Rachid Barbouch (avatar)

Rachid Barbouch

Journaliste freelance, Chroniqueur indépendant.

Abonné·e de Mediapart

773 Billets

3 Éditions

Billet de blog 9 mai 2018

Rachid Barbouch (avatar)

Rachid Barbouch

Journaliste freelance, Chroniqueur indépendant.

Abonné·e de Mediapart

Akhannouch : Collusion entre pouvoirs publics et intérêts privés

Le ministre marocain de l'agriculture et de la pêche Aziz Akhannouch est en même temps un puissant homme d'affaires gérant dans le secteur privé de nombreux portefeuilles à hauteur de plusieurs milliards de dollars. Là où dans certains pays, on aurait pointé du doigt un cas de conflits d'intérêts manifeste, au Maroc, jusqu'à une date récente cette situation n'avait l'air de gêner personne.

Rachid Barbouch (avatar)

Rachid Barbouch

Journaliste freelance, Chroniqueur indépendant.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

    Qu'entend-on d'abord par cette situation de " conflit d'intérêt" qui empêche un individu d'accomplir correctement sa fonction au sein d'un gouvernement sans que celle-ci ait à interférer sur ses activités privées ?

     Une situation de conflit d’intérêts apparaît quand un individu ou une organisation doit gérer plusieurs intérêts qui s’opposent, dont au moins l’un d’eux pourrait corrompre la motivation à agir sur les autres, ou au moins donner cette impression.

     Le conflit d’intérêts n’est ni un délit civil ni un délit pénal. Ce sont le trafic d'influence et la prise illégale d'intérêt qui peuvent en découler qui, eux, sont délictueux en France .

    Pour l'exemple marocain, les cas de conflits d'intérêts dans le gouvernement marocain ne se comptent plus. Le plus criant d'entre eux est celui d'Aziz Akhannouch qui préside aux destinées du ministère de l'agriculture et de la pêche maritime et qui en même temps gère Akwa Group, un puissant holding aux ramifications aussi diverses que nombreuses.

     Akwa Group est ainsi présent dans la finance, dans la presse écrite, dans la téléphonie mobile, dans le tourisme, dans l’immobilier de bureaux et la gestion locative, dans l’immobilier touristique, dans le secteur des hydrocarbures, dans la distribution de GPL et dans la fabrication et l'emplissage des bonbonnes de gaz.

     Aziz Akhannouch qui détient le portefeuille de ministre. Non seulement il décline son salaire de ministre, mais il lui arrive de payer avec son propre argent certains frais de fonctionnement de son ministère et poussant parfois sa "générosité"  jusqu' à mettre son jet privé à disposition de ses équipes pour leurs déplacements.

    À vrai dire, avec ce multimilliardaire en dollars, deuxième homme le plus riche du Maroc après le Roi, on ne sait plus où s'arrête la chose publique et où commence l'affaire privée. Tout semble s'imbriquer au point qu'on a tendance à croire que le ministère chez les Akhannouch est une affaire familiale.

Illustration 2

   Et à bien considérer la composition du gouvernement marocain, l'exemple d' Akhannouch semble loin d'être un cas isolé. Le ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie numérique Moulay Hafid Elalamy a au moins ce point commun avec lui: l'immense richesse accumulée dans le secteur privé.

   Avec une fortune estimée à plusieurs centaines de millions de dollars, MHE est considéré comme un des hommes les plus riches du royaume. Dans son ascension, MHE est passé par le groupe ONA ( ancien nom du holding royal) où il occupa le poste de secrétaire général, aux côtés de celui de Directeur général de sa filiale Assurance, avant de se lancer pour de bon pour son business personnel.

  Alors que, officiellement, il est ministre  dans le gouvernement de Saadeddine El-Othmani, il gère en même temps, dans le privé, d'énormes portefeuilles de finance et d'assurance. Difficile donc de rester impartial et de faire la part des choses. La porosité entre privé et public est trop criante pour que le ministre soit au service uniquement du peuple.

  Signé par Rachid  المدوخ 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.