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Billet de blog 26 octobre 2017

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Faire de novembre un mois féministe : un manifeste du projet Papotes

En novembre, le projet Papotes se mobilise contre le sexisme et les violences sexuelles. Ceci est notre manifeste.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ces derniers temps, les réseaux sociaux ont été le lieu d'une prise de parole intense et plurielle au sujet des violences sexuelles. Alors que fleurissent les témoignages plus ou moins détaillés, plus ou moins anciens, plus ou moins douloureux, la toile se couvre et le tabou se lève : en partie du moins.

A travers l'affaire Weinstein s'est révélée (à ceux qui n'avaient pas voulu l'entendre avant plutôt qu'à celles qui en portaient malheureusement la pleine conscience) la dimension systémique et l'étendue des violences sexuelles perpétrées sur les femmes*. Loin de s'en tenir à la figure du « monstre » malade et incompréhensible, le hashtag #metoo, en ouvrant la voiX aux moins écoutées et puisant sa sève dans le collectif, pour une fois conscient et fort de son ampleur, a permis de nommer un coupable récurrent : le silence. Lui aussi est pluriel et protéiforme : c'est d'abord un silence qui tue la parole en la minimisant, en la contraignant par la menace, en l'éliminant tout simplement ; c'est un silence qui l'évite, en feignant de ne pas l'entendre ou en l'oubliant très vite, trop vite ; enfin c'est un silence qui la détourne, qui la culpabilise et l'accuse.

Ce silence, c'est le tabou qui règne sur les violences sexuelles. C'est la difficulté d'en parler comme d'en avoir parlé. C'est l'impossible plainte et l'éternel reproche : combien de familles brisées par la révélation d'abus sexuels ? Combien de « j'aurais dû me taire » proférés en pensée par celle qui désormais portera l'étiquette « victime de viol » dans le regard de chacun ? Toujours coupable d'avoir parlé ou de s'être tu, trop vite ou trop tard, trop peu ou trop fort : là est la double peine. On se rappelle Sandrine Rousseau et Christine Angot sur le plateau d'ONPC le mois dernier : c'étaient là deux victimes, chacune culpabilisée pour sa parole. Et c'est le même silence pesant et lourd qui accable les deux femmes et qui transformera cette expression pourtant fondamentale des douleurs de chacune en une sombre machine à buzz où l'on compte les points et les fautes au lieu de comprendre l'enjeu qui en ressort. Dire ou ne pas dire, telle est la question.

Pourtant la parole libère. Non seulement elle évacue mais elle s'impose et prend le pouvoir : parler, c'est agir. Agir pour soi par le soulagement du témoignage, et agir pour les autres. Mais parler n'est pas évident, entre autres pour les raisons décrites au dessus. Parler oui, mais où, quand, comment et surtout à qui ?

A cela le projet Papotes tente de répondre. Notre projet, c'est offrir cet espace de parole, dans les meilleures conditions possibles : pas d'interrogatoire, pas de pression, pas de jugement. On ne récolte pas de témoignages : on papote. Autour d'un thé ou d'un verre, entre copin-e-s, à deux ou plus, juste pour parler, des violences comme du reste. Mais ça n'est pas papoter dans le vent : c'est la papote utile, la papote collective, comme chaque pierre d'un édifice qui a vocation à s'ériger contre le monde, à s'imposer et à crier haut et fort son droit d'exister.

Notre objectif, c'est de prendre tous ces récits individuels, toutes ces histoires et ces personnes, avec les fardeaux qu'elles ont subis mais aussi avec tout le reste, les anecdotes, les joies, les envies, les idées... Prendre tout ceci, et l'exposer, artistiquement et via différents supports, et montrer enfin ces victimes pour ce qu'elles sont : autre chose.

Puisque ces violences touchent presque toutes les femmes, et pas seulement, il n'est plus possible de les ignorer. Il n'est pas non plus possible d'aliéner les personnes aux agressions qu'elles ont subies, ni de les exclure explicitement ou non.

Pour le premier anniversaire de notre projet, nous avons donc choisi de passer à une action un peu plus concrète, et d'aller plus loin. Parce que c'est chaque jour plus urgent et que l'actualité s'y prête particulièrement, nous choisissons d'imposer notre parole dans l'espace public, sur internet comme dans la rue. Nous déclarons donc lancée la première édition du NO!vembre.

Le NO!vembre, c'est un non puissant, crié, proclamé. C'est un moyen de dire stop à tout ce qui tous les jours nous contraint, nous agresse, nous tue. C'est un NON qui s'impose, comme se sont imposés ceux qui ont négligé nos non ou ne les ont pas laissé s'exprimer. C'est un non qu'on impose, tous les jours, à travers un dispositif assez simple : une action féministe chaque jour, durant tout le mois de novembre, au sujet des violences sexuelles. Au programme : des interventions dans le métro, des propositions d'actions à mener plus largement, des textes théoriques ou des éclats à chaud, des coups de projecteur sur des thématiques bien précises, en articulation avec les dates clés du mois.

Suivez le projet Papotes (@projetpapotes) et rejoignez le mouvement NO!vembre avec le #OnEnParle sur Twitter et Tumblr.

Lana & Livia pour le projet Papotes

Illustration 1

Vous pouvez aussi témoigner d'agressions sexuelles que vous avez subies, quelques soient vos genre, sexe, âge, couleur préférée. Pour cela, rendez-vous sur Twitter en privé ou par mail à projetpapotes@gmail.com. Pour en savoir plus sur nous, le projet, notre féminisme, rendez-vous très vite sur Tumblr ;)
* L'étoile accolée à femmes signifie une acception plus large et inclusive du terme : les violences sexuelles sexistes ne concernant pas que les femmes, c'est-à-dire les personnes se reconnaissant dans le genre féminin, femmes* inclut aussi les personnes non-binaires et les hommes transgenres, susceptibles également de subir du sexisme.

Cependant, ce terme n'inclue pas les hommes cisgenres, puisque nous traitons ici des violences sexuelles à caractère sexiste en particulier. Néanmoins nous reconnaissons l'existence des violences sexuelles subies par les hommes cis et considérons leur reconnaissance comme une cause féministe : ainsi nous les invitons également à témoigner dans le cadre du projet Papotes.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.