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Billet de blog 26 octobre 2015

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Le coeur des policiers

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Recentrer les policiers sur leur cœur de métier ! ». Voilà une incantation depuis longtemps ressassée par le syndicat de police Alliance. Le message semble avoir été reçu fort et clair de la place Beauvau au palais de l’Elysée. « Le président de la République a souhaité que toutes les initiatives soient prises pour que les fonctionnaires de la police et les militaires de la gendarmerie soient recentrés sur leur cœur opérationnel de métier, déclarait Bernard Cazeneuve à l’issue de l’entretien »1 avec les organisations syndicales de la police nationale.

Si le principe paraît assez simple – concentrer l’activité des policiers sur leurs missions principales – encore faudrait-il prendre la peine de définir ce qui constitue exactement le cœur de métier de la police nationale. Or, on peut craindre, sur ce sujet, qu’il soit quelque peu compliqué de mettre tout le monde d’accord.

Depuis les années 1980-1990, la police nationale n’a cessé d’abandonner, faute de temps, de moyens mais surtout de volonté politique, un nombre considérable de missions. Tout a commencé par le délaissement de ce que nos anciens appelaient « les points écoles » au cours desquels ils étaient pourtant en prise directe avec les habitants d’un quartier donné. C’est à cette occasion qu’ils pouvaient recueillir les doléances des habitants mais aussi nombre de renseignements très utiles. Par la suite, ce sont les missions d’îlotage qui ont été progressivement abandonnées. C’était pourtant, là aussi, une occasion de connaître la population qui vit, passe ou travaille sur un secteur à taille humaine.

Dans le mêmes temps, le nombre d’agents et les missions des polices municipales n’ont cessé de s’étendre, que ce soit en matière de code de la route ou d’occupation de la voie publique. L’Etat, semblant oublier que la sécurité constitue une mission régalienne, a, au mieux, laissé faire, au pire, organisé le désengagement.

Devant cette perte de liens directs entre les policiers et nos concitoyens, le gouvernement de Lionel Jospin a instauré, entre 1997 et 2002, la police de proximité dont chacun connait l’issue à l’arrivée de Nicolas Sarkozy place Beauvau.

Depuis, sous couvert de rapprocher le policier du citoyen, les expériences se sont multipliées : Unités Territoriales de Quartier (UTeQ), Brigades de Surveillance de Terrain (BST), Zones de Sécurité Prioritaires (ZSP)… Chacune de ces expérimentations a certainement eu des points positifs. Pour autant, il s’est souvent agi de produire les bons chiffres. Et quand l’amélioration des statistiques devient un objectif à tout prix, on peut douter de la sincérité de leur fabrication. Mais, surtout, il faut bien constater que ces expérimentations n’ont pas changé en profondeur le triste constat de terrain.

Des policiers débordés, enfermés dans leurs véhicules, courant d’une urgence à une autre. Interventions, verbalisations, gardes ou transferts de détenus, paperasserie administrative ou judiciaire, autant de missions qui privent les agents d’un véritable contact au quotidien avec nos concitoyens.

C’est dans ce cadre que le chef de l’Etat a choisi, sur injonction des organisations syndicales, d’ouvrir ce dossier du « cœur de métier » des policiers. Il faudra, avant toute chose, débattre de la définition même de ce concept abstrait, théorique et subjectif. Dans le cas contraire, l’expérience pourrait bien ressembler à l’ouverture de la boite de pandore.

Le dialogue entre la police et la population est un gage de l’indispensable confiance à réinstaller au sein de notre vieille république. Sans ce lien, les policiers ne peuvent ressentir totalement la satisfaction du devoir accompli, ni être pleinement efficaces. C’est une condition fondamentale de la reconnaissance qui manque tant, aujourd’hui, au cœur des policiers.

1 Dépêche AEF Sécurité du 22 octobre

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