À la veille du débat parlementaire sur la situation en Syrie, auquel je ne pourrai pas participer étant retenu à l’étranger, je veux réaffirmer ma conviction que l’impasse meurtrière dans laquelle est bloqué ce pays n’est surmontable que par une solution politique et une stratégie géopolitique. En un mot, la question est : quel est le plan ? Si la France peut s’enorgueillir d’avoir sans cesse alerté l’opinion publique et la communauté internationale sur le drame syrien, cela ne nous exonère pas d’un débat argumenté fondé sur la Raison et non sur l’émotion.
L’hypothèse de frappes militaires dirigées contre le régime dictatorial syrien, suite à l’utilisation d’armes chimiques contre sa propre population civile, ne reste envisageable qu’en cas de preuves irréfutables fournies par les inspecteurs mandatés par les Nations-Unies et dans le cadre d’un mandat international. De même, il conviendra dans ce cas d’éclairer l’opinion sur les différents scenarii : chute du dictateur, ripostes contre nos intérêts, fragmentation durable du pays, perpétuation de la guerre civile, régionalisation et donc mondialisation du conflit, etc. Toutes ces questions doivent être débattues.
Une telle approche ne saurait néanmoins éclipser la nécessaire mise en œuvre d’un plan politique crédible de sortie de crise, qui fait cruellement défaut à ce stade et cela au détriment de la population syrienne qui endure depuis deux ans les affres de la guerre. La fin de ses souffrances implique une transition politique largement approuvée.
Or, l’éventualité d’une intervention militaire occidentale finirait certainement d’enterrer l’approche diplomatique intégrée promue par Kofi Annan puis Lakhdar Brahimi. Elle braquera irrémédiablement certaines puissances mondiales ou régionales, comme la Russie ou l’Iran, avec lesquelles il faut pourtant composer pour parvenir à une solution négociée et maîtrisée.
Souvenons-nous des fautes commises durant la guerre en Libye, qui a déstabilisé tous les pays riverains faute d’approche régionale intégrée et a ajouté une guerre à l’autre puisque la crise malienne en fut une des conséquences.
Ces éléments devraient être présents à l’esprit de l’ensemble des responsables politiques français, tous bords politiques confondus, à l’approche d’une décision politique grave qui devrait faire l’objet d’un vote de la représentation nationale.
Pouria Amirshahi,
Député de la Neuvième circonscription des Français de l’Étranger
Secrétaire de la Commission des Affaires étrangères
Secrétaire national du Parti socialiste aux Transitions démocratiques et à la Francophonie