Dans les années les plus sombres de l'Histoire de France, quelques écrivains, dont on connaît les noms, se perdirent dans la complicité avec l'oppresseur... Mais de poètes, point... La poésie est Résistance...Non seulement les poètes ne collaborent pas, mais la poésie se multiplie ."La guerre me révéla cette sensibilité que je n'ai cessé de traduire depuis et d'abord dans mes poèmes de résistance…" [P. Emmanuel, préface de l'anthologie de Poètes d'Aujourd'hui, Seghers ]..
A l'ombre de la barbarie nazie, en dépit des jours sombres, les poètes, les penseurs jamais n'oublièrent la beauté de la langue...La poésie est un lieu de liberté dans la mesure où elle manipule métaphoriquement le langage et où, par sa façon d'utiliser les mots autrement, elle est une forme de résistance contre le langage officiel, la fourchelangue ou la novlangue...
« Contre l’occupant, l’avilissement, la mort, la poésie n’est ni refuge, ni résignation, ni sauvegarde: elle crie. »
[ Pierre Seghers, 2004, La Résistance et ses poètes, Seghers, 616p. ]
A chaque effondrement des preuves,
Le poète répond par une salve d'avenir
[R. Char, 1948, Fureur et mystère ]
Jean Paulhan résume en quelques pages magnifiques, l’enjeu de la Résistance, et la force de la poésie, dérisoire et indispensable. «Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de chose, dis-tu. Oui, c’est peu de chose. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles.»
Il faut lire et relire le pavé poétique de Pierre Seghers, réédité en 2004 : la Résistance et ses poètes...