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« La richesse d’un pays serait-elle corrélée à la vitesse de circulation de sa monnaie ? Les bas de laine ne sont d’aucune utilité. Les avoirs « superflus » de certains ne pourraient-ils pas être transmis plus précocement et rapidement, dans des conditions avantageuses, avec un coup de pouce fiscal décisif, pour insuffler de l’oxygène dans l’économie ? » La transmission des entreprises est certes une question mais dorénavant sans relation avec la circulation de la monnaie.
Le montant des transactions quotidiennes, courant avril 2019, sur le marché des changes était de 6 595 milliards de dollars de devises échangées. Sur les marchés des actions, à peu près 2/3 des transactions sont réalisés par des tradings à haute fréquence c’est-à-dire par des algorithmes à la vitesse des ordinateurs. Le principe des investissements à haute fréquence, largement développés ces dix dernières années, c’est d’obtenir des profits modestes à chaque transaction. Ce sont de tout petits profits, mais comme ces transactions de capitaux très importants sont répétées un très grand nombre de fois, on arrive très vite à des profits conséquents.
Une partie de la finance fonctionne de façon autonome, et utilise les produits financiers, créés au départ pour l'économie réelle, dans le seul but de faire de l'argent. Les produits dérivés qui à la base permettaient aux entreprises, ou aux agriculteurs de se protéger contre les aléas des taux de change ou du climat, sont aujourd'hui majoritairement des produits financiers pour spéculer. Cette déconnexion est connue. En l’espace de quarante ans, entre 1975 et 2015, les transactions boursières dans le monde sont passées de 300 Md$ à 115 000 Md$. En pourcentage du revenu, entre 1975 et 2015 la progression est tout aussi spectaculaire : de 5 % à près de 150 % du PIB mondial.
Une déconnexion nouvelle est apparue depuis la crise, entre l'économie réelle et la finance.
Avec la crise financière, les banques centrales ont pratiqué des politiques hors normes en déversant des milliards et des milliards de dollars et d'euros dans la sphère financière, pour qu'elle ne s'arrête surtout pas de fonctionner ni pour elle-même, ni pour qu’elle ne cesse à la marge de financer l'économie réelle. Mais c'est beaucoup trop peu à la marge, l'argent ne passe pas bien d'une sphère à l'autre. D'où une déconnexion encore plus choquante entre un monde financier, qui a trop d'argent et souffre de ne pas savoir où le placer, et un monde réel, dans lequel on ne parle que réduction de coût et d’austérité.
Les bas de laine ne sont plus cachés au fond des armoires des grand-mères. Désormais l’une des plus grandes fabriques de bas de laine se trouve à Wall Street.