RegisDesmarais (avatar)

RegisDesmarais

Observateur du monde

Abonné·e de Mediapart

92 Billets

0 Édition

Billet de blog 26 avril 2017

RegisDesmarais (avatar)

RegisDesmarais

Observateur du monde

Abonné·e de Mediapart

Croire en ses idées et en la démocratie pour retrouver la sérénité

L'entre deux tours de l'élection présidentielle s'annonce agité et tendu. Des pressions sont faites pour que les électeurs votent dans un sens et pas dans un autre. Une peur du lendemain commence à se répandre. Cette peur, sans être infondée, peut être surpassée en restant fidèle à ses idées et confiant envers les institutions. Les élections législatives auront une importance capitale en juin.

RegisDesmarais (avatar)

RegisDesmarais

Observateur du monde

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le second tour de l’élection présidentielle se présente mal. Beaucoup d’électeurs se réveillent en constatant que les deux finalistes ne correspondent pas à leur vision de la société et de l’avenir.

Le réveil est d’autant plus brutal que cette élection, jusqu’au 1er tour, s’est transformée en un concours de beauté morale. Tous les débats ont été axés sur les turpitudes du candidat de la droite et non sur l’analyse des programmes des candidats et des supports idéologiques à partir desquels ces programmes avaient été construits. Au final, la France se trouve avec deux finalistes d'un concours de beauté morale inattendu mais surement pas avec deux finalistes d’une élection présidentielle.

Le réveil est  dur et le front républicain est appelé en renfort et même au secours mais l’appel ne trouve pas le même écho qu’en 2002. C’est donc avec stupeur que certains constatent que le monde a changé depuis 2002. Cette stupeur semble se transformer en effroi et les tensions montent. Les militants de « En Marche ! » éprouvent de l’appréhension pour aller tracter, des manifestations anti-Macronsont annoncées, des manifestations anti Le Penont lieu, les commentaires sur les réseaux sociaux deviennent durs et intransigeants. Des débordements en tout genresont à craindre. En un mot, le chaos redouté et annoncé commence à prendre forme.

Il est donc urgent que les citoyens retrouvent de l’apaisement et se réconcilient avec la raison. Il n’est pas nécessaire de faire des invocations vaudous ou de se faire des injections de résilience ou de lecture de moine bouddhiste et neurobiologiste. Il suffit de se rappeler les fondamentaux de notre système politique pour retrouver de la sérénité et ne pas oublier que notre pays, deux fois millénaires, sortira grandi de ces épreuves car ces épreuves, je le pense, auront rapproché les Français après les avoir opposé.

Retour sur les fondamentaux

La démocratie suppose d’accepter le résultat sorti des urnes :

On ne peut pas se déclarer démocrate et même opposant au fascisme si on n’accepte pas de voir ses opinions mises en minorité par le vote démocratique. C’est le principe de base : dès lors que des candidats sont admis à participer au processus démocratique, personne ne peut être légitime à contester à ces candidats le résultat de leur élection. Aujourd’hui, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont les finalistes de cette élection. Ils doivent être respectés ainsi que leurs électeurs. C’est même le point d’honneur du démocrate : accepter les résultats et les personnes qui lui déplaisent avec fairplay. Nicolas Sarkozyvient de déclarer «Je regrette profondément ce résultat mais le choix des Français est souverain et doit être accepté comme tel»

La démocratie pour fonctionner suppose que des idées politiques soient énoncées et qu’elles soient partagées de façon sincère :

Il est cohérent pour un chef de parti et pour des électeurs qui ont soutenu, défendu voire rédigé un programme politique, lequel repose sur une conception et des paradigmes propres à un ou des courants idéologiques, de ne pas se reconnaître dans le programme politique d’un adversaire. Comment dire la veille que le programme de M. Macron est une horreur puis dire le lendemain que ce programme est merveilleux sans dévaloriser la parole et la pensée politique et sans donner l’impression aux citoyens que toute cela est une comédie et que tout le monde est bonnet blanc et blanc bonnet ? Comment croire au discours politique si ce qui était valorisé la veille est renié le jour suivant avec facilité ?

Trop souvent, les citoyens se sont éloignés de la politique après avoir observé à quel point les idées pouvaient du jour au lendemain être reniées et invalidées.  Cette attitude est la pelle du fossoyeur qui enterre la démocratie. Il faut désormais revenir à la sincérité et à la cohérence des discours. Sur ce point, la position de Jean-Luc Mélenchon et de ses militants est exemplaire. Je le dis avec d’autant plus de force que je ne partage pas toutes les positions de la France Insoumise.

Notre démocratie permet de s’exprimer sans renier ses idées et ses principes fondamentaux :

Le vote ne consiste pas seulement à voter pour ou contre quelqu’un. Il est possible de voter blanc ou pire de faire un vote nul ou de s’abstenir. Il est évident que si un président est élu avec un pourcentage de vote blanc ou nul élevé et/ou une abstention élevée, alors sa légitimité sera réduite et sa capacité à prendre des mesures fortes sera limitée. Le recours par exemple au fameux article 16 de la Constitution que certains redoutent et qui permet au président d’être « dictateur » pendant 30 jours, est quasi impossible avec une élection par défaut. Les électeurs peuvent donc s’exprimer sans être obligé de prendre parti pour l’un ou l’autre des candidats du second tour.

Notre démocratie dispose de solides garde-fous :

La Constitution de 1958 est claire. Son titre III dit bien où se trouvent le vrai pouvoir et le cœur fonctionnel de l’exécutif : c’est le Gouvernement. En cohabitation, les pouvoirs du président élu sont terriblement réduits et ce président a toutes les apparences d’un président de la 3ème République. Les citoyens qui ne se reconnaissent pas dans les résultats du concours de beauté morale peuvent donc rattraper cette élection en se mobilisant lors des élections législatives pour donner à la France une majorité parlementaire solide qui pourra servir de base sure au Gouvernement qui sera nommé après les élections législatives et qui remplacera le Gouvernement mis en place après l’élection présidentielle.

Dès maintenant, il faut cesser de s’opposer entre nous. Tous les citoyens défendent des valeurs et rien n’est plus pire que l’arrogance de celui qui prétend détenir et défendre les valeurs tandis que les autres seraient des sous citoyens, sans valeur, juste bons à payer leurs impôts et à se taire pendant les élections.

Si nous en sommes arrivés à la situation présente cela n’est pas dû au hasard. La France a besoin d’un renouveau fort dans son fonctionnement. Cette exigence de changement doit se faire dans les politiques mais aussi dans les comportements individuels. Nous avons quinze jours pour lire les deux programmes qui restent en lice. Nous aurons plus d’un mois pour lire les programmes de ceux qui n’ont pas franchi le cap du second tour. Ces lectures faites, nous pourrons voter comme nous le déciderons sans être soumis à des pressions ou à des injonctions.

Cette élection présidentielle prendra fin au soir du second tour des élections législatives. D’ici la, Français, respectez vous et réfléchissez à ce que vous souhaitez comme avenir pour vous et pour la France.

Régis DESMARAIS

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.