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Billet de blog 30 décembre 2024

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L'occupation de la Gaîté Lyrique par des jeunes mineurs isolés : témoignages

Face à un accueil inexistant et à la répression, programmés par les politiques anti-migratoires, une lutte pour le respect des droits des mineurs s'organise depuis l'année dernière à Paris. Envisager le respect de ces droits est-il utopique ? Pas vraiment, au regard de ce qui se passe en Espagne et en Italie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Trois cents adolescents, mineurs, occupent la Gaîté Lyrique depuis trois semaines. Sur le site de l'hebdomadaire Lundi Matin, une petite délégation témoigne du sort qui leur a été réservé par les autorités depuis leur arrivée à Paris, et de leur lutte menée pour des conditions d'accueil dignes : une lutte qui prend en ce moment la forme d'une occupation.

De dignité, de courage, mais aussi de solidarité, ces jeunes ne manquent pas, et au vu de ce qu'ils ont affronté (nuits hivernales dans des tentes, harcèlement policier, etc.), cela force l'admiration.

Pourtant, ce dont ils témoignent aussi, c'est de la réussite des politiques anti-migratoires françaises qui se succèdent, et mettent en place, depuis 2018, des pratiques de plus en plus répressives et inhumaines. « Si nous avions su que la France était un pays aussi raciste, nous ne serions pas venus », disent-ils. À gauche (ou seulement à l'extrême gauche?), on pensera « honte à nous », et à droite (et non seulement à l'extrême droite), « continuons ainsi, nous sommes sur la bonne voie ».

Les jeunes évoquent aussi, rapidement, leurs parcours migratoires qui les ont parfois menés à faire escale en Espagne ou en Italie. Il me semble qu'il convient de s'y attarder un moment.

Depuis 2023, un décret italien entend supprimer certains services réservés à l'accueil des jeunes mineurs isolés, dans le but de décourager les arrivées. Cependant, dans cet État où les urnes ont porté au pouvoir une personnalité « post-fasciste » (Meloni), ces jeunes exilés sont hébergés dans des foyers d'accueil. Deux reportages (l'un de France 24 à Palerme, l'autre de France 3 Provence à Vintimille) montrent qu'ils disposent d'un lit dans une chambre (et non dans un dortoir), d'un suivi individualisé par des éducateurs, de cours de langue dispensés en tout petits groupes, et, mais c'est la base, d'un accès à l'alimentation dans le foyer.

Sur le site d'Arte, on peut voir depuis trois jours un reportage sur l'accueil des jeunes mineurs isolés aux Canaries. Le gouvernement espagnol a prévu d'accorder aux jeunes des conditions d'accueil similaires à celles que montrent les reportages sur l'Italie. Les arrivées, qui sont depuis quelques mois plus nombreuses, contraignent le gouvernement à envisager l'implantation de centres d'hébergement dans les autres régions d'Espagne, projet qui rencontre des réticences de la part des instances politiques régionales.

Ainsi, dans ces deux pays voisins, l'arrivée de ces jeunes exilés suscite aussi des réactions de fermeture et de défiance. Et pourtant. Rien n'est semblable à l'ignominie de ce qui se passe en France. Je ne développe pas, car mieux vaut écouter les concernés le raconter.

Mais il serait bon d'avoir à l'esprit, en les écoutant, que ce qui est inimaginable en France, et qui finit par sembler utopique, c'est-à-dire tout simplement accueillir avec chaleur et humanité – grâce à des lieux, du personnel formé, et des valeurs d'hospitalité – est pourtant réalisé dans deux États limitrophes.

Sur l'Espagne : regarder ici.

Sur l'Italie : regarder ici (Palerme et Vintimille).

Soutenir le collectif : Leur cagnotte en ligne est ici. 

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