Ouf, dans les temps !..Les courses réalisées masqué et au pas de charge juste avant le couvre-feu. Ensuite, les plus gourmets écouteront en chaussons (c’est important) les consignes lénifiantes de Jean Castex ou pontifiantes du Dr Véran . Ils découvriront que cuisiner reste autorisé et ce, (c’est luxueux), sans attestation et même (et là c’est hyper luxueux voilé ou pas).
Vite, allons sur internet pour nous donner l’eau à la bouche en consultant un de ces sites plein de recettes faciles. Le choix se portera sur celles qui reçoivent le plus de commentaires élogieux après avoir vérifié bien sûr qu’on peut quand même réaliser la recette sans ce foutu produit exotique qu’on aurait dû acheter au préalable et qui de toutes manières aurait été introuvable. Ah, les commentaires !…Ils sont savoureux mais aussi provoquent parfois de sérieux fous rires… (oxymore ; 24 points , vache !...). Les plus classiques se contentent de dire que c’était bon. Facile. Les réfractaires eux, refont le monde et mettraient bien de la viande en lieu et place des noix de saint jacques…
Ainsi, on peut établir une sorte de classification des réfractraires.
Il y a les traditionnels : "très bon, mes enfants ont adoré" etc. Les ventres mous du commentaire. Ceux là devaient offrir des fleurs à la maîtresse . Passons.
Viennent ensuite, les modérés : ceux qui ne s’en prennent qu’à la cuisson ou aux doses. A leur propos, pour reprendre une formule qu’on attribue à Paracelse et que le Pr Raoult ne renierait sans doute pas pour justifier son protocole : tout est poison rien n’est poison. C’est la dose qui fait le poison. Il y a ceux qui estiment que le temps de cuisson était décidément trop court ou trop long. Appelons les : si on m'écoutait...
Les plus radicaux eux, changent carrément les ingrédients … A propos d’une choucroute : « j’ai remplacé le saumon par deux pavés de bacon que j’ai cuit au micro ondes puis émietté sur les pommes de terre ». Loin des Top Chefs Médiatiques arrogants, toujours prêts à excommunier ceux qui ne cuisent pas comme eux, ces théologiens au quotidien de la casserole défient les intégristes (si si il y en aussi ici). En transformant tels des surréalistes une choucroute alsacienne en cuisine de la mer, ils nous régalent de leurs commentaires toujours savoureux et c'est très bien ainsi.