POURQUOI VOTER ?
« C’est couru d’avance »
L’élection est ce qu’on en fait. Si toutes les personnes qui hésitent finissent par pencher d’un côté plutôt que l’autre, les choses ne se passeront pas comme prévu. On ne compte plus le nombre d’élections pour lesquelles on nous a annoncé un vainqueur qui s’est finalement fait plier (Strauss-Kahn, Jospin, Jupé, …).
« Ça ne me concerne pas / ne m’intéresse pas »
On peut parfaitement entendre le désintérêt qu’il peut y avoir vis-à-vis de la politique telle qu’elle se pratique en ce moment, et telle qu’elle est représentée dans les médias. Mais la politique, dans son sens « noble », ça consiste à décider de comment on s’organise en société. Ça vaut peut-être le coup de faire l’effort d’aller au-delà du spectacle et des petites phrases pour regarder un peu quelles visions du monde sont en jeu : On laisse la concentration de richesses se poursuivre ou on partage ? On reste avec un système où le pouvoir est hyper-concentré ou on révise la règle du jeu ? On continue à bosser toujours plus ou on diminue la durée du travail dans la semaine, dans l’année et dans la vie ? Face au changement climatique, on se retrousse les manches et on agit, où on fait du sur-place, ce qui ne manquera pas de nous causer quelques ennuis par la suite (et pas qu’aux générations suivantes) ?
Des réponses différentes à ces questions, en découlent des mondes différents, qui se manifesteront concrètement dans notre quotidien. Pour ne prendre qu’un exemple, si on ne s’adapte pas au changement climatique (sans même parler d’essayer de le combattre), on va subir les vagues de chaleur, les pénuries alimentaires et les sécheresses de plein fouet et, à moins d’être extrêmement privilégié, tout le monde le sentira passer.
« Ça ne changera rien »
Autour de moi, j’ai deux profils principaux qui se dégagent et qui pourraient répondre ça : les personnes qui sont très éloignées de la politique, et les personnes plutôt situées à l’extrême gauche.
Pour les premières, ce sentiment vient sans doute du fait que les choses vont dans la même direction depuis une quarantaine d’années : concentration des richesses, des pouvoirs et des médias, diminution des droits des salarié·e·s, libre-échange… Quoi qu’on vote, on a toujours sensiblement « la même chose ». A l’exception peut-être de 1981 (Mitterrand), toutes les personnes arrivées au pouvoir étaient plus ou moins ouvertement néolibérales : pro-marché, pro-entreprise, pro-libre-échange, etc. Est-ce qu’il faut s’étonner alors d’avoir du néolibéralisme ? Le pouvoir politique serait impuissant ? La crise du covid nous a bien montré que c’était faux : on peut prendre des mesures fortes et on peut investir massivement avec de « l’argent magique ». Alors oui, si on décide de prendre un autre chemin que celui sur lequel on se trouve depuis des années, ça va secouer. Mais les candidat·es qui souhaitent sérieusement que ça change vous diront tou·tes que rien de sérieux ne se fera sans implication populaire. Enfin, si ça ne changeait vraiment rien, les riches se déplaceraient-ils si massivement et constamment pour voter ?
Aux personnes qui se positionnent plutôt à l’extrême-gauche, et pour qui l’élection ne serait pas le moyen de changer radicalement les choses, je répondrais « oui, sans doute » (et voir le paragraphe précédent). Mais malgré tout, c’est un moment dont on peut se saisir :
- On peut choisir quel adversaire on aura quand il s’agira de mener les prochaines luttes sociales (pour ne prendre que le trio de tête (selon les sondages) : vous préférez avoir Macron, Le Pen ou Mélenchon comme adversaire ?)
- Le résultat de l’élection a un impact symbolique : si Le Pen ou Zemmour l’emportent, les groupes d’extrême-droite se sentiront légitimés. Si Mélenchon l’emporte, ça redonnera sans doute du courage à du monde parmi les exploité·es.
« De toute manière, c’est foutu »
J’entends pas mal dans ma génération des choses du type « De toute manière on n’aura jamais de retraite » ou « Pour le changement climatique, c’est trop tard » mais, quand on a fait la retraite à 60 ans, c’est parce que des gens se sont battus pour ça. Si on se laisse faire, si on n’intervient pas, c’est sûr qu’on va continuer à reculer. Alors, le vote ne règlera certes pas tout, mais c’est un levier parmi d’autres, et pas le plus engageant ou le plus coûteux. Et sur le climat, il n’y a pas de « trop tard » : on a perdu une bataille, mais chaque dixième de degré évité, ce sont des inondations, des sécheresses, des migrations subies évitées. Dans ce domaine, il n’y a pas de « perdu » ou « gagné » : on peut toujours limiter les impacts.
POUR QUI ?
Je vais bien me garder de vous faire une recommandation, mais plutôt des ressources sur différentes thématiques, selon ce qui peut compter pour vous.
Sur le climat : cinq outils pour s’y retrouver
Sur le féminisme : le féministomètre d’Osez le féminisme
Sur la fiscalité : l’analyse d’Oxfam
Sur l’université : les réponses des candidat·es aux questions de l’Etudiant.fr
Sur la santé :
- analyse de Laurent Thines (médecin professeur des universités et praticien hospitalier en neurochirurgie au CHRU de Besançon - Collectif Inter-Hôpitaux)
- l’analyse du collectif Notre Hôpital c’est vous (avec A, Oxfam, Emmaüs, etc.)
Sur la condition animale : analyse de L214
Consommation et obsolescence programmée : analyse de Halte à l’Obsolescence Programmée
Logement et habitat : analyse de la Confédération Nationale du Logement
L'image suivante compile les résultats de ces différents comparatifs :

Il y a aussi plusieurs comparateurs de programmes sur différents médias si vous voulez plus de détails sur les points qui vous intéressent :
Il y aussi différents outils pour déterminer sa proximité avec le programme des différent·es candidat·es, notamment jevote.info, qui est très bien fait.
Et on peut y ajouter l’article de blog de Dr Mucha qui compile ces différents comparatifs.
En espérant que ces quelques éléments permettront d'éclairer les indécis·es.