Delenda est Ruthena putinesca

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Billet de blog 4 avril 2016

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Panamagate: la Russie la tête dans le sable

La réaction officielle de la Russie aux révélations de l'ICIJ: une provocation de la CIA pour empêcher notre président de tirer les bénéfices symboliques de son engagement dans la lutte contre le terrorisme.

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Voilà comment le porte-parole de Poutine Dimitri Peskov réagit au Panamagate :

« Visiblement la guerre informationnelle contre notre président continue. Nous nous y attendions, nous l’avions annoncé, et les « révélations » continuent. Indiscutablement on [qui ?] a créé un produit informationnel qu’on essaie de promouvoir sur notre scène politique intérieure. Ce produit est destiné au marché intérieur.

  Bien que Poutine ne figure pas nominalement et qu’il soit question aussi d’autres pays et d’autres leaders, il est évident pour nous que le but de telles « révélations » visent avant tout et continueront à viser notre président dans le contexte des élections parlementaires de septembre, à plus long terme dans le contexte des élections présidentielles, et plus généralement, à travers lui, la stabilité politique de notre pays. Il est évident que ces violentes attaques sont dirigées contre notre pays et contre notre président.

  Mais en même temps de telles « révélations » visent aussi une consommation extérieure. Il est évident que le degré de  poutinophobie atteint un tel degré qu’il est a priori interdit de parler positivement de la Russie et de ses succès. Et quand il n’y a rien de mal à dire d’elle, il suffit d’inventer. Il n’y a qu’à prendre l’exemple de Palmyre, un succès indiscutable, mais presque absent des médias où l’on observe une tendance à faire silence sur lui. Il fallait trouver  un moyen d’interrompre une série d’informations potentiellement positives sur la Russie.

  Le but principal des auteurs de ces recherches est précisément de déstabiliser la Russie, mais leur action est peu efficace et n’est pas capable d’avoir une influence efficace.

  J’avoue que nous attendions de cette association de journalistes des conclusions de meilleure qualité. En réalité rien de bien nouveau n’a été révélé. Et ici je ne peux rien exprimer d’autre que ma déception. Pour l’essentiel, en ce qui concerne cette association, sa réputation d’enquêtes journalistiques de qualité est enterrée pour toujours.

  Nous connaissons bien, nous connaissions déjà et depuis longtemps cette association de journalistes, cette soi-disant association. Il y a là beaucoup de journalistes dont l’activité principale n’a rien à voir avec le journalisme. Beaucoup d’entre eux sont d’anciens collaborateurs du Département d’Etat, de la CIA ou d’autres services secrets. On sait qui finance cette organisation. Et cela en dit long sur sa partialité et sur les méthodes de ces gaillards.

  Il y a beaucoup de choses qui manquent dans ces enquêtes. Ils imaginent les faits, les torturent, les fabriquent eux-mêmes, font fuiter l’information et la propose à un auditoire ciblé. Ils ne se donnent pas de peine avec les détails, parce que sur Poutine en réalité ils n’ont rien de concret ni de nouveau. Tout le reste repose sur des suppositions et des spéculations. »

  Le ton agressif et accusateur laisse cependant transparaître une certaine nervosité : parmi les amis de Poutine, le fringant porte-parole est aussi épinglé par l’enquête. Son nom apparaît à côté de la compagnie Carina Global Assets Ltd., enregistrée aux Iles Vierges en 2014 au nom de la « patineuse professionnelle » Tatiana Navka, avec laquelle il s’est marié l’année dernière…

  Dans la grande tradition bolchevique des Kalinine et des Beria, les satrapes de la nouvelle Russie apprécient les jeunes ballerines et les jolies sportives. Certains comme Peskov les épousent et en font les femmes de paille de leurs affaires douteuses, d’autres se contentent, comme son boss, de leur offrir des appartements payés sur les fonds planqués au Panama…

   Mais qu’on se rassure, le peuple russe ne sera pas inquiété par ces horribles calomnies, Peskov ne fait ici que donner le la aux journalistes à la botte du pouvoir et la plupart des grands medias publics n’ont pas encore soufflé mot de l’affaire.

  Ceux qui l’on fait se sont pour la plupart contenté de relater les déboires de Messi, de Platini ou du détesté président ukrainien Porochenko. Les rares qui on fait allusion à l’implication de l’entourage du président Poutine ont repris la leçon officielle : c’est une provocation américaine. Platini, Cameron, les présidents argentins, le roi du Maroc ou d’Arabie Saoudite apprécieront d’avoir été sacrifiés au désir de la CIA de salir la réputation de Poutine : pour avoir l’air objectif, il fallait bien mouiller quelques-uns des siens… Dans le mélange de paranoïa, de mégalomanie et d’habitude des coups fourrés qui caractérise la représentation du monde des élites russes, cela est tout à fait crédible.

  Et il ne manquera pas ici-même de lecteurs de Pepe Escobar pour voir dans le Panamagate une énième tentative du Grand Satan pour fomenter des révolutions orange partout dans le monde, et jusqu’en Islande !

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