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Billet de blog 1 mars 2022

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Contre la peur et pour les libertés #FreeFariba

1000 jours depuis l'incarcération de Fariba Adelkhak en Iran. 1000 jours de trop. *Nous n'avons pas célébré ce funeste anniversaire, mais nous avons tenu à nous réunir devant la banderole réclamant sa libération. C'était ce matin devant la Mairie de Paris Centre.

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Illustration 1
Banderole demandant la libération de Fariba Adelkhah, Mairie de Paris Centre © RRL

Bonjour à toutes et tous,

Chèr.e.s collègues ou ancien.ne.s collègues, cher.e.s ami.e.s,

J’aurais aimé vous dire ma joie et mon honneur de vous accueillir à Paris Centre aujourd’hui, au nom du maire Ariel Weil et de l’ensemble de l’équipe municipale. La joie viendra plus tard, quand nous nous retrouverons ici pour décrocher cette banderole, ce qui signifiera que nous aurons arrêté de compter les jours, que Fariba sera libre et je l’espère avec nous.

Il reste donc l’honneur, celui de notre unité et de notre engagement pour obtenir la libération de Fariba Adelkhah. Merci à toutes et tous pour votre présence à vous, membres du comité de soutien, de la communiqué académique, proches, citoyennes et citoyens qui ont compris l’importance de se mobiliser sans relâche pour obtenir la libération rapide et inconditionnelle de Fariba Adelkhah.

Nous partageons depuis plus de 3 ans les rassemblements, les analyses, les explications, les inquiétudes. L’emprisonnement de Fariba Adelkhah est tout à la fois une atteinte à sa personne, une stratégie cynique et cruelle de la part de l’état iranien, une attaque contre les libertés.

« Son combat pour la liberté est le nôtre. » Car il ne s’agit pas uniquement de la liberté de Fariba, mais bien de son combat pour toutes les libertés.

Cette 1000ème journée d’emprisonnement s’inscrit dans une autre actualité internationale, qui rappelle l’importance du respect des droits fondamentaux, de la dignité humaine, mais aussi des libertés académiques, de la libre circulation des savoirs, de la nécessaire préservation de l’esprit critique.

Pour conclure je vous proposerai donc non pas un pas de côté, mais un retour en arrière. Car les engagements de Fariba sont constants. Il y a 13 ans maintenant elle écrivait une lettre ouverte au ¨Président de la République concernant le procès de Clothilde Reiss.

Ses mots font aujourd’hui douloureusement écho à sa propre situation, mais il nous revient de faire résonner la parole de Fariba Adelkhah.

Monsieur le Président,

Je vous écris pour vous dire que, malgré l’opinion générale du moment, le chercheur n’est pas un agent des services de renseignements, pas plus qu’un James Bond ou un trafiquant. Le résultat de ses travaux diffère de celui des services secrets, et il travaille à visage découvert. Il met le résultat de ses recherches à la disposition de tous. Certes, la recherche est un couteau à double tranchant : elle peut être utilisée pour éliminer les rivaux ou au contraire pour créer une plate-forme d’échanges entre les peuples. Mais on n’a pas mis un terme à la recherche nucléaire à cause d’Hiroshima ni à la recherche historique à cause de la colonisation.

Monsieur le Président,
Le procès de Clotilde Reiss, les accusations de trahison et de participation à la « révolution de velours » [nom donné par le régime à la contestation postélectorale] portées contre elles sont à l’image de la balle qui a atteint le cœur de Neda [jeune femme tuée pendant les manifestations, devenue icône des protestataires]. Il constitue une attaque contre la quiétude et la sérénité, la confiance, le respect, il crée un climat de répression et de violence qui oppose un barrage fatal au débat et à la recherche scientifique. C’est pour cela que j’ai décidé d’écrire cette lettre de douleur (ou de peur). Hors d’un tribunal, hors de la prison, j’avoue de moi-même devant le peuple, devant les responsables de la sécurité du pays. Je n’ose plus téléphoner en Iran, pour que ma voix ne porte pas malheur à mes amis et ma famille. En outre, je sais que je n’ai pas de soutien efficace, que nul ne pourrait payer ma caution, que je n’ai d’héritage de mon père que l’honneur de l’indépendance de la terre de mes ancêtres. Aussi, je mets un terme à mes activités de recherche sur l’Iran et je laisse la place à de plus jeunes et de plus courageux, qui sans doute mieux que moi parviendront à défendre la liberté académique. Inch’Allah !

Fariba Adelkhah.

(en gras, les extraits de la lettre lus durant l'allocation du 1er mars 2022)

Sources et références

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