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Bien que les cours et les leçons soient totalement inadaptés à l'école primaire, encore aujourd’hui, tous les professeurs d’école sont formés à cette pédagogie préhistorique, avec différentes variantes allant du cours collectifs à la classe entière aux versions plus "modernes" (mais guère plus efficaces) comme les ateliers avec de plus petits groupes.
Heureusement, il existe d’autres méthodes d’enseignement.
Les enseignants qui utilisent les plans de travail partent du principe que chaque élève est un cas particulier, avec ses spécificités, son propre rythme et ses propres capacités d’apprentissage, et qu'ils ont donc autant de niveaux différents que d'élèves.
Dès lors, les leçons et cours collectifs n'ont plus aucun sens, puisqu’avec les plans de travail cherche veut justement à éviter d’enseigner la même chose à tous les élèves en même temps.
On constate pourtant que les élèves de ces classes réussissent au moins aussi bien (et souvent mieux) à acquérir des notions nouvelles... sans leçons ni cours donc.
Ce qui démontre au passage que ces derniers ne sont sans doute pas si utiles que ça !
Et voici comment :
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➡ Tout seuls
Les élèves peuvent parfaitement acquérir de nombreuses notions simplement par l’observation et la pratique (par exemple avec les textes libres, les jeux, ou tout simplement les activités réalisées durant leurs moments de liberté).
D’autre part, les fichiers des PEMF (maison d’édition créée à l’origine pour que les enseignants puissent partager le matériel pédagogique de la pédagogie Freinet) sont spécialement conçus pour un usage en total autonomie, en particulier dans le cadre des plans de travail.
C'est à dire qu'on n'a ni besoin d'expliquer les consignes, ni besoin de dire quel exercice il faut faire : il suffit à l’élève de suivre les fiches, et même s’il en saute 10 ça ne pose aucun problème.
Donc en règle générale, les élèves peuvent les réaliser seuls, même s'il s'agit de notions nouvelles.
➡ Par les multiples répétitions collectives (qui ne sont ni des cours ni des leçons)
Toute la journée, on profite de chaque occasion pour parler d'une notion : un texte libre, le menu de la cantine, un livre, un jeu, une mouche qui passe...
C’est ce que Freinet appelait la “méthode naturelle”.
Ce ne sont que des petites discussions très rapides, surtout pas des cours. La plupart du temps ça dure quelques secondes, rarement quelques minutes.
Mais ces notions (par exemple remarquer un son, une terminaison, ou bien un calcul, etc...) reviennent tous les jours, de multiples fois.
Ces répétitions constantes permettent à ceux qui les connaissent déjà de ne pas les oublier, et ceux qui ne les connaissent pas encore s'en imprègnent lentement, petit à petit, naturellement, sans forcer.
Tout est sujet à apprendre, il suffit pour l’enseignant de favoriser ces occasions, et d'en profiter à bon escient.
C’est possible au moyen de certaines activités (comme le "Quoi de neuf"), en acceptant de ne pas préparer des leçons et cours collectifs, et plus généralement en créant un climat de classe riche, suscitant la curiosité et l’envie d’apprendre.
➡ Par les multiples répétitions individuelles
Durant les moments de travail individuel (sur plans de travail donc), l’enseignant répète en permanence toute la journée les mêmes choses à des élèves différents.
Mais ceux qui sont à côté écoutent aussi, et s'en imprègnent naturellement.
Il s’agit d’un phénomène très efficace, car il n’est pas rare que cet enseignant entende des élèves répéter ses propres phrases mot pour mot, alors qu’il ne les a jamais prononcées pour eux en particulier !
C’est particulièrement évident dans une classe multi-âges. Et donc lorsqu'ils arrivent à un exercice où ils ont besoin d'une de ces notions, ils n'ont aucune difficulté car ils ont déjà entendu l’enseignant expliquer plusieurs fois à d'autres comment faire.
Mieux : ces élèves, qui n’ont pourtant jamais bénéficié directement des explications de l’enseignant, les transmettent aux autres !
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➡ Par l'effet vicariant
Effet vicariant = "ce que l'enfant peut apprendre en marge du discours du maître proprement dit" (cf. Michel Monot).
C'est à dire ce qu'on peut dire à d'autres élèves (paragraphe précédent), les affichages, les livres de la classe, les discussions informelles, etc...
➡ Par le tâtonnement expérimental
On peut laisser à l'élève l'opportunité de chercher par lui-même, manipuler, se tromper, recommencer, expérimenter...
Cela ne concerne pas simplement des expériences scientifiques, mais véritablement l’ensemble de l’activité d’un élève, depuis la rédaction de textes jusqu’à la résolutions de problèmes de maths, en passant par les arts plastiques ou même le comportement !
Ce “tâtonnement expérimental” (terme popularisé par Célestin Freinet) amène l’élève à découvrir et à utiliser de nouvelles notions par la pratique concrète, à travers des projets, des textes libres, des exposés, etc...
Avec la motivation, le plaisir et un objectif, ça passe toujours beaucoup mieux !
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➡ Par l'enseignement individuel
Durant les moments individuels, si un élève est bloqué sur un exercice, il lui suffit de venir voir l'enseignant, qui lui expliquera alors ce qu'il n'a pas compris (qu’il s’agisse d’une notion nouvelle ou pas).
C'est très rapide, quelques secondes, au maximum une ou deux minutes : il ne s'agit surtout pas d'un cours particulier ! Et puis il y en a généralement d’autres qui attendent derrière, donc le but n’est pas de s’attarder dans de longs discours !
Si jamais l'élève n'est pas encore prêt, alors on laisse simplement cette notion-là pour plus tard, l'élève y reviendra dans quelques semaines ou quelques mois, lorsqu'il sera prêt.
➡ Par la coopération
Il s'agit d'apprendre grâce aux interactions avec les autres, et c'est un phénomène qui a lieu à peu près toute la journée dans une classe Freinet :
- Durant le "Quoi de neuf", où les élèves présentent des objets ou des anecdotes, et apprennent les uns des autres.
- Durant les lectures de textes libres, où la classe travaille à critiquer et à proposer des améliorations aux auteurs. Leur sens critique s’exerce et s’améliore alors de manière impressionnante.
- Durant les réunions coopératives, où les élèves discutent entre eux pour prendre les meilleures décisions.
- Au travers des échanges permanents qui ont lieu tout au long de la journée.
Une autre forme de coopération est bien sûr l'entraide directe par tutorat par exemple, qui est mis en place dans de nombreuses classes à divers degrés. Cependant, si c'est probablement la forme de coopération la plus "spectaculaire" pour un observateur non averti, je ne pense pas qu'il s'agisse forcément de la plus efficace ni de la plus intéressante en réalité.
➡ Par les différentes activités d'une classe riche et vivante
Les moments individuels (sur plan de travail) représentent environ 1/3 du temps de classe. Donc les 2/3 restants sont du collectif.
Mais pas sous forme de leçons ou cours traditionnels, il peut s'agir de :
• rituels d’accueil
• sport
• présentations d'exposés
• lectures et améliorations de textes libres
• musique
• théâtre
• projets divers et variés
• réunions (en particulier la réunion coopérative hebdomadaire en classe Freinet)
• créations mathématiques
• mises au point pédagogiques ponctuelles et très rapides, lorsque ça concerne la classe entière.
• débats philos
• jeux divers
• sorties
• vidéos
• etc...
Et toutes ces activités ont une efficacité pédagogique très haute (infiniment plus que des leçons et cours collectifs !).
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Conclusion
Si on développe la richesse de sa classe, on a en permanence tout un tas de projets et d'activités qui se créent et qui vivent, et qui représentent autant de fantastiques sources d'apprentissage et de réinvestissement des compétences et des savoirs.
De cette manière, grâce aux plans de travail individuels, on n'a jamais besoin de passer par des "grand-messes" où tout le monde fait la même chose en même temps.
Pas besoin de préparations non plus, puisqu'on utilise principalement la vie de la classe, les projets, etc... comme supports, et que tout cela est parfaitement imprévisible.
Bien sûr, cette organisation nécessite que l'enseignant soit lui-même au clair avec ce que les élèves doivent savoir, mais ce n'est pas bien compliqué, les notions sont en nombre limité et sont toujours plus ou moins les mêmes malgré les programmes qui changent : il faut toujours savoir conjuguer, mettre les S au pluriel, accorder les participes, etc...
On n'a plus besoin de tenir grand compte des niveaux théoriques (CP, CE1, etc...) : on apporte à chacun ce qu'il est prêt à recevoir à un moment donné.
Et c'est efficace, puisqu’en général les élèves ont plutôt tendance à dépasser le programme !
Ressources
- Groupe Facebook consacré aux plans de travail : https://www.facebook.com/groups/plans.de.travail.a.lecole/
- Le tâtonnement expérimental (ICEM) : https://www.icem-pedagogie-freinet.org/le-tatonnement-experimental
- Le tâtonnement expérimental (Célestin Freinet) : https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/5429
- La grammaire en 4 pages (Célestin Freinet) : https://www.fimem-freinet.org/fr/node/893
- La méthode naturelle : http://www.lecoledemesreves.com/methode-naturelle/
- Pédagogie de Maîtrise à Effet Vicariant : http://www.pmev.fr (attention : ce site impose de nombreuses publicités intrusives, dont certaines pour adultes)
- Publications de l’École Moderne Française (PEMF) : https://b-p-e.fr/pemf-2/ (voir en particulier les fichiers de lecture, orthographe, numération, ainsi que les “cahiers de calcul”)
- Les ateliers : https://www.facebook.com/notes/pa-pi/les-ateliers/207914972983890
- Image de couverture : adaptée de http://kevinsterx.wordpress.com