de façon urgente mais réfléchie avant qu’il ne soit définitivement trop tard ». Il conclut donc à la nécessité de réunir un grenelle de la sécurité afin de « trouver des solutions pour réaffirmer l’autorité de l’Etat, de les inscrire dans la loi républicaine et d’y adjoindre des moyens ».

La surprise passée de lire un tel aveu d’échec sous la plume d’un élu, ancien ministre, dont la famille politique vient de passer dix années consécutives au pouvoir, on se doit de prendre un peu de recul pour évaluer la proposition sur le fond. Après tout, une telle repentance mérite bien qu’on s’y arrête quelques instants. N’entend-t-on pas à tout bout de champ que la sécurité n’est ni de gauche ni de droite ? Ne dit-on pas qu’il serait temps que les partis politiques républicains parviennent à un consensus minimum, seul à même d’assurer la stabilité indispensable à la réussite des politiques publiques liées à la sécurité ?

Alors je dis chiche, faisons-le !

Allez hop, mettons tout sur la table… Tout !

La politique du chiffre qui, érigée en dogme absolu, a mis policiers et gendarmes au service de la quantité au détriment de la qualité, au service de l’Etat plutôt qu’à celui de nos concitoyens. La fameuse Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) qui a occasionné des milliers de suppressions de postes dans la police et la gendarmerie nationales depuis 2008.

Tout, puisqu’on vous le dit… tout !

Les primes qui ont également divisé une profession policière qui a, au contraire, besoin de cohésion pour remplir sa mission au service des Français. L’instrumentalisation des faits divers les plus atroces les uns que les autres pour justifier l’inflation législative (une quarantaine de lois sécuritaires ou répressives votées entre 2002 et 2012). Tiens, tant qu’on est dans le grand déballage, pourquoi ne prendrait-on pas le temps d’évaluer l’efficacité a posteriori de tous ces textes si vite votés au parlement ? Suffit-il, en effet, de voter une loi pour protéger une société contre ce qu’elle produit de plus mauvais ?!

Si l’on ne parle pas de cela, que peut-on aborder alors ?

L’exécution sommaire de « la police de proximité » à grand renfort d’effets de manche médiatiques ?! Les millions d’euros engloutis dans la vidéosurveillance, pardon vidéoprotection, sans aucune étude d’impact, sans aucun discernement entre les lieux où elle peut être utile et ceux où elle ne l’a jamais été sinon pour déplacer un problème (et encore !). L’engloutissement de ces millions d’euros pour des caméras au détriment de la politique de prévention de la délinquance ou de celle de l’aide aux victimes. Ces victimes pourtant tellement instrumentalisées. La municipalisation et la privatisation rampantes de la sécurité qui, sur fond de désengagement de l’Etat de sa mission régalienne, n’ont cessé de progresser ces vingt dernières années et ce, sans jamais évoquer le coût pour nos concitoyens de ces insidieuses évolutions.

N’en jetez plus, la coupe est pleine !

Je ne veux pas croire que la proposition de Christian Estrosi ait quelque chose à voir avec le scrutin municipal du mois de mars prochain. Dans ce cas, comment le ministre de l’Intérieur et le chef de l’Etat pourraient-il éluder une telle proposition ? Comment des hommes d’Etat pourraient-ils refuser la main tendue en vue d’un vrai front républicain au service de nos concitoyens celui-là ?

Ce grenelle pourrait utilement avoir lieu mais à une condition : que l’on mette réellement tout sur la table et que nos responsables politiques soient suffisamment adultes pour ne pas verser dans les débats idéologiques.

Pardonnez-moi de rêver un instant...

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