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Billet de blog 25 avril 2023

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Avion et tourisme : des liaisons dangereuses?

Pour les élus, le tourisme aérien est vu comme une ressource en terme d’emplois, d’images et de retombées économiques. Ils perçoivent la limitation du transport aérien comme une menace pour l’économie locale. Qu’en est il réellement ? Publication d'une première étude sur les liaisons entre aérien et tourisme.

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Le réseau des luttes pour la réduction du trafic aérien (Aviactions), la SCIC les Oiseaux de Passage, le réseau Rester sur Terre et le collectif Stop Extension Marseille Provence ont rendu publique ce mercredi 12 avril à Marseille une nouvelle étude « Analyse des agencements marchands entre transport aérien et tourisme ». Cette étude menée par des sociologues et économistes, en mobilisant l’expertise des collectifs locaux, a permis de mettre en évidence que les études d’impact surestiment les retombées socio-économiques des projets d’extension d’aéroport, et que le tourisme lié à l’aérien est très concentré, notamment socialement, géographiquement et sectoriellement.

L’étude a été menée par Garance Bazin, doctorante en anthropologie, Saskia Cousin, professeure de sociologie à l’université Paris-Nanterre, Prosper Wanner, maître de conférence en sociologie à l’université d’Aix-Marseille, Gilles Caire, maître de conférence en économie à l’université de Poitiers.
Le premier enseignement de ce travail est que les études d’impacts socio-économiques visant à justifier les projets d’extension d’aéroport présentent de nombreux biais. La nouvelle méthode de calcul proposée dans cette étude démontre que les retombées économiques pour le territoire sont largement surestimées : Non seulement les voyageurs quittant le territoire ne sont pas pris en compte, mais les impacts environnementaux associés aux vols ne sont pas monétisés. Selon Gilles Caire, économiste et co-auteur du rapport : « en considérant tous les biais, l’extension de l’aéroport de Marseille-Provence se retrouverait déficitaire de 3,5 milliards d’euros d’ici 2045, très loin des calculs de l’étude d’impact utilisée pour justifier le projet »
Le second enseignement de cette étude est la concentration géographique et sociale générée par le tourisme aérien. Celui-ci tend à favoriser une offre touristique haut de gamme (hôtels 4 et 5 étoiles, restaurants gastronomiques…) qui s’adresse à une clientèle privilégiée au détriment de clientèles moins aisées. Par ailleurs, les retombées économiques du tourisme aérien sont concentrées dans les grandes villes et ne bénéficient pas à l’ensemble du territoire.

Enfin, le dernier enseignement est que de nombreux acteurs ont un modèle économique de plus en plus dépendant du tourisme aérien : hôtels (montée en game), agences de voyage (logique de marge), État (comptes satellites), lieux culturels, … et sont souvent ceux qui siègent dans les Organismes de gestion de destination où se décident les stratégies touristiques. La fascination pour le haut de gamme et la clientèle lointaine est partagée largement (professionnels du tourisme, acteurs de la culture et collectivités locales) et amène à déprécier certaines clientèles touristiques ou pas : étudiants, aidants, saisonniers, proximité, …

L’étude a comparé cette stratégie touristique avec celle de la région Occitanie, qui propose aux habitants de découvrir leur région en train à moindre frais (ex : billet de TER à 1 euro, un dimanche par mois). Ce type de politique a permis à un plus large public d’accéder aux vacances et aux loisirs, tout en répartissant les flux touristiques sur l’ensemble du territoire.
Selon Charlène Fleury, coordinatrice du réseau Rester sur Terre: « Cette étude inédite permet de lever les angles morts des études d’impacts officielles, et démontre qu’à retombées économiques égales, des alternatives plus écologiques sont aussi plus inclusives. En investissant dans le tourisme social et ferroviaire, les collectivités permettent à un plus large public d’accéder aux vacances et aux loisirs. »

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Etude tourisme et aérien couverture © AviActions

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