On raconte que pendant la conquête de l'Ouest, des juges itinérants passaient de ville en ville pour toucher des primes sur les malfrats capturés, jugés et le plus souvent pendus. Un régal pour les scénarios de western. Autant dire que les jugements étaient plus qu'expéditifs car time is money comme on dit. Ces juges express et cupides n'existent plus même si des chasseurs de prime les ont remplacés pour poursuivre les fugitifs. Comme aux USA ce qui va vite et rapporte est bien perçu, il n'est pas impossible que l'image de ces trappeurs soit bonne dans la population. On imagine mal en France un médecin généraliste obéissant aux mêmes desseins . D'ailleurs, la représentation du médecin généraliste semble jusqu'à présent bonne . Il faut dire que Balzac avait bien préparé le terrain avec son médecin de campagne.
Mais, mais, le dévouement, l'abnégation dont faisait preuve le médecin de mon enfance, celui qui m'offrait des soldats de plomb quand il venait me voir à domicile a peu à peu fait place à une médecine dite plus moderne. Les libéraux revendiquant leur statut goutent désormais aux joies de dépassements d'honoraires et sans avoir à se déplacer. De mauvaises affaires prouvent parfois que leurs prescriptions avisées ne semblent plus entièrement dictées par la seule nécessité du patient mais peut-être plus par la main invisible du labo. Quelques seuils ont même miraculeusement été abaissés créant le besoin de médicaliser le malade qui jusque là s'ignorait comme tel. Il n'est plus imaginaire car sous les radars. Super, il existe mais s'en serait bien passé. Pour ne rien arranger une base dite transparence santé, bien qu'incomplète, recense les différents émoluments forcément désintéressés perçus par certains médecins lors de formations et autres conventions, certains montants pouvant faire pâlir d'envie ou de jalousie les pauvres patients que nous sommes. La défiance commence à se faire sentir. Enfin, la téléconsultation, pour l'avoir expérimenté, expédiée en 5 minutes et sans image car le site faisait des siennes, remise définitivement celle du médecin de Balzac au rayon des archives poussiéreuses mais évite il est vrai d'avoir à consulter des Paris Match et Gala de 5 ans d'âge... La défiance commence à se faire sentir. On part sur de mauvaises bases. Je m'en doutais. La main invisible du labo s'était abattue depuis bien longtemps sur mon médecin et je comprenais mieux pourquoi elle me prescrivait des médicaments provenant très souvent du même laboratoire en allant juste par curiosité malsaine visiter transparence santé...Mon mauvais esprit critique m'égarait sans doute!
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Edouard Philippe en demandant récemment aux médecins moyennant 55 euros de signaler à la sécurité sociale les COVID a semé encore plus le doute. En trahissant le secret professionnel et en touchant une prime pour cela, les médecins ne vont-ils pas s'apparenter aux juges chasseurs de prime de la conquête de l'ouest ? Dans un site dédié aux médecins l'un d'entre eux à ce propos se pose la question et se fait vite rabrouer comme "grognon" , les 55 euros étant jugés même par un autre comme insuffisants. Cette entreprise de dénonciation pour le bien de la société n'est pas sans conséquences. La dégradation de l'image est au rendez vous. Toutes choses égales par ailleurs, la visite médicale obligatoire pour les séniors imposées dans certains pays à tous les conducteurs passés à un certain âge et parfois à la demande des médecins de famille eux mêmes a posé des problèmes qu'il serait bon de ne pas oublier quant à la mesure concernant le COVID. Se sentir dénoncé par son médecin traitant pue la trahison. Une étude canadienne a révélé que pendant l'année qui a suivi l'interdiction de conduite prononcée par les autorités suite à signalement par le médecin traitant 29% des patients ne remettaient plus les pieds dans leur cabinet sans parler chez un public âgé de la dépression que cela a entraîné. On objectera que les accidents ont, dans des proportions beaucoup plus grande, diminué , c'est vrai. Signaler ou garder la confiance du patient en s'y abstenant tel pourrait-être désormais l'arbitrage auxquelles auront prochainement à faire face les généralistes. S'ils ont en plus des enfants en âge de reprendre l'école, les nuits risquent vraiment d'être blanches.!..
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