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Billet de blog 13 mai 2023

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Écologistes donc antifascistes

De violences en impostures les nationalistes tentent de s'imposer, y compris en instrumentalisant les questions écologiques. Au-delà de la dénonciation de ces mensonges, l'écologie politique doit remettre l'antifascisme au cœur de ses valeurs, de ses stratégies et de ses pratiques.

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Ecologistes donc antifascistes

Le défilé néofasciste, tenu dans les rues de la capitale le 6 mai dernier, marque une étape supplémentaire dans la banalisation de l’extrême-droite. Désormais les éléments les plus radicaux peuvent marcher au pas et masqués dans Paris, en arborant des symboles parmi les plus choquants. Ce rendez-vous a prouvé une nouvelle fois l’alliance des organisations néonazies avec les proches de Marine Le Pen et du Rassemblement National (RN). Quelques jours plus tard, les exactions de l’extrême droite entraînaient la démission du maire de Saint-Brevin-Les-Pins. Ce week-end, l’extrême droite prévoyait de se réunir à nouveau autour du rassemblement annuel de l’Action Française. 

Il y a quelques décennies encore, l’arc républicain demandait la dissolution du Front National. L’extrême droite était alors considérée comme un danger intrinsèque pour la démocratie et l’Etat de droit. Au fil du temps, l’extrême droite a imposé ses thèmes, grand remplacement et ensauvagement, dans le débat public. Le cordon sanitaire a été rompu et le front républicain abandonné. L’an passé, les soutiens d’Emmanuel Macron permettaient au RN d’obtenir deux vice-présidences de l’Assemblée nationale. Quand le gouvernement répond à l’extrême-droite, c’est par la surenchère autoritaire et anti-immigration.

Chacune de ces compromissions permet à l’extrême-droite de renforcer ses moyens et ses réseaux, y compris internationaux. Chaque fois, le risque de la bascule du pays et de l’Europe s’accroît.

Opportuniste, l’extrême droite revendique des positions prétendument écologistes. Elle s’appuie sur une pensée construite en son sein depuis des décennies : exalter les vertus de l’enracinement national et de l’attachement à la terre, dénoncer l’impuissance et la corruption des régimes démocratiques. Ces dernières années, elle a aussi cherché à s’accaparer tant des concepts promus par l’Eglise catholique, comme l’écologie intégrale, que des combats d’actualité - avec le féminisme intégral - ou même à mettre en valeur sa supposée défense des droits des animaux. 

En réalité, chacun de ses discours reprend ses thèmes xénophobes et ethnicistes. Le risque existe alors pour les mouvements et militant·e·s écologistes de contribuer à cette banalisation. Piège ou complicité ? Récemment, Hugo Clément s’en est fait le parfait exemple, arguant que le débat avec le RN sur l’écologie permettait de faire progresser le combat environnemental.

L’extrême droite demeure l’expression politique de la violence. Cette violence, en plus d’être à l’antithèse de la protection du vivant, empêche le processus démocratique. Or c’est de démocratie dont nous avons besoin pour que nos sociétés trouvent une voie face aux crises et bouleversements climatiques. De la même manière, l’écologie ne peut être enfermée dans des frontières, nous devons proposer une solidarité internationaliste pour permettre à l’humanité toute entière de protéger et d’adapter les modes de vie.

L’écologie politique ne peut donc être que l’ennemie de l’extrême droite. Celle-ci fait d’ailleurs des militant·e·s écologistes l’une de ses cibles. Marine Tondelier en fait  largement les frais à Hénin-Beaumont, de même que les jeunes engagé·e·s dans le mouvement social, les personnes racisées s’exprimant dans la sphère publique ou encore les personnes LGBTQI défilant pour leurs droits. L’extrême droite est un danger, notamment physique, contre toute personne qui incarne autre chose que son projet mortifère. Ce rappel est un devoir que nous avons vis-à-vis de la mémoire de toutes les victimes de l’extrême droite.

L’antifascisme doit retrouver sa place au cœur des pensées et des actions écologistes. Nous devons bien sûr lutter contre les progrès électoraux de l’extrême droite. Nous devons aussi riposter partout où ses implantations menacent. Nous réclamons également une action concrète de l’Etat via la dissolution des groupuscules, l’interdiction des symboles néonazis ou néofascistes et la protection des personnes. 

Notre République, comme l’Union Européenne, doivent se rappeler que c’est en opposition frontale à l’extrême droite que leur projet s’est bâti à la suite de la Seconde Guerre mondiale.

Matthieu Porte & Raphaëlle Rémy-Leleu

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