(1) L'article Ni protectionnisme, ni néolibéralisme mais une « relocalisation ouverte », base d’une nouvelle internationale, de Vincent Liegey, Stéphane Madelaine, Christophe Ondet et Anisabel Veillot, paru en 2015 sur Bastamag est d'autant plus d'actualité.
Le coronavirus et sa vitesse de propagation soulignent de nombreux vices de la mondialisation actuelle : le tourisme de masse, les chaines de production à l’arrêt (ex. médicaments) du fait de notre forte dépendance aux autres pays, etc. Désormais, les frontières de nombreux pays sont fermées et leurs économies fonctionnent au ralenti : ces différentes artères, comme dans une maladie coronarienne, n’alimente plus le système libéral, croissanciste. Dans la même métaphore, le coronavirus est une lésion supplémentaire à un système déjà bien abimé par ses vices internes. Mais alors comment sauver ce système ?
Et si nous plongions dans le protectionnisme ? Oui, mais à condition que cela continue d’alimenter le système capitaliste pourrait être une réponse du gouvernement. Et si, pour cela, on fermait les marchés et qu’en parallèle on les incitait à aller vendre leurs produits au supermarché pour fournir des fruits et légumes 100% français ? Mais n’y aurait-il pas un risque que cela profite aux groupes possédant les supermarchés et qu’au contraire les petits producteurs s’essoufflent ? La nourriture de qualité, locale, avec une bonne garantie de traçabilité n’est-ce pas bon pour la solidarité et les défenses immunitaires ? Si, mais depuis le début de la crise du coronavirus, l’économie semble primer sur l’homme.
Le protectionnisme est souvent avancé comme solution en situation de crise, une réaction de peur, de repli sur soi, qui est facilement récupérée par l’extrême droite. C’est une fausse réponse des oligarques car cela revient à rester dans le dogme croissanciste : « un outil pour retrouver de la croissance, au mieux en s’isolant des autres, au pire au détriment des autres. Il s’inscrit souvent dans une logique d’opposition ou d’indifférence à l’extérieur. » 1
Mais la situation actuelle nous montre que, chez les citoyens, l’heure n’est pas au repli sur soi. Le coronavirus tout en limitant nos libertés, en incitant à l’égocentrisme, fait au contraire s’épanouir de nouvelles solidarités. En dernier recours, serait-ce lorsque l’homme est seul qu’il se rend compte, en tant qu’animal social, à quel point il a besoin des autres ? Aujourd’hui de nombreuses personnes essayent de se rendre utile à leur manière. Certains petits producteurs proposent désormais de livrer les produits à domicile, des nouveaux drives voient le jour et souvent les commandes de paniers explosent. L’heure est à la sortie de l’illusion de toute puissance, à la réflexion. « Il s’agit bien de sortir la religion de l’économie, de nous libérer de ces addictions, de faire des « pas-de-côté » et de questionner le sens de nos productions bien plus que d’en protéger leur localisation. »1. Ainsi, Serge Latouche écrivait dans Le pari de la Décroissance « La stratégie de la renaissance locale ne consiste pas à construire et à préserver une oasis dans le désert du marché mondial ». Le mouvement de la Décroissance incite au contraire à relocaliser mais de manière ouverte et solidaire :
Extrait de l'article sur la relocalisation ouverte paru sur Bastamag (1) :
« La relocalisation ouverte, c’est d’abord intégrer les limites énergétiques, environnementales mais aussi culturelles de la société croissanciste.[...] . C’est recréer un vivre ensemble où chacun de nos actes auraient des conséquences visibles et pourraient réellement être discutées puisque nous aurions de nouveau la possibilité d’agir, de questionner nos productions, nos usages, nos vies. La relocalisation ouverte signifie clairement la remise en cause du primat de l’économie, du travail comme valeurs centrales de nos sociétés mais aussi la repolitisation de la société afin que nos sociétés deviennent autonomes et responsables. »
Pour en savoir plus sur la relocalisation ouverte, c'est par ici