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Billet de blog 12 janvier 2013

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Affaire Cahuzac : Mediapart a-t-il tout dit ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis quelques semaines, l’affaire Cahuzac est à la une de Mediapart. Une fois de plus, Mediapart a réussi à forcer le silence initial fait autour de ses révélations. Personnellement, je suis persuadé que l’investigation de ses journalistes est sérieuse et a dégagé un faisceau de présomptions qui me laisse perplexe sur la stratégie de défense adoptée par le ministre mis en cause.

Vouloir afficher son souci de la morale politique, c’est-à-dire de la morale publique, est fort louable. En apprécier la portée dans une situation donnée suppose que l’on dispose de tous les éléments. Affirmer que l’on est indépendant de tout groupe de pression est un rituel, même pour ceux qui ne le sont pas. Je crois Mediapart indépendant. Cela signifie-t-il qu’il faille laisser entendre que la gauche et la droite n’ont rien à s’envier ?

Je suis un citoyen de gauche. J’ai participé à la primaire de 2011 et François Hollande n’était pas mon candidat préféré. Je puis toutefois constater que les rappels du passé auxquels Mediapart adore se livrer (Laurent Mauduit aime cultiver ce genre journalistique) montrent que les affaires en cours, celles qui font l’actualité, touchent beaucoup plus la droite, et au plus haut niveau, que la gauche. Je dois constater aussi que le précédent président Sarkozy participait à l’hallali anti-Mediapart.

En est-il de même avec le président Hollande ?

Edwy Plenel connaît François Hollande depuis longtemps. Lui-même a rappelé avoir publié un livre de dialogues avec F. Hollande : Devoirs de vérité.

Je pourrais longuement disserter sur la politique de F. Hollande. Je puis dire que jamais, à ma connaissance (mais je ne sais pas tout), il n’a commis une malhonnêteté dans l’exercice de ses fonctions électives. Une incrimination comme celle que Mediapart a fait surgir sur un des ministres de la République, ne peut que lui être insupportable.

Mais un président de la République est un acteur du pouvoir exécutif  et ne peut s’exprimer sur une affaire relevant du pouvoir judiciaire sans que celui-ci ait découvert des éléments permettant une mise en cause. Pour lui, il est trop tôt pour s’adresser au gouvernement et demander lui demander la mise à l’écart du ministre. Mediapart pourrait le dire et même le répéter, ce serait plus clair et plus juste. Ce que vous répétez, c’est que F. Hollande est « embarrassé », ce qui est nécessairement le cas, mais ne signifie pas, comme Mediapart a tendance à le laisser entendre, qu’il essaie de se boucher les oreilles.

En revanche il est le défenseur, le protecteur même de la liberté de la presse. A-t-il laissé penser qu’il accepterait de couvrir des manigances contre Mediapart ? Je ne le pense pas. Mais peut-être Edwy Plenel, et d’autres, car E. Plenel ne se déplace jamais seul dans l’exercice de son métier, pourrait faire connaître ce qu’il en est.

Dans le monde de la politique, tout finit par se savoir. Le directeur de Mediapart a-t-il bien rencontré, sans difficulté, le président Hollande en décembre, avant Noël ?  A-t-il eu le sentiment que le président Hollande voulait enterrer l’affaire ? A-t-il entendu que ce genre d’affaire demandait du temps pour être réglée ? Et que la vigilance de la presse était le gage de l’efficacité ?

Merci, Edwy Plenel, de répondre à mes questions. En fin de compte, je me comporte à l’égard de mon Mediapart, comme Mediapart se comporte dans ses investigations. Il est des devoirs de vérité auxquels on ne peut se soustraire.

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