RAOUL MARC JENNAR (avatar)

RAOUL MARC JENNAR

Essayiste, militant éco-socialiste, internationaliste

Abonné·e de Mediapart

273 Billets

0 Édition

Billet de blog 8 février 2012

RAOUL MARC JENNAR (avatar)

RAOUL MARC JENNAR

Essayiste, militant éco-socialiste, internationaliste

Abonné·e de Mediapart

Troisième round du "non" de gauche

Nous sommes convaincus que les peuples d’Europe ont en partage non seulement le désir de vivre en paix, mais aussi une conception commune du rôle de la puissance publique qui concilie solidarité collective et liberté individuelle. Nous tirons cette conviction du désenchantement général, voire de la colère que provoquent les orientations de l’Union européenne et qui se traduit par l’abstention et des dérives identitaires et nationalistes.En 2005, les peuples de France et des Pays-Bas ont fait le choix de dire « non » à la poursuite et à la consolidation d’un projet d’intégration européenne qui se traduit par un formidable recul démocratique, un démantèlement des politiques de solidarité (droit du travail, services publics), une dérégulation systématique en vue de soumettre l’intérêt général à la toute puissance du monde des affaires et de la finance. Au-delà des discours trompeurs formulés depuis 1957, l’Union européenne nous est apparue sous son vrai jour : une entreprise voulue par le patronat pour reconquérir, par la voie supranationale, tout ce qu’il avait dû concéder depuis des décennies et en particulier à partir 1945 au niveau de chaque Etat. Nous avons dit non à cette Europe-là et ce « non » fut massivement un « non » de gauche : 80 % des ouvriers, 67% des employés, 71% des chômeurs, 56% des électeurs PS et 60% des électeurs des Verts se sont opposés au TCE.Depuis, les analyses qui ont justifié notre « non » ont montré leur pertinence avec une acuité accrue. En particulier avec la crise qui a débuté en 2008. Nous avons eu mille fois raison de dénoncer les dérégulations, le primat du marché et de la concurrence, le statut et les missions de la Banque Centrale Européenne, l’opacité de la Commission européenne. Nos mises en garde se sont révélées dramatiquement prémonitoires pour des millions de femmes et d’hommes qui ne vivent que de leur travail.

RAOUL MARC JENNAR (avatar)

RAOUL MARC JENNAR

Essayiste, militant éco-socialiste, internationaliste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous sommes convaincus que les peuples d’Europe ont en partage non seulement le désir de vivre en paix, mais aussi une conception commune du rôle de la puissance publique qui concilie solidarité collective et liberté individuelle. Nous tirons cette conviction du désenchantement général, voire de la colère que provoquent les orientations de l’Union européenne et qui se traduit par l’abstention et des dérives identitaires et nationalistes.

En 2005, les peuples de France et des Pays-Bas ont fait le choix de dire « non » à la poursuite et à la consolidation d’un projet d’intégration européenne qui se traduit par un formidable recul démocratique, un démantèlement des politiques de solidarité (droit du travail, services publics), une dérégulation systématique en vue de soumettre l’intérêt général à la toute puissance du monde des affaires et de la finance. Au-delà des discours trompeurs formulés depuis 1957, l’Union européenne nous est apparue sous son vrai jour : une entreprise voulue par le patronat pour reconquérir, par la voie supranationale, tout ce qu’il avait dû concéder depuis des décennies et en particulier à partir 1945 au niveau de chaque Etat. Nous avons dit non à cette Europe-là et ce « non » fut massivement un « non » de gauche : 80 % des ouvriers, 67% des employés, 71% des chômeurs, 56% des électeurs PS et 60% des électeurs des Verts se sont opposés au TCE.

Depuis, les analyses qui ont justifié notre « non » ont montré leur pertinence avec une acuité accrue. En particulier avec la crise qui a débuté en 2008. Nous avons eu mille fois raison de dénoncer les dérégulations, le primat du marché et de la concurrence, le statut et les missions de la Banque Centrale Européenne, l’opacité de la Commission européenne. Nos mises en garde se sont révélées dramatiquement prémonitoires pour des millions de femmes et d’hommes qui ne vivent que de leur travail.

Cela n’a pas empêché les partisans du « oui » de persévérer et de récidiver. Le « non » de 2005 a été victime de la forfaiture de Chirac refusant de retirer la signature de la France d’un traité désavoué par le peuple français.

En 2007, les libéraux de droite et de gauche, dont la solidarité est totale au Parlement européen, ont voulu passer en force, en choisissant presque partout (sauf en Irlande), et d’abord en France, la voie parlementaire pour obtenir avec le traité de Lisbonne ce qu’il n’avait pu imposer avec le traité constitutionnel européen.

Toutefois, les modifications à la Constitution française qu’exigeait la ratification de ce traité de Lisbonne ne pouvaient être obtenues sans l’appui des parlementaires PS. Le 4 février 2008, le parti dirigé par François Hollande, malgré l’engagement pris devant les électeurs de 2007 de consulter le peuple pour tout nouveau traité européen (F. Hollande et le programme du PS: "tout nouveau traité européen passera par un référendum", avril 2007) apportait son plein appui aux partisans des dérégulations de la finance et du capital, aux obsédés du démantèlement des services publics et du droit du travail, aux défenseurs de la concurrence de tous contre tous. Son appendice écolo suivait.

2012 apparaît dès lors comme l’occasion de rappeler la justesse de nos analyses de 2005. Alors que cette Europe-là, en pleine crise, demeure prioritairement attachée à protéger les banquiers au détriment des Etats, alors qu’au nom d’une union qui n’est pas celle des peuples, mais celle des participants aux réunions de Davos, de Bilderberg, de la Trilatérale, du Siècle et autres clubs, les « maîtres du monde », comme ils s’appellent, décident de démanteler les Etats pour que règnent sans partage les firmes transnationales et les groupes financiers, il est plus nécessaire encore qu’en 2005 de réaffirmer notre « non ».

Face à la crise, en 2012, c’est le clivage de 2005 qui fait sens. Après 2005, après 2008, le choix qui est devant nous en 2012 apparaît comme une sorte de troisième round pour les partisans du « non » de gauche.

Le PS de Hollande a prouvé qu’il ne change pas. Le vote de ses parlementaires en février 2008 s’alignant sur la droite, les positions exprimées aujourd’hui par son candidat à l’élection présidentielle, tout indique qu’il n’y a rien à attendre d’un parti très majoritairement rallié à une Europe au service des banquiers et des hommes d’affaires. Même si, en son sein, un courant conteste cette orientation, tout démontre qu’il est inaudible.

Or, l’Europe est la question centrale du débat des présidentielles, puisque c’est à son niveau que l’essentiel se décide. Occulter le débat sur l’Europe à l’occasion des présidentielles, c’est tromper l’électeur. D’autant que les droites d’Allemagne, de France et d’ailleurs s’entendent pour doter la Commission européenne, la moins démocratique des institutions européennes, de pouvoirs antisociaux supplémentaires.

Nous disons donc, à celles et ceux qui ont voté « non » en 2005 parce qu’ils sont attachés à une Europe démocratique, sociale, écologique, solidaire des autres peuples du monde qu’ils doivent se retrouver, se rassembler et apporter avec le même dynamisme qu’en 2005 leur soutien à ceux qui sont restés fidèles au « non » de gauche : ceux qui, dans leur diversité, se rassemblent au sein et en faveur du Front de Gauche.

Le Front de Gauche, a été initié par le PCF, le Parti de Gauche et la Gauche unitaire. Mais il a été rejoint par la Fédération pour une alternative sociale et écologique, République et socialisme, Convergence et Alternatives du NPA, le Parti communiste des ouvriers de France, la Convention pour une alternative progressiste, et, pour le scrutin présidentiel, il est soutenu par les Alternatifs et d’autres mouvements et associations comme Alternative Démocratie Socialisme. On y retrouve les nuances de la gauche qui a dit « non » en 2005 parce qu’elle disait « oui » à une authentique union démocratique, sociale et écologique des peuples d’Europe au service de l’intérêt général.

En 2005, je fus, avec d’autres, un des porte-parole nationaux de la campagne du « non » de gauche. Avec quelques-uns des artisans locaux de notre victoire de 2005, affiliés ou non à un parti (y compris le PS et EE/les Verts), nous invitons aujourd’hui celles et ceux qui, par leur vote, ont permis cette victoire de 2005, à réaffirmer en 2012 leur choix d’une autre France dans une autre Europe.

Raoul Marc JENNAR

René de Vos (01), Gérard Blanchet (03), Bawtree Victoria (04), Cath Blot-Zweig (13), Youenn Le Flao (29) Geneviève Lafitte (34), Francis et Jackie Melou (40), Colette Ganne (42), Claude Ganne (43), Dominique Poupard (49), Philippe Leclercq (54), Thierry Rouquet (56), Sylvie Benoit (59), Serge Lesbre (63), Didier Hage (66), Max Rieux (84), Jacques Terracher (86), François Miehe (94)

(publié dans L’Humanité du 8 février 2012, p.26)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.