Nous sommes en guerre
Raphaëlle Rémy-Leleu
Eléments du discours prononcé le 17 juin 2022 lors du meeting de second tour de Christine Arrighi, candidate NUPES à l’élection législative pour la 9ème circonscription de Haute-Garonne. Merci aux toulousaines et aux toulousains pour leur accueil, on se retrouver très vite ! Et d'abord avec Christine à Paris ;)
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“T’as jamais vu une femme qui se bat ?”
Pourtant, on en connaît beaucoup nous, des femmes qui se battent. L’un des avantages de notre union, c’est que je peux vous citer plein de pionnières, d’Olympes de Gouges à Françoise d’Eaubonne en passant par Rosa Luxembourg et même Louise Michel. Louise Michel qui elle était une vraie anarchiste, contrairement à Olivier Faure d’après ce qu’en raconte la macronie depuis dimanche dernier…
Mais pourquoi tant de guerrières ? Pourquoi les femmes auraient-elles à se battre ?
En guise de début de réponse, j’ai envie de vous citer une autrice, Rachel Carson, qui en 1962 déjà, dans un ouvrage intitulé le Printemps silencieux nous prévenait. Elle alertait sur l’effondrement de la biodiversité, sur le dérèglement climatique et déclarait :
“La guerre que les hommes mènent contre la nature est une guerre qu’ils mènent contre eux-mêmes.”
Une guerre menée contre eux-mêmes, à grands coups de pesticides, de pollutions industrielles et radioactives... C’est de la folie furieuse. Comment est-il possible d’en être toujours là 60 ans plus tard ?
Pour pouvoir mener aussi longtemps une guerre contre eux-mêmes les hommes ont été plongés dans une terrible rupture d’empathie, dans un système vicieux qui leur a permis de ne pas réaliser que cette guerre, ils en seraient aussi les victimes. Pour exploiter la nature, les hommes ont exploité les femmes. Et pour exploiter les femmes, ils ont exploité la nature. En faisant porter aux femmes les premières à la fois la charge (le soin, familial et social de la préservation dans une économie domestique non rémunérée) et le coût de l’exploitation de la nature (75 à 80% des réfugiées aujourd’hui dans le monde sont des femmes avec enfants, qui seront prioritairement touchées par les exils climatiques). C’est donc un système de prédation qui a été instauré pour permettre cette guerre contre la nature et les femmes. Et comme toute prédation, qu’elle soit libérale, sexiste ou raciste, cette prédation est destructrice. En confisquant le pouvoir et en exerçant la violence pour le préserver, ce système détruit notre environnement, mais aussi nos droits, et finalement nos vies.
Ce que je viens de vous dire ce soir est dur, j’en ai conscience. Personne n’a envie d’être en guerre. C’est un constat très difficile à admettre, ce déni explique d’ailleurs en partie pourquoi nous en sommes toujours là.
J’aimerais néanmoins vous convaincre qu’il s’agit bien d’une guerre, selon trois caractéristiques :
- La guerre est si cruelle qu’elle en est absurde : la guerre est un summum d’absurdité dans le fonctionnement de nos sociétés humaines. Un peu comme une société qui continuerait les grands projets inutiles et imposés, ou qui bâtirait des grandes bassines pour stocker l’eau, en artificialisant les sols, tout ça pour lutter contre l’absence de retenue d’eau par des usages inadaptés au bénéfice de l’agriculture intensive ou encore par l’absence de retenue naturelle du fait de… L’artificialisation des sols.
- Cette guerre, comme toute guerre, commet des exactions et des dégâts massifs pour une majeure partie de la population. Si vous ne deviez retenir qu’une seule chose ce soir, pour comprendre et réaliser l’horreur de cette guerre : il y a en France trois viols par heure.
Trois viols par heure. Voilà la réalité dans laquelle nous vivons. Nous survivons. - Enfin, comme toute guerre, la mécanique du conflit est telle qu’il n’y a pas besoin d’agir pour devenir un belligérant. Les inactions peuvent être coupables.
Et alors là… Nous venons de subir un quinquennat qui n’en a pas loupé une. Les gouvernements Macron ont été de toutes les trahisons, celle de la Convention Citoyenne pour le Climat et depuis une semaine la trahison même du front républicain. Quant à l’inaction, elle a été poussée à son paroxysme puisque même les institutions françaises ont fini par condamner l’Etat.
D’abord pour inaction climatique. L’Etat a été condamné en 2021 pour préjudice écologique par le Tribunal administratif de Paris. Cela fait suite à une formidable mobilisation militante, alliant une campagne grand public et une stratégie juridique finement menée. C’est aussi la preuve que même les institutions de la 5ème république, qui ne sont pas les plus progressistes, ont conscience du hiatus entre les discours et les actes. Plus encore, en condamnant l’Etat à rectifier sa trajectoire et réparer les préjudices écologiques infligés, le Tribunal administratif de Paris a fait la démonstration qu’une nouvelle fois les sciences comme le droit étaient de notre côté. L’inaction est irresponsable, intenable.
Mais là culpabilité ne s’arrête pas là. Mais l’Etat a également été condamné pour faute grave, c’est moins connu. Sa faute grave, c’est son incapacité à protéger les femmes. Dans le cas du féminicide de Grande-Synthe, la famille de la victime et de ses parents, tous les trois exécuté·e·s en place publique, s’est retournée contre l’Etat. La justice leur a donné raison en identifiant les nombreuses failles qui ont rendu inopérante la protection à laquelle cette femme avait pourtant droit. Sa sécurité n’a pas été prise au sérieux. A force de détruire les services publics de la sécurité et de la justice, l’Etat se rend incapable de protéger les femmes, de leur permettre très simplement de rester en vie.
Voilà les dangers de l’inaction, de l’absence de volonté.
Alors bien sûr, en effet, une féministe qui vient vous raconter que c’est la guerre, ça casse l’ambiance en soirée. Mais la bonne nouvelle, c’est que notre volonté à nous est immense.
Face à ces destructions systématiques, la Nouvelle Union Populaire Ecologiste et Sociale propose des solutions, un programme qui réconcilie nos héritages, nos mobilisations communes, le futur que nous bâtissons ensemble et qui devra être écoféministe.
Car la planification écologique c’est sortir de l’écologie des petits pas, du greenwashing libéral qui fait toujours payer aux premières de cordée le prix de leur hypocrisie.
La retraite à 60 ans est indispensable pour la dignité humaine et est réalisable grâce à l’égalité salariale et l’augmentation des cotisations perçues qui en découlera. Enfin, l’égalité salariale, tant promise ! Enfin une nouvelle ambition pour notre protection sociale !
Le SMIC à 1500 euros, l’ouverture des négociations salariales dans toutes les branches et d’abord dans le service public c’est payer enfin correctement les soignants, en réalité une majorité de soignantes, les enseignants, en réalité une majorité d’enseignantes, les accompagnants des enfants en situation de handicap, en réalité une majorité d’accompagnantes. Redonner de la force à nos services publics c’est donc aussi lutter contre la pauvreté des femmes !
Mes mesures préférées : abolir ParcourSup et l’allocation d’autonomie pour la jeunesse. Car comment peut-on imaginer construire un monde d’égalité si chacun et chacune ne peut pas choisir ses outils, sa voie d’émancipation ?
Alors oui, pour porter ce programme, malgré tous les obstacles, les clichés, le sexisme et les violences sexistes et sexuelles, nous sommes là, en politique, des femmes qui nous battons. Au 1er rang d’entre nous on trouve Myriam Martin et Christine Arrighi.
Et ça… Oh, ça, ça leur fait peur.
On le voit bien depuis une semaine. Mais souvenez vous, avant même le premier tour, on les entendait hurler que notre union, dont je viens de démontrer la cohérence, n’était là que pour nous permettre d’accéder au pouvoir. Ils et elles veulent le pouvoir.
Mais oui ! On veut mettre des femmes au pouvoir, notamment des députées exigeantes qui poseront sans relâche la même question, à chaque occasion : Monsieur le Président de la République, pourquoi mettez-vous à la tête de l’Etat des hommes accusés de violences sexistes et sexuelles ?
La question de Laura, c’est la nôtre, ce sera incessamment la tienne en tant que députée chère Christine ! Parce que nous ne tolérerons jamais le choix de la prédation, la préférence aux agresseurs !
Nous avons besoin de prendre le pouvoir, toutes et tous ensemble pour leur retirer. Enlevons le pouvoir à ces dangers publics et politiques qui par leurs actions comme leurs inactions mènent la guerre. Une guerre contre la nature et les femmes, mais aussi contre les pauvres, les jeunes, les personnes racisées, celles et ceux qui refusent la prédation et la rente.
En nous engageant ainsi, nous devenons des militant·e·s de la paix.
Une paix que nous voulons réaliser par la voie la plus démocratique qui soit : le vote.
Alors qu’ils sont tétanisés par la démocratie, mesurons notre rôle historique et soyons-en fier·e·s. Il y a moins d’un siècle les femmes n’avaient pas le droit de vote… Nous, il nous reste un peu plus de vingt-quatre heures pour faire campagne, donner de la voix, des voix nombreuses dimanche, qui formeront un cortège joyeux et bruyant. Car c’est ainsi que nous porterons des député·e·s NUPES à l’Assemblée. Nous avons encore quelques jours pour te faire élire chère Christine, et ensuite 5 ans pour accompagner votre mandat, en campagne, en réunion, au sein des partis, des syndicats, des ONG, des mouvements sociaux, dans la rue ! Car c’est tout un monde que nous avons à changer, voire à sauver un peu.
Dimanche, on vote !