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Billet de blog 29 décembre 2014

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L'opposant russe Navalny condamné dans la précipitation

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L’opposant russe Alexeï Navalny connaitra demain son verdict et non pas le 15 janvier comme prévu. Un procureur du tribunal de Moscou avait requis contre lui 10 ans de prison, et 8 pour son frère, le 19 décembre dernier dans une affaire d’escroquerie que tous reconnaissent fabriquée et politique. J’avais traduit à cette occasion les dernières paroles qu’il avait eu le droit de prononcer à la suite de ce réquisitoire. Il avait déjà été condamné à 5 ans de prison dans une affaire semblable il y a un an et demi, mais il avait été miraculeusement amnistié avant les élections municipales de Moscou qui sans sa participation auraient beaucoup trop ressemblé à une bouffonnerie. Après les jeux olympiques et l’annexion de la Crimée, une opposition décente est un luxe que le pouvoir n’a plus besoin de se payer et un nouveau procès sur mesure lui a été intenté. Malheureusement les 10 ans de prison sont apparus excessifs et scandaleux même à une opposition déboussolée, démoralisée et divisée. Le scandale risquant de la remobiliser et ressouder, des manifestations se préparant pour le 15 janvier, le pouvoir a décidé de lui couper l’herbe sous le pied en avançant au 30 décembre la séance où sera prononcé le verdict, espérant par là profiter de l’apathie de la population en cette période de fêtes qui en Russie dure jusqu’au 10 janvier. On s’étonne qu’un pouvoir qui jouit d’une popularité de 85% depuis les événements d’Ukraine et que les récentes mais très graves difficultés économiques que connaît la Russie n’a pas entamée, s’en prenne de manière aussi précipitée, comme s’il cédait à la panique au lieu de jouir de ce que les démocraties nomment « trêve des confiseurs », à un opposant déjà réduit au silence depuis longtemps par son assignation à résidence et la mise au pas de presque tous les media. La réponse est peut-être à chercher dans une autre information du même jour : le prix minimum de la bouteille de vodka a été officiellement baissé de 10%, alors que l’inflation officielle vient juste de dépasser ces mêmes 10%. C’est la première fois, depuis 1983, que le prix de la vodka baisse en Russie. Etait alors au pouvoir le tchékiste Andropov, modèle du très jeune alors espion Vladimir Vladimirovitch Poutine. Le durcissement du régime et l’alcoolisation de la population ne lui ont pas porté chance, ni au régime : la perestroika commençait à peine deux plus tard. Alexeï Navalny peut donc espérer que le régime actuel s’écroulera bien avant qu’il ait fini de purger la peine qu’on risque de prononcer demain contre lui…

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