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Billet de blog 2 mai 2015

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Honni soit qui mal y pense

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour la nouvelle année 2015, ayant vu la campagne de communication de Médiapart Offrez l'excellence, offrez Médiapart, ainsi que les quelques escarmouches qui avaient pu avoir lieu entre ce qu'il est convenu d'appeler, en langage médiapartien, une infime partie du lectorat et la rédaction, j'eus l'idée de concocter un billet de blog à tonalité caustique.

L'ironie que j'y manifestais venait du souvenir d'un certain article, à peu près un an jour pour jour avant, qui commentait la désormais célèbre sortie nocturne de notre Président de la République au volant d'un scooter. Je pensais offrir ainsi au lecteur médiapartien un moyen de remonter le temps et de juger rétrospectivement ce que valent certaines suppositions, une fois que le temps passé permet de prendre un peu de recul.

Cet article est ici, j'invite chacun à le relire:

http://www.mediapart.fr/journal/france/120114/lappartement-qui-abrite-les-relations-secretes-du-president-lie-au-grand-banditisme

J'avais eu l'impression, lors de la parution de ces articles, que Médiapart avait décidé de donner à cet épisode une valeur politique légèrement excessive. Venant après la notification de redressement du mois de Décembre 2013, à la suite de laquelle Médiapart avait crié à la mort de la presse libre, je croyais avoir perçu une volonté qui s'apparentait plus à la loi du talion qu'à la déontologie journalistique.

Je dois dire que j'ai conservé cette impression en relisant l'article et la notion d'excellence mise en avant pour la nouvelle année me semblait singulièrement prise en défaut cette fois-là. Et il me sembla utile d'appeler le camarade Krasny à une attitude plus modestement prolétarienne et à faire son profit d'une réflexion sur les vicissitudes de la fortune médiatique.

J'observe incidemment que médiapart néglige quelque peu de nous informer sur l'évolution du dossier de redressement. Je dois dire que venant d'un média qui peut se flatter d'avoir accès à nombre de dossiers confidentiels, il est relativement surprenant qu'il semble ne pas avoir eu accès au sien propre. Le redressement a-t-il été définitivement annulé? Y'a-t-il transaction en cours avec l'administration fiscale?

La loi votée le 17 janvier 2014 est-elle appliquée de façon rétroactive par Bercy. Et surtout quid de ces révélations du Canard Enchaine selon laquelle François Hollande avait été impuissant à faire annuler le susdit redressement?

Curieusement, mon billet de blog disparut très vite de l'espace hypertextuel sans que la moindre raison ne me soit donnée. On voit ainsi que la cousine d'Anastasie qui sévit en ces lieux est bien plus rigide qu'un rédacteur en chef. Ce dernier, au moins, prend la peine d'indiquer ce qui pose un problème dans le texte. Du moins dans l'idéal. J'imagine que chez messieurs Dassault et Rotschild, il n'en va pas toujours ainsi mais, que diable, dans la presse libre et démocratique on peut imaginer que c'est le cas.

Mais là, pas un mot, pas d'explication.

Devais-je conclure que l'ensemble de mon propos était tellement pernicieux et diffamatoire que cet envoi dans les limbes tombait sous le sens?

De même que j'ai conservé mes doutes sur le bien-fondé des hypothèses journalistiques relatives au rôle de Valls dans l'épisode du scooter, je dois avouer que ma perplexité est restée la même quant au bien-fondé de cette censure.

Certes, j'ai bien trouvé deux phrases un peu scabreuses, l'une évoquant une pratique salace au parfum exotique et l'autre assimilant l'appel à offrir un abonnement à une pratique dominicale en vogue, en fin d'office, chez les zélotes du Vatican.

Mais si je m'en réfère aux propos qui ont valu à l'humoriste maison d'être licencié d'une radio de service public, il ne me semblait pas y avoir là de quoi flageller un félidé, ni même un porfiridé. Ledit licenciement ayant depuis été considéré comme abusif par les magistrats des juridictions à compétence sociale, je pense encore plus fortement désormais que la bienséance n'avait pas à souffrir du contenu desdites phrases.

Peut-être n'ai-je pas compris que l'ironie n'a pas droit de cité sur Médiapart? Il est possible qu'un reste de bolchévisme, insidieusement caché dans l'ADN du trotskysme conduise à assimiler celle-ci à du dénigrement. Mais alors, il va peut-être falloir qu'on m'explique que l'esprit critique à l'égard du journal ne peut s'exercer que dans un sens laudatif. Cela aura au moins le mérite d'être clair.

Quoi qu'il en soit, j'ai ôté les phrases litigieuses et j'ai lu et relu l'article dépublié. Au terme de cette lecture, après avoir fourni les explications qui peuvent permettre à un esprit simple de comprendre le sens et le dessein de cette chronique j'ai décidé de la republier, même si elle n'est plus d'une actualité immédiate.

Anastasie fera ce qu'elle voudra. Moi aussi.

Voilà donc l'objet du délit

Le billet qui suit résulte de la lecture des commentaires de l'article de la rédaction intitulé:

Offrez Mediapart, alliez l’indépendance et l’excellence

En ce rigoureux moment de l'hiver, et au terme de cette défunte année, je crois que nous pouvons être fiers d'avoir offert à notre journal favori un costume délicatement molletonné, propice à l'entourer d'une douce chaleur, sorte de témoignage dépourvu d'ambiguïté de l'amour que nous portons à l'idée d'une presse libre et indépendante.
Pour ceux qui ont raté les épisodes précédents, rappelons qu'il y a un an, en cette même période de l'année, Médiapart, qui ne fait jamais dans le sensationnalisme, révélait le gigantesque scandale d'état de l'affaire de l'appartement la copine de Julie Gayet.
Seule l'abjecte complicité qui lie entre eux les mercenaires de la presse-purée, les membres de la magistrature couchée et les fantoches qui nous gouvernent pour le compte des spoliateurs de l'humanité, a jusqu'ici empêché ce scandale d'éclater au grand jour. Mais j'ai confiance dans le zèle inlassable des limiers médiapartiens. Cette chape de plomb qui pèse sur la vérité sera finalement écartée.
Rappelons les faits: Le 30 décembre de l'année dernière, soudain pris d'une humeur badine à l'approche de la nouvelle année, l'inégalable humoriste à qui nous avons confié les destinées de notre immortelle nation s'en fut rendre visite à son admiratrice préférée.

Le motif de cette rencontre n'est pas encore totalement élucidé: la puissance d'investigation de notre journal bien-aimé patine encore sur cet aspect et les thèses en présence divergent, si j'ose dire. On en voit même qui invoquent sans vergogne le droit à la vie privée alors qu'il est d'une évidence lumineuse que cette idée est ici tout à fait incongrue. Car lorsque l'alcôve du souverain communique avec la citadelle du mal par le soupirail du crime, il n'est aucun aspect de la turpitude qui puisse être caché à celui qui est à jour de son abonnement aux plus hautes valeurs citoyennes.
Mais peu importe car, nous l'allons voir, l'affaire est déjà suffisamment saumâtre pour confier à l'instruction de la Haute Cour de Justice le soin d'élucider les mystères encore entiers. D'ores et déjà, nous savons, grâce à l'implacable déploiement des capacités d'enquête mises en œuvre, qu'il existe dans cette affaire des éléments accablants dont la révélation est de nature à mettre en péril l'équilibre précaire de notre régime politique. Il n'est pas besoin d'être fin observateur pour savoir que le flot de la réprobation populaire qui menace nos institutions est de nature à faire passer les récents épisodes cévenols pour d'aimables bains de pied,
D'après certains experts que la rédaction a pu consulter officieusement, il serait même envisageable que le déferlement de critiques conduise à adopter directement la VIIe République sans même passer par la VIe, tant les mœurs politiques sont aujourd'hui gangrenées, au point qu'il faille envisager de guillotiner dans la foulée les remplaçants immédiats de nos actuels caciques pour espérer atteindre une couche éventuellement indemne d'aspirants aux fonctions électives. Et encore le résultat ne serait, parait-il, pas garanti.
En attendant que sonne l'heure des comptes, venons-en donc à l'insoutenable vérité. Que les esprits trop sensibles désactivent quelques instant le Wi-Fi et aillent faire quelques pas dans le blizzard, c'est excellent pour la circulation du sang. D'ailleurs, du sang, il y en a dans cette affaire, il est temps d'en parler.

Habituée à ne jamais négliger le moindre élément d'un dossier, Médiapart se rendit vite compte que l'endroit choisi pour l'entrevue présidentielle était particulièrement suspect. En effet, l'amie de Julie Gayet, celle qui avait fourni l'appartement, comédienne elle aussi, se trouvait être l'ex-compagne d'un homme dont le nom était apparu dans une affaire de cercle de jeu ayant changé de main de façon peu orthodoxe. Bien que comédien, dans la série Mafiosa, s'il vous plait, il avait été condamné à 18 mois avec sursis dans le cadre de ladite affaire. Comble de corrélation accablante, le précédent compagnon de cette dame avait été assassiné alors qu'il était soupçonné par les services de police d'être un braqueur.
Voilà où nous en sommes, chers conclubiotes: notre démocratie est irrémédiablement compromise par la fréquentation des bandits corses qui se glissent jusque sous l'oreiller présidentiel. Et sans nos pugnaces journalistes nous n'en aurions jamais rien su.
L'un d'entre eux même, au péril de sa vie, a réussi a s'approcher discrètement de la boite à lettres de l'appartement et à prendre un cliché montrant que le nom de Ferracci, l'ex-compagnon de l'amie de l'admiratrice préférée du président, y était inscrit. Ce cliché, d'une rare beauté formelle, un peu dans la filiation d'un journalisme à la Capa, résume à lui seul toute l'abnégation du travail exigé à Médiapart.
Mais ce n'est pas tout, sans craindre d'être accusée de flirter avec un état délirant aigu, la rédaction de Médiapart a donné des clefs supplémentaires. Et je dis bien la rédaction de Médiapart car, en le consultant, vous constaterez que cet article est collectif. À l'heure des grandes décisions, des grandes épreuves, au moment où tout est susceptible de basculer, résonne le célèbre cri de guerre des ennemis du Cardinal: un pour tous, tous pour un.
Dans un esprit de corps unique dans l'histoire du journalisme moderne, face au risque despotique engendré par la puissance de la dénonciation, il a été décidé que si l'un d'entre eux devait être victime de la répression, alors les tyrans devraient assumer à la face du monde de les punir tous ensembles.
Et ce qu'ils suggèrent est d'une puissance dévastatrice. Manuel Valls, ministre de l'intérieur, et chargé à ce titre de la sécurité du Président, ne pouvait ignorer quelle puissance occulte se cachait derrière la porte de l'appartement. Car il est bien connu qu'un ministre de l'intérieur se voit rendre compte de toute activité susceptible de porter atteinte à la sécurité de l'État, y compris, donc, les sorties nocturnes en scooter puisqu'en tant que responsable de la police de la route, il connait parfaitement le caractère accidentogène de ce mode de locomotion.
Or, pourquoi Valls, n'a-t-il rien dit? Pourquoi a-t-il laissé son ami François prendre un tel risque au lieu de mettre à sa disposition un des nombreux locaux sécurisés qui appartiennent à son ministère? La réponse est évidente, mû par une ambition démesurée, notre catalan xénophobe pourrait avoir délibérément choisi de compromettre par son silence la stabilité de l'État. Car si François trébuche, qui est mieux placé aujourd'hui pour faire un golpe que l'ami de Bauer? Ami dont on sait qu'il roule main dans la main avec les franges les plus sécuritaires du libéralisme financier mondialisé.
Et sans Médiapart, nous nous serions réveillés, le lendemain, emmaillotés dans la camisole idéologique du pouvoir absolu, ou conduits enchainés et brutalisés dans des stades de foot. Merci Médiapart, mille fois merci.

D'aucuns prétendront, car l'esprit de désinformation ne recule devant aucune vilénie afin de discréditer ceux qu'il veut soumettre et faire rentrer dans le rang, que cet épisode se situait très peu de temps après la notification de redressement fiscal relatif au paiement de la TVA sur la presse en ligne. Mais une telle hypothèse, qui suggère que la vigueur des attaques de Médiapart pourrait être conditionnée par des considérations tactiques n'est que pure ignominie. L'épithète de solférinienne serait encore trop faible pour la caractériser.
D'ailleurs qu'a-t-on vu depuis? Le ténébreux ibère compromis avec les lobbys cosmopolites n'a-t-il pas accru son influence? N'a-t-il pas gravi le dernier échelon qui le sépare de la toute-puissance afin d'attendre patiemment que tombe dans ses serres le sceptre de la tyrannie?

C'est que la bête immonde ne s'endort jamais tout à fait et qu'il faut chaque jour veiller à la combattre.

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