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Billet de blog 30 mars 2020

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L'homme de bien doit fermer sa gueule nous dit la laideur

L'homme qui veut sauver des vies humaines est insulté, moqué et convié à fermer sa gueule. La laideur essaye de souiller la beauté au mépris de la vie humaine. Une fois de plus, la beauté est celle du peuple et la laideur est celle des imposteurs qui se font passer pour l'élite.

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Tout récemment, un personnage grotesque a demandé au professeur Raoult de fermer sa gueule et d’être médecin. Cette injonction vulgaire, par les mots et le ton employés, est stupide par sa violence gratuite, son obscénité et son caractère déplacé.

Ce que le vulgaire interpellateur du professeur Raoult n’a pas compris, c’est que le professeur « ouvre sa gueule » pour défendre un traitement qui pourrait au mieux sauver des vies, au pire ne rien faire, selon ses détracteurs. Ce traitement c’est le « pari de Pascal » pour citer un homme aux antipodes de l’homme grotesque. Un traitement que les autorités sanitaires américaines viennent d’autoriser mais l’homme grotesque demande à l’homme de science de fermer sa gueule. Cette injonction est déplacée car le professeur Raoult ouvre sa gueule en tant que médecin et chercheur. Il ouvre sa gueule sur le terrain qui est le sien : la santé.

L’homme grotesque, qui ordonne au professeur de se la fermer, ouvre sa gueule sur tous les sujets, sur tous les plateaux de télévision et cela ne le dérange pas. Cela ne le dérange pas car son égo démesuré lui donne l’impression qu’il est missionné pour se prononcer sur tout sujet sociétal et que son avis a un intérêt pour ceux qui l’écoutent. Cet homme grotesque est le pur produit d’une société décadente où un groupe, au sein de cette société, s’arroge le droit de donner des leçons à tout le monde et à dénier aux autres le droit et la capacité intellectuelle d’en donner. Cette maladie de l’hypertrophie de soi est une pandémie ancienne qui a contaminé la quasi-totalité des médias et des hommes de pouvoir. Il suffit d’être maquillé, placé sous le feu des projecteurs et face aux objectifs des caméras pour que les plus abrutis se sentent pousser des ailes et devenir les censeurs légitimes de la société. Un journaliste/animateur, pétri de suffisance, a même expliqué à l’un des plus grands infectiologues mondiaux ce qu’est un virus. Le monde est mal fait car personne n’ose dire à certains journalistes ce qu’est le journalisme. C’est dommage car cela serait salutaire pour une profession contaminée par des imposteurs dont l’ego étouffe la démocratie.

Cette injonction à fermer sa gueule est aussi un cri de panique. La vulgarité de cette injonction, hurlée face caméra, en dit long sur ce que ressentent ces hurleurs : le sentiment que le monde leur échappe et que leur imposture se dévoile. Ces gens-là, souvent complices du pouvoir en place, sont surpris, qu’en face d’eux, des gens ouvrent leur gueule pour exprimer une opinion différente, une autre façon de voir. Ils ne supportent pas être contredits. Ces hurleurs vulgaires ont peur de perdre leurs avantages acquis, peur de ne plus être sollicités pour donner leur opinion sur tout et n’importe quoi. Ces hurleurs ont peur du peuple. La crainte d’une révolution, d’un renversement du système actuel les terrorise. En fait, ces hurleurs ont peur de ce qu’il cache sous la pate épaisse du maquillage : la laideur d’un visage qui reflète une laideur d’âme et un vide moral abyssal.

Il faut être bien laid pour dire que le professeur Raoult est dérangé psychologiquement ou de lui demander de fermer sa gueule. Il faut être laid pour soutenir des êtres prêts à sacrifier des individus pour la beauté du respect des règles de protocoles. Il faut être laid pour préférer soutenir ces individus et insulter un homme qui se démène pour sauver le plus grand nombre de vies.

L’homme grotesque qui a intimé au professeur Raoult de fermer sa gueule s’agitait à l’écran comme un monstre sorti d’un tableau de Jérôme Bosch. L’image était effrayante.  Face à lui, un ancien ministre, philosophe de métier, paraissait tétanisé par cette hystérie hargneuse. L'ancien ministre a essayé de calmer la créature excitée en l’interpellant par son prénom, comme pour établir une passerelle de l’intimité, mais ce fut inutile. L’homme grotesque était sous l’emprise de la haine. Il n’était plus le capitaine de ses facultés. Il était sorti de l’espèce humaine pour déchirer l’image de celui qui aime les autres et veut les soigner.

Le triste spectacle proposé par l’homme grotesque va de nouveau se renouveler au fur et à mesure que la crise sanitaire va prendre de l’ampleur, que le nombre de morts va s’élever et que les carences de l'exécutif vont se révéler au grand jour, en tirant, sur des milliers de vies humaines, un rideau noir éternel.

Régis DESMARAIS

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