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Billet de blog 19 mars 2025

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Croire en la République

Un billet de sentiments et d'impressions suite à l'évacuation brutale de la Gaîté lyrique hier. Les jeunes ont été brutalisés et renvoyés à la rue. Pendant ce temps là Anne Hidalgo racontait que « à ce stade c'est ce qu'il fallait faire ». On ne doit pas parler de la même chose.

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Ce matin-là, il était difficile de croire en la République.
Mais je crois que nous étions parmi les premiers et les premières à le faire, malgré elle, alors que l’aube se levait. C’était hier. C’était avant tout un refus de la brutalité et du racisme. De ces refus qui tiennent debout, solides sur nos appuis, malgré le froid, les cris et les coups. Malgré la cruauté et l’absurdité du « dispositif », qu’il s’agisse du dispositif policier ou de l’idée même que ces jeunes pourront encore être accompagnés.
De ces moments où l’impuissance est ce qu’il y a de plus dégueulasse. Vraiment, c’est sale. On la sent ruisseler sur nous, s’infiltrer partout.
Alors qu’on assiste à une démonstration de force. Et quelle force. Tout a été moche. Alors on trace une ligne imaginaire entre « leur côté » et ce qu’on essaye de faire advenir comme étant « le nôtre ». D’abord celui des jeunes eux-mêmes qui ont été d’un courage tel qu’on ne pouvait pas être lâches. Quand on est présent, s’entend. Celui-là qui était en pleurs et maudissait le monde entier. Comment lui en vouloir ? Comment lui donner tort ? Nos présences n’y suffiront jamais. Il y avait les soutiens, les personnes dont on voyait qu’elles n’avaient pas dormi de la nuit. Ou était-ce deux nuits ? Il y a la vieille dame qui est venue m’engueuler parce que c’est honteux ce que fait et surtout ce que ne fait pas la Ville. Il y a la jeune femme qui s’est effondrée en sanglots. Je me suis précipitée, inquiète, elle m’a expliqué que c’était « juste triste ». Il y a les assos et les orgas qui avaient fait passer le mot et étaient là à 5h00. Ou plus tôt, ou plus tard. Il y a celles et ceux qui ont couru pour assurer notre protection, à qui on ne dira jamais assez merci parce que par définition elles et ils ne recherchent pas la reconnaissance.
Il y a les gens du quartier, d’abord attirés parce que « ce n’est pas normal ce qui se passe » et qui finalement se sont retrouvés à apporter de l’eau, proposer une boisson chaude ou un instant de répit, à l’abri.
Et puis il y avait les élu.e.s. Dans ce moment d’une poésie ridicule où on s’interpose entre la matraque levée et les être humains contre qui elle est tendue. Avant de discuter, comme si de rien n’était ou plutôt comme si tout était en jeu, avec la police pour négocier les sorties, rappeler que la nasse est illégale mais bon si déjà on peut en sortir 4 par 4… Ou encore faire des cordons autour des blessés pour permettre aux pompiers d’intervenir. Entre premiers secours, gestion de foule et circulation des badauds.
C’était immonde. Je vous renvoie aux lectures d’actualités. Mais le pire dans tout ça, c’était de constater les absences. A toutes celles et ceux qui proclament, qui chantent même parfois… La République universelle.

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