Le président russe Vladimir Poutine a signé aujourd’hui 27 mai un décret faisant un secret d’Etat de toute information portant sur le décès de militaires pendant une « opération spéciale conduite en temps de paix ». Auparavant le secret ne portait que sur les pertes en temps de guerre. Quant à la formulation « opération spéciale », elle est nouvelle dans le droit russe et personne ne sait encore ce qu’elle peut désigner exactement.
Les familles des victimes et les journalistes n’auront plus accès à ces informations. Leur divulgation par une personne privée ou un moyen d’information pourra donner lieu à des poursuites pour « trahison ».
Le brouillard autour des « opérations spéciales conduites en temps de paix » par l’armée russe sur le territoire ukrainien va encore s’épaissir.
Rendre toujours plus compliquée l’information est donc la seule réponse que le pouvoir russe a trouvée à l’arrestation il y a dix jours au Donbass de deux officiers des services de renseignements de l’armée.
Selon le rapport de Boris Nemtsov « Poutine et la guerre », au moins 150 soldats russes auraient été tués en août 2014 au Donbass, dont 70 dans la seule poche de Debaltsovo.
Selon la version officielle russe, ils étaient soit en retraite de l’armée, soit passaient des vacances privées en Ukraine…
Les défenseurs des Droits de l’Homme russes s’inquiètent aussi de ce que ce décret permettra de passer sous silence plus facilement les toujours nombreux décès d’appelés lors des terribles « dedovchiny » (bizutages) qui accompagnent par tradition les premiers mois du service militaire obligatoire. Les associations de mères de soldats peuvent donc aussi se faire du souci…