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Billet de blog 8 avril 2015

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Jean Germain : la postérité jugera

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La dernière fois que j'ai serré la main de Jean Germain, c'était le soir de l'attentat contre Charlie Hebdo, devant l'Hôtel de Ville de Tours. Il m'a jeté un regard froid, sinon glacial. Visiblement, il avait toujours sur le coeur l'analyse, que j'avais donnée aux miltants socialistes, de son échec aux dernières élections municipales.

Jean Germain, issu d'une famille modeste, a su, par son intelligence et son talent personnel, devenir un universitaire de haut niveau. Homme de gauche, il a fait ses premières armes à la Convention des institutions républicaines de François Mitterrand ; il a rejoint le Parti socialiste au congrès d'Epinay.  Il aura marqué de son empreinte politique la Touraine où il est né (à Bourgueil dont il appréciait le vignoble et ses vins). C'est sous son impulsion et avec le concours envers et contre tout de Jean-Patrick Gille, député d'Indre-et-Loire depuis 2007, que la gauche tourangelle, en vingt ans a conquis successivement la mairie de Tours et, grâce à d'autres succès municipaux dans la couronne urbaine, la communauté d'agglomération de Tours+, puis la région Centre (dont il a été le premier vice-président), puis encore le conseil général. Il est enfin élu sénateur.

Ce fut un grand maire et son projet visionnaire pour le Tours du futur, s'il avait été approuvé en 2014, serait resté dans las annales tourangelles. Seulement, en 2014, Jean Germain n'était plus l'homme de son projet. Battu sèchement par la droite menée par un de ses camarades d'école, sa construction politique était menacée. Fin mars, le conseil départemental retournait à droite lui aussi. L'essentiel du passé politique de Jean Germain, toute sa vie s'écroulait.

Jean Germain s'est suicidé par désespoir politique. Avant son échec aux municipales, il se projetait dans son procès sans trop de problème jusqu'en 2017 au moins. Désormais, il n'avait plus en lui les ressources pour affronter un procès douloureux, pour lequel il avait des atouts : pas d'enrichissement personnel, pas de malversations. Une simple affaire de conflit d'intérêt due à une décision peut-être mal informée mais contraire à la loi. Combien de maires sont ainsi condamnés chaque année pour le principe et en rappel de la loi ! Il est vrai que la plupart n'ont aucune ou peu de formation juridique.

Je présente mes sincères condoléances  à sa famille, aux socialistes et autres hommes et femmes de gauche qui l'ont connu et apprécié, même si ce ne fut pas toujours et pas jusqu'au bout. Il fut un grand élu, et l'avenir - l'histoire - lui rendra justice, la plus sûre des justices, celle qui pèse les destins par dessus l'écume de la politique au jour le jour.

Les lecteurs trouveront dans un second billet publié parallèlement à celui-ci le texte critique que j'ai diffusé auprès des socialistes d'Indre-et-Loire en avril 2014

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