Tout s'est passé comme prévu. François Fillon est expulsé de la scène politique et a perdu toute légitimité ; M. Macron est opposé à Mme Le Pen et il sera le prochain président de la République.
A ce jour, une nouvelle férocité oppose ou indispose les Français : il y a ceux qui veulent user de leur droit de vote comme ils l'entendent et ceux qui hurlent au danger et n'hésitent pas à faire de curieux amalgames en comparant la situation d'aujourd'hui avec celle qui existait il y a plus de 70 ans dans notre pays. Que M. Macron ait bénéficié de toutes les initiatives médiatiques pour succéder à François Hollande est une chose mais que ceux qui ont imposé ce candidat aient la volonté de le voir élu de façon plébiscitaire est incroyable.
Mais l'incroyable est sans limite dans ce pays. On nous parle des qualités de M. Macron mais l'un de ses plus fidèles supporters n'a pas hésité à dire ce qu'il pensait de lui : "c'est du vide". Pourquoi imposer aux électeurs de glisser dans l'urne un bulletin choisissant le vide si ce n'est avouer que l'on choisit un mirage derrière lequel se cachent les tireurs de ficelle ? Cela ressemble à une forme élaborée de dictature car porter au pouvoir des inconnus est tout sauf démocratique. Les mêmes personnes, qui hier s'accrochaient aux sondages lesquels donnaient vainqueur M. Macron, ont subitement plus aucune confiance en ces sondages qui donnent M. Macron vainqueur de Mme Le Pen avec un score de 61%. Pourquoi une telle hargne à vilipender ceux qui veulent voter blanc ou s'abstenir alors que les sondages, hier adulés, annoncent une écrasante victoire de M. Macron ? En d'autres termes, pourquoi vouloir un plébiscite de M. Macron avec un score à la Chirac cuvée 2002 ? Peut-être que l'intention est autre. Peut-être que certaines personnes dans ce pays ont bien perçu que les discours ostracisant ceux qui ne se soumettent plus aux injonctions perdent de leur écho. Peut-être sont-ils convaincus que ressusciter les Waffen SS pour faire peur aux Français ça ne marche plus. Alors la solution est la : faire croire aux Français qu'une élection de M. Macron avec 60% de voix, voire moins, est une élection qui nous montrerait à quel point il faut encore se mobiliser contre le fascisme supposé de l'adversaire. En un mot, il s'agit de réactiver l'arme de la peur.
Cette arme de la peur est terriblement efficace car elle nous permet de décrire tous les prochains scrutins présidentielles :
1er acte : on démolit la réputation du candidat favori des sondages avant le premier tour (dès lors que ce candidat n'est pas celui voulu par ceux qui préfèrent le vide au plein).
2ème acte : on fait en sorte que le représentant du FN soit présent au second tour contre le candidat labellisé "vide".
3ème acte : on ressuscite les nazis et autres Waffen SS et on obtient une élection plébiscitaire pour un candidat du "vide" que personne ne voulait à l'exception de gens très intéressés. Avec ce mode opératoire, on en a pour plusieurs décennies de reproduction de l'élection 2017.
François Fillon est donc mis hors jeu politique et il est le premier d'une longue liste à subir ce sort. Cela ne veut pas dire que M. Fillon n'était pas irréprochable. Par ces comportements, il a offert un formidable talon d'Achille aux supporters du vide. Mais ce talon d'Achille n'est pas une prérogative de l'ancien candidat de la droite. Il n'est donc pas nécessaire de le "sulfater" ou de régler des comptes. Fillon ou un autre, le processus d'expulsion de la scène politique aurait été le même. Seules les conditions de mise en œuvre de ce processus auraient été différentes : plus agressives ou moins agressives, plus subtiles ou moins subtiles selon la surface de ce talon d'Achille... De fait, Mme Morano et tous ceux qui croient naïvement que la faute exclusive de l'échec de la droite est imputable à François Fillon font preuve d'une incroyable cécité politique et sociétale.
Il faut donc songer au quinquennat à venir, aux réponses qui devront être apportées à la souffrance du pays et à celle de nombreux Français. L'enjeu de cette réflexion est à la hauteur de la grave crise qui frappe le payset plus généralement le monde. Cette crise est économique, financière, sociale, humaine, culturelle, identitaire, sociétale etc… Cette crise est systémique car elle contamine tous les rouages et tous les aspects de notre société. Autant le dire tout de suite, les enjeux sont énormes, les défis à relever sont importants et les attentes des Français sont immenses.
Il faut des réformes, des réformes réalisables . Ce désir de réformes est voulu par une majorité de Français. Ces réformes peuvent elles être pilotées par des individus qui considèrent que le sort des ouvriers de Whirlpool est une anecdote? Surement pas car ces individus ont perdu leur humanité et sont désormais des excroissances de logiciel algorithmique dont l'objet est de maximiser les profits. Cette vision mortifère des civilisations est rejetée par les électeurs de la France Insoumise et aussi par de nombreux électeurs de l'ancien candidat de la droite et d'autres encore et notamment les abstentionnistes du premier tour qui ne se retrouvent plus dans le spectacle de la politique.
Les Français vont devoir supporter le poids immense du salut du pays car ce salut ne viendra que d'eux seuls. Entre leurs mains, 2 000 ans d’histoire et la nécessité de sauver la France. Notre pays est présent sur la scène du monde par son inventivité, sa croissance démographique et la combativité de son peuple. Sans le peuple, plus de France, plus de sauvetage possible. Demain, les Français ne doivent pas se plier aux injonctions des faux démocrates qui agitent les spectres du passé comme des chiffons rouges. Demain, les Français doivent donner au pays une majorité parlementaire forte et d'alternance et cette majorité ne doit pas être de la couleur des deux candidats finalistes de cette élection présidentielle tronquée. Plus que jamais, il faut rassembler les Français. L’union est le principal moteur de la renaissance souhaitée.
François Fillon a été mis hors-champ politique pour des raisons étrangères à son projet politique mais les Français eux sont toujours bien présents et ils doivent faire preuve de maturité et d'indépendance en laissant les voix qui hurlent de nouveau s'égosiller en pure perte. Le renouveau sortira des urnes lors des élections législatives !