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Billet de blog 1 mars 2024

« Forte : utilisé au féminin pour se débarrasser d’un problème »

Qu’entend-on dans un mot ? Pourquoi certains mots nous hérissent immédiatement le poil ? A l’atelier de la Maison des femmes de Saint-Denis, nous avons choisi quatre mots et confronté nos définitions subjectives. Bien plus riches que celle de l’Académie.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au delà des définitions académiques et normées, chaque mot à une résonance, une signification personnelle. C’est à ce petit jeu, que nous nous sommes prêtées au sein de l’atelier de la Maison de femmes de Saint-Dénis (93), ce lundi 27 février. Choisir d’abord ensemble 4 mots dans notre arbre (voir le post 1), puis chacune, en écrire sa définition ou son évocation. Enfin, confronter nos mots dans les rires, sourires, et réflexions. 

Rencontre : 
- Parfois ça passe, parfois ça clashe.
- Aller à la rencontre de l’autre, se rencontrer, se retrouver. 
- Découverte, au hasard ou pas, du vivant.
- Le temps de la rencontre, se préparer à une rencontre.
- Et peut-être après, tout contre

Illustration 1
Lundi 27 février 2024, à l'atelier "Prendre mots" © Louise Oligny / MDF


- Moment chimique où je me vois dans le cœur de quelqu’un d’autre, où je puise la « substantifique moëlle » et donne de moi-même une translucide sincérité.
- Nom propre : quand deux ou plusieurs personnes sont connectées l’une à l’autre pour un temps donné, mais que leur échange sera déterminant pour la suite de leur vie.
- D’abord sur sites, ensuite…
« Sur site ? Tu veux dire In situ
Non, j’ai d’ailleurs mis un S à “sites”, car il y a aujourd’hui beaucoup de sites de rencontres. » 

Merveille :

- Mot fourre tout pour exprimer la beauté sous toutes ses formes.
- On te dit exceptionnelle, unique, patrimoniale. On te protège car tu es mondialement connue.
- La mer qui veille…
- A faire dorer dans un bain d’huile. 
- Gros gâteau à la chantilly qui peut être agrémenté de pépites de chocolat, de pétales d’amandes grillées, de différents parfums : coco, chocolat au lait, chocolat noir, caramel, café, rhum et autres soupçons d’alcool.
- Y’en a autant dans le monde que de nains chez Blanche-Neige.
- Bugnes, ganses, pêts de nonne. 
- Ça te sied à merveille
- La chose que j’aimerais être.
« Chose ?… C’est curieux que tu ai écrit cela. Comme si tu ne serais plus un sujet si tu étais une merveille…»

Lumière : 
- Se mettre en lumière
- Jaune, blanche ou rouge. 
- Source apportant éclairage et réconfort
- Ce fut le siècle où l’on donna le pouvoir à la raison
- J’y entre et j'en sors, comme j’en ai envie.
- Nom féminin : Eclaircie momentanée ou permanente qui permet de voir, de comprendre, d’apprendre, d’avancer
- Vu les conneries qu’il disait, il n’en était pas une. 
- A éteindre en partant

Forte : 
- Tu es forte, tu me fais peur. 
- Oh, c’est rien… t’es forte ! 
- Utilisé au féminin pour se débarrasser d’un problème. 
- Pas chochotte
- Pour une boisson, signifie trop d’alcool, on devient ivre.
- Une femme forte, un femme un peu trop grosse. Contrairement au mot masculin « fort », qui est  valorisant. 
- Un homme fort est le contraire d’une femme qui pleure. Néanmoins, dans le contexte olfactif, peut-être très déprécié : un homme qui sent fort.
- Un piment fort donne du goût. 

Illustration 2
Lundi 27 février 2024, à l'atelier "Prendre mots" © Louise Oligny / MDF


- Une forte poitrine, des seins géants lui ont poussé dans la nuit. Elle va devoir mettre une bande dessus, sinon, elle ne pourra plus bouger. Et puis, les autres ne regardent que ça chez elle, la forte poitrine. Elle n’existe que par ses seins. Elle a même rêvé qu’ils risquaient d’exploser. C’est tout ou rien. La forte poitrine ou bien des œufs sur le plat. Mais peut-être qu’elle pourrait être bi-dimensionnelle, les deux en même temps ? Forte et plate, vallonnée et bas plateau, féminine et homme tout à la fois. Elle serait tout. 
- Arrête de faire semblant d’être forte et fragile, tu ne me l’as fait pas ! 
- Se dit de quelqu’un dont on n’a pas envie d’entendre les douleurs.
- Interjection pour clore toute compassion. 
« C’est fou comme un mot peut susciter autant de réactions… Moi, je n’en peux plus de ce mot. J’en peux plus qu’on me dise que je suis forte. 
- Quand on me dit ça, je me mets direct sur mes gardes. Je me demande quels moyens ils vont trouver pour me casser.
- C’est un moyen de dire « tais-toi ». Pour moi, c’est un “mot alerte”, comme le mot Résilience. On l’utilise pour désamorcer un problème, empêcher le déclenchement d’une discussion. »

***

L’atelier « Prendre mots » vise à permettre aux femmes vulnérabilisées et victimes de violence, prises en charge dans le parcours de soin de la Maison de femmes de l’hôpital Delafontaine, de s’exprimer dans le cadre d’exercices d’écritures encadrés. Ce n’est pas un groupe de parole mais une espèce de cercle de jeux de mots, animé par la photographe et autrice Louise Oligny, la dessinatrice, créatrice et autrice Clémence du Pontavice et la journaliste Sophie Dufau.

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