La surveillance
Au Tibet par le gouvernement chinois est extrêmement intrusive et sophistiquée tant pour les Tibétains à l’intérieur qu’à l’extérieur du Tibet, conduisant à parfois de s’autocensurent et se censurent mutuellement. En effet, les autorités chinoises ont délégué la censure à l’ensemble de la population. La Chine a mis en place deux principaux systèmes de surveillance de masse :
- La gestion par réseau (Grid Management) : Les comtés sont divisés en cellules pour un contrôle et une surveillance intrusifs. Un vaste réseau de milliers de « postes de police de proximité » recueille des données biométriques sur la population et agit comme des avant-postes ou des points de contrôle en cas de troubles potentiels. Ces postes de police couvrent toute la région, avec l’intention d’en établir au moins un dans chacun des 5 464 villages de la Région autonome du Tibet (RAT), afin d’étendre la présence physique de l’État-parti dans tous les recoins du Tibet.
- Les systèmes de double liaison des ménages : Ces dispositifs obligent les individus à signaler toute « activité suspecte » dans leur voisinage et à se trahir les uns les autres, sous peine de subir les représailles des autorités.
L’autocensure mutuelle menace la capacité des Tibétains à s’exprimer leur identité politique et culturelle ou à protester contre les violations des droits de l’homme et la répression politique par la Chine. Selon le ‘Tibetan Centre for Human Rights and Democracy’ basé à Dharamsala en Inde, le système de surveillance et de censure au Tibet est conçu pour discipliner et produire des sujets prêts à s’autocensurer afin d’éviter les représailles coercitives et punitives de l’État. La crainte d’actions disciplinaires, telles que la torture et l’emprisonnement, tant pour soi que pour ses proches, pousse de nombreuses personnes à s’autocensurer, protégeant ainsi involontairement les intérêts de l’État-parti chinois. Cette dynamique s’aligne sur les campagnes politiques et idéologiques du parti, visant à transformer les citoyens en « patriotes » et « loyaux ».
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Il y a quelques années que la Chine a également lancé une collecte massive de profils ADN, en parallèle à la surveillance et à la censure en ligne. Au Tibet, en juin 2019, les autorités chinoises ont prélevé des échantillons d’ADN de tous les résidents de la ville de Chamdo (Ch : Qamdo) après la mise en place d’un système de base de données ADN pour « lutter contre le crime », bien que les résultats en matière de lutte contre la criminalité soient peu convaincants. Chamdo, la troisième plus grande ville de la RAT, compte une population estimée à 657 505 habitants. La base de données couvre tous les niveaux de juridictions gouvernementales, ainsi que les institutions monastiques et la communauté agricole et nomade. Elle contient des informations de base sur tous les citoyens, notamment des empreintes digitales, des échantillons de sang et des données biométriques.
Le fait d’ignorer le niveau sans précédent d’autocensure imposée et les violations des droits de l’homme qui en découlent aura des conséquences négatives graves et étendues, non seulement sur la situation des droits de l’homme au Tibet et ailleurs en RPC, mais aussi au-delà, en raison de la normalisation de la « répression transnationale numérique ».
Répression de l'utilisation des médias sociaux par les Tibétains
Dans le passé, les Tibétains pouvaient s'inscrire sur les réseaux sociaux avec un simple numéro de téléphone.
Mais à la fin du mois de juillet 2024, le gouvernement chinois a annoncé que les utilisateurs de médias sociaux devaient rouvrir leurs comptes et fournir des informations personnelles. Pour se réinscrire, il faut fournir un mot de passe lié à son téléphone portable personnel ou à sa carte d'identité, qui est accessible au gouvernement, selon Radio Free Asia.
Les autorités chinoises ont également commencé à arrêter des Tibétains à Lhassa pour vérifier s'ils utilisaient des réseaux privés virtuels (VPN), qui permettent aux utilisateurs de contourner les restrictions imposées par la Chine en matière d'accès à l'internet, souvent surnommées « la grande muraille de feu de la Chine ». Au début du mois d'août 2024, les autorités chinoises de Lhassa ont arrêté trois personnes pour avoir utilisé un VPN.
Répression transnationale
Ces dernières années, les dirigeants autoritaires du monde entier ont intensifié leurs efforts pour faire taire les critiques et intimider les opposants à l'étranger. Ces actions odieuses visent à restreindre les droits de l'homme tels que la liberté de parole et d'expression, même dans des pays comme les États-Unis où ces droits sont généralement protégés ; elles sapent l'État de droit dans le monde et menacent l'intégrité des pays démocratiques. Comme toujours, les défenseurs des droits de l'homme et les membres des médias sont les plus menacés, les femmes étant particulièrement exposées à des violences sexistes supplémentaires dans le contexte de la répression transnationale.
Le PCC a montré que ses ambitions allaient bien au-delà : au cours de la dernière décennie, la Chine a déployé des efforts considérables pour renforcer son bras long de contrôle par des tactiques de répression transnationale. Les Tibétains vivant en exil, principalement en Inde, au Népal, en Europe et aux États-Unis, sont également confrontés à des formes de répression transnationale de la part du gouvernement chinois.
Par exemple, le réseau du « Front uni » du PCC aux États-Unis. Dans de nombreux cas, des groupes et des personnalités du front uni étaient présents lors des actes d'agression, d'intimidation et de harcèlement, et certains y ont participé activement. Le rapport fait également état d'une coordination entre les partisans du PCC qui suggère une direction et une planification. Leurs actions ont créé une atmosphère d'intimidation omniprésente qui a non seulement eu un effet dissuasif sur les manifestations pendant toute la durée du séjour de M. Xi, mais a également entravé l'exercice par les manifestants de leur droit à la liberté d'expression.
La répression transnationale menée par la Chine contre les Tibétains et les exilés tibétains est un système complexe et multifacette qui implique des mesures de contrôle internes au Tibet, ainsi que des efforts pour étouffer les voix tibétaines à l'étranger. Les Tibétains, qu'ils soient à l'intérieur ou à l'extérieur de la Chine, continuent de faire face à un environnement politique répressif, où leur droit à la liberté d'expression, à la pratique religieuse et à l'autodétermination est gravement limité. Ces pratiques répandues et intrusives de surveillance, de censure de masse par la Chine et la répression transnationale ont permis de perpétrer des violations des droits de l’homme en toute impunité au Tibet.
Depuis 2008, suite aux vastes manifestations des Tibétains réclamant la liberté et le retour du Dalaï Lama, les autorités chinoises ont renforcé leur contrôle pour s’assurer qu’un tel événement ne se reproduise plus jamais. Depuis des années, le Parti communiste chinois applique un modèle de contrôle social efficace pour réduire le Tibet au silence et encourager l’assimilation forcée rapide des Tibétains.
En conclusion, une coalition mondiale forte d’États, de sociétés civiles, d’entreprises et d’individus unis par leurs préoccupations et leurs valeurs communes en matière de droits de l’homme et de libertés individuelles, afin de contrer l’influence croissante du modèle chinois de surveillance et de censure.