Michel Onfray, dans une vidéo intitulée "Les loups sont entrés dans Paris" et publiée sur son site, expose en moins de 20 minutes les mécanismes qui ont conduit à l’élection d’Emmanuel Macron à l’Elysée.
Il faut voir cette vidéo et écouter Michel Onfray. L’exposé est brillant, synthétique et effrayant.
L’effroi vient du constat qu’une telle mécanique de manipulation des Français ait pu fonctionner si parfaitement alors qu’elle avait été abondement dénoncée et notamment, mais entre autre, sur ce blog. Il semble que la raison a fui ce pays. Il semble que les Français ne sont plus capitaines de leur faculté. Dans ce pays, on ne pense plus, on ne réfléchit plus, on ne discute plus mais on gobe toutes les allégations pourvues qu’elles soient diffusées par les Mass médias. Les Français ne s’étonnent pas que tous les médias se jettent sur quelqu’un et transforment en diamants scintillants, les ordures extraites des poubelles. Les Français ne s'étonnent pas qu'un homme, parfaitement inconnu il y a 4 ans encore, puisse faire la une de la presse people, réunir des fonds pour sa campagne, obtenir facilement 500 signatures pour se présenter à l'élection présidentielle et être élu en étant le fils spirituel du plus impopulaireprésident de la Vème République. Les Français se laissent envahir par les injonctions, les discours, les ordres et ils vont là où on leur dit d’aller.
Ce qui est effrayant, c’est la réaction de celles et de ceux à qui vous essayez d’exposer la réalité. Pas toute la réalité, ce serait trop violent, mais un coin de réalité, juste de quoi réveiller l’esprit critique, juste de quoi allumer un feu pour réchauffer ce cerveau engourdi par le grand froid d’un hiver sans fin. La réaction est violente : on est accusé de "complotisme", de ne voir que le mauvais côté des choses, de promouvoir une vision anxiogène et mortifère du monde et enfin, cerise sur le gâteau, on vous accuse d’être fasciste car, si vous ne suivez pas les mots d’ordre du système, c’est que vous êtes de connivence avec ceux que le système dénonce et avec le pire d’entre eux, Marine Le Pen.
Ces réactions violentes mettent un terme à toute possibilité d’échange. La mécanique de dévalorisation de ceux qui refusent d’être un mouton dans le troupeau est impitoyable. Quoi de plus pire que d’être accusé de fasciste si ce n’est être accusé par des gens qui utilisent les méthodes qu’ils entendent dénoncer ? Au cours de cette campagne, j’ai entendu des gens me dire que la présomption d’innocence n’avait aucune importance, aucune valeur et qu’elle devait être ignorée dans le cas de M. Fillon ; j’ai entendu des gens me dire que si j’étais contre M. Macron alors j’étais avec Mme Le Pen ; j’ai entendu des gens me demander d’arrêter de prendre position et de me taire. Jeter aux orties la présomption d’innocence, culpabiliser ceux qui sont contre le candidat favori du système, exiger le silence de ceux qui protestent, tous ces comportements sont des comportements fascisants et brutaux. Rien n’est plus effrayant que de se voir accuser de totalitarisme par ceux la même qui en emploient les méthodes et en épousent les travers. Arriver à ce stade d’inversion accusatoire laisse pantois quant à l’état de santé mental et intellectuel de notre société.
Il y a dans ce pays une urgence à réveiller les consciences et à libérer l’esprit critique. Comment en est-on arrivé la ? La réponse à cette question est d’une urgence absolue car cette réponse doit nous permettre de comprendre les maux qui détruisent notre société en transformant les citoyens en des êtres amorphes et soumis aux discours des médias.
Il est vrai, pour un citoyen, il est bien difficile d’évoquer les malheurs du monde ou les dangers d’une politique au service de la finance dans une société où les individus sont quotidiennement abreuvés d’une philosophie de la résilience, d’une pensée « Kaizen », d’injonctions à être joyeux « Ce n'est pas contradictoire de parler d'une urgence de ralentir. Bon ce n'est pas comme s'il fallait se mettre à paniquer pour ralentir d'un seul coup. C'est juste qu'il est temps de s'y mettre. Si vous prenez toutes ces expressions comme "ralentir", "simplicité", "faire plus avec moins" - en fait les gens réagissent à tout cela en se disant "houlà, je ne vais plus pouvoir manger de glace à la fraise". Ils se sentent mal. Mais en fait ce qu'ils ne comprennent pas c'est que la simplicité volontaire mène à un style de vie tout à fait joyeux. (…) » (Matthieu Ricard), de compassion pour soi même en érigeant sa souffrance comme un viatique à mettre à toutes les sauces (voir Monique de Kermadecet ses replis incessants sur la souffrance des surdoués). Les Français sont en permanence baignés par des doctrines de l’apathie, du culte narcissique, du bien être individuel, du renoncement à regarder ce qui va mal et de l’infantilisation.
Il ne faut pas s’étonner que M. Macron déclare qu’ « il faut penser printemps ! ». Nous sommes entrés dans l’ère de la crétinerie et du repli sur soi, sur son moi. Difficile dans ces conditions de penser la politique internationale, les modèles économiques, les dangers qui nous guettent et le sort des autres, peut-être pas surdoués mais tout autant en souffrance. Le système nous entretient dans un état infantile, d'isolement et nous interdit toutes réflexions critiques sur le monde et le rôle des médias. Des citoyens qui ne possèdent plus les outils et la liberté de penser ne peuvent plus faire vivre une démocratie et cette dernière devient un simulacre, un corps desséché qui nous cache la prise de pouvoir par ceux qui sont aux commandes du monde : les financiers et les banquiers notamment. Je doute que ces derniers « pensent printemps » en nous regardant.