Jadot et son retour à l’écologie de marché
Yannick Jadot revient à ses convictions libérales honnies de la plupart des adhérents historiques d’EELV , cela a été la raison de notre départ. Son soutien à Hamon et à sa volonté de compétition à gauche ayant fait long feu.. dans son entretien au « Point » du 1er mars, Jadot annonce que les élus de sa liste EELV pourraient rejoindre la grande coalition qui commande en Europe depuis toujours.
Déjà qu’après les élections européennes, les socialistes et la droite européenne, s’entendent pour choisir le président de la Commission et se répartir les postes au Parlement, tous ont adoubé Jean-Claude Junker, celui qu’ils blâmaient ante élection.
Les Verts pataugeront-ils dans ce grenouillage ?...leur tête de liste veut sa place dans le marigot. A la question : « dans le futur Parlement européen, les Verts feront-ils partie de la majorité quadripartite avec le PPE, les libéraux et les sociaux-démocrates ? », il répond « Si on nous propose un programme qui améliore substantiellement le fonctionnement de l’Union et les politiques européennes, alors, EELV y apporteront leur soutien ». La messe est dite ; faire cause commune avec Merkel et Orban, Macron et la social-démocratie alors que dans le même entretien, il critique, tout à la fois le libre-échange prôné par l’Union européenne :le grand déménagement du monde, contre l’avis des électeurs Français.
Jadot réellement libéral ? ou gage donné à ses futurs alliés. Son candidat Michel Barnier : « Tout le monde pense à Michel Barnier. Il a démontré sa compétence. Il est droit. »est bien éloigné des convictions écologiques prônées par les Verts. Pilier de la droite française, ministre de l’agriculture de Sarkozy, fleurtant sans vergogne avec la FNSEA loin de la transition vers l’agriculture biologique voulue par les Verts. Barnier fut le rédacteur de l’Union bancaire européenne , et promoteur des directives qui codifient l’application de la règle d’or gages d’austérité.
Comment décoder l’attitude des députés Verts européens. Quand un amendement déposé le 16 janvier 2019 au Parlement par le député insoumis Younès Omarjee suite à un rapport co-écrit entre les Verts et la droite sur les pesticides pour interdire le glyphosate, truffé de bonnes intentions sans valeur législative. Bafouant la position des Verts de France, les députés européens Verts ont choisi de voter contre l’interdiction du glyphosate pour préserver l’accord qu’ils avaient avec la droite pour faire passer leur rapport vidé de toute contraintes de calendrier d’interdiction. C’est à cela qu’il sera contraint au Parlement Européen….
Jadot veut concilier écologie et libéralisme. Favorable « à la libre entreprise et à l’économie de marché,bien entendu, les écologistes sont pour le commerce, la libre-entreprise et l’innovation ». Pourtant au fait de la relation sulfureuse entre le modèle économique actuel et la destruction de notre écosystème. Veut-il lui aussi signifier aux Électeurs qu’il est Macron-compatible comme l’ont déclaré nombre de candidats aux précédentes élections législatives. Est-ce un ralliement au libéralisme outrancier défendu par l’ Union européenne.
Pas de politique écologique ambitieuse dans l’application des traités européens. Nous suivons Mélenchon lorsqu’il dit ; « Pour changer nos modes de production, de consommation et d’échanges, il faut que la puissance publique réalise d’importants investissements que le secteur privé ne fait pas. Or, elle ne le peut pas, précisément à cause des règles budgétaires imposées par les traités européens qui nous condamnent à l’austérité à perpétuité. Ainsi, chaque année nous prenons un retard de 30 milliards d’euros sur les sommes que nous devrions dépenser pour respecter nos engagements pris dans le cadre des accords de Paris. Depuis 2016, le retard accumulé représente 90 milliards d’euros ». Pour réaliser la transition écologique, il faut désobéir à la règle des 3%. Nicolas Hulot, qui l’avait compris, citait la contrainte de ces traités au nombre des raisons qui l’ont conduit à démissionner du gouvernement. Rejoindre la grande coalition, c’est rejoindre le cercle des défenseurs des traités. C’est s’allier avec ceux qui pensent, comme monsieur Junker qu’il « n’y a pas de choix démocratique possible en dehors des traités ». Au final, c’est un choix qui conduirait EELV à abandonner la logique de rupture avec le modèle économique dominant qui conduit à la catastrophe climatique et à l’extinction accélérée de la biodiversité.