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Billet de blog 24 juin 2008

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PS: la contribution des reconstructeurs

Voici la première grande contribution générale publiée en vue du congrès du PS de novembre prochain.Je publie le résumé pour une première approche.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Voici la première grande contribution générale publiée en vue du congrès du PS de novembre prochain.

Je publie le résumé pour une première approche. Vous trouverez la contribution complète en fichier attaché.

Je la publie pour montrer que le PS est animé d'un réel débat de fond. Qu'on soit d'accord ou non avec ce qui en sort.

D'autres textes importants seront publiés dans les jours qui viennent. Je pense en particulier à reconquêtes.

Bonne lecture et bonne discussion.

René Lorient

Reconstruire à gauche

Résumé de la contribution générale présentée en vue du Congrès de Reims par

Laurent Fabius et de nombreux signataires membres des instances nationales,

responsables fédéraux, élus et militants du Parti socialiste.

Le Congrès de Reims ne doit pas être un Congrès parmi d’autres ni comme les autres. Pour nous, il

n’est pas un rendez-vous rituel, mais un temps fort dans un contexte d’urgence politique et

sociale. Par ses analyses et ses propositions, il doit être utile aux Français. Il va se dérouler dans

un contexte de crises à répétition : crise alimentaire, crise climatique, crise énergétique, crise

financière, crise démocratique. Notre objectif est de proposer aux Français des réponses, un projet

d’ensemble face à cette urgence.

Trois traits massifs et un constat donnent la mesure de la nouvelle donne mondiale. 1) A rythme

constant, la Chine deviendra, avant trente ans, la première puissance économique du monde. 2)

D’ici quelque temps, le baril de pétrole pourrait atteindre 200 dollars et le litre à la pompe deux

euros. Après des siècles de ressources naturelles abondantes, nous entrons dans l’ère de la rareté

et de la cherté : pétrole, eau potable, matières premières. 3) Si la tendance actuelle se confirme,

l'euro pourrait valoir jusqu’à deux dollars à moyenne échéance. Cela donne la mesure des défis à

relever pour la gauche.

L’Occident n’est plus le centre du monde. Il doit accepter de ne plus être qu’un pôle parmi

d’autres dans la mondialisation et contribuer à reconstruire un modèle de solidarité internationale

en refusant fermement la théorie du « choc des civilisations ».

Le libéralisme économique, loin d’être une solution, aggrave les crises. Jamais dans son histoire

l’humanité n’a produit autant de richesse, et pourtant jamais les inégalités n’ont été aussi grandes

entre les continents et au sein des sociétés. Le capitalisme financier, tout à son objectif de

rentabilité maximale à court terme, gonfle les gains du capital et accroît les risques sur les salariés.

Les entreprises sont poussées à délocaliser et la compétition entre les Etats est exacerbée.

L’obsession du profit à court terme casse en morceaux la société.

La gauche n’a pas pris suffisamment la mesure de cette nouvelle donne et de l’échec du

libéralisme. La social-démocratie traditionnelle est en difficulté. Alors qu’elle a tant apporté dans

le passé, elle n’a pas su repenser les compromis historiques qui la fondent, et d’abord celui qui

régit les rapports du capital et du travail. Face à une droite qui a renouvelé son discours, certains

dirigeants sociaux-démocrates ou socialistes ont été fascinés à contretemps par le modèle

adverse, quand ils ne lui ont pas fait allégeance. Comme si la société précaire était une fatalité, la

stagnation des salaires une donnée inévitable, le triomphe des recettes libérales

(déréglementation, privatisation, marchandisation) une évidence. Comme s’il fallait, pour gagner

les élections dans un environnement de droite, emprunter à celle-ci ses analyses, ses solutions et

son vocabulaire. Pour gagner, la gauche doit commencer par être fière de ses valeurs.

Oui, le besoin de gauche est réel ! Mais les Français attendent une gauche décomplexée, qui

propose une offre politique alternative dans la mondialisation, une gauche innovante dans ses

propositions, claire dans ses alliances. Une gauche qui retisse le lien entre l’indignation et l’action,

la réforme et la révolte. C’est ce socialisme solide, crédible, audible que, reconstructeurs, nous

appelons de nos voeux depuis longtemps et qu’avec d’autres, nous voulons bâtir. Il faut

reconstruire le Parti socialiste pour reconstruire la gauche. Le Congrès de Reims est une étape

majeure sur ce chemin.

Nous proposons six lignes directrices d’un grand projet pour le socialisme du 21ème siècle. Avecun préalable : dégager des marges de manoeuvre pour agir et réduire l’endettement du pays.

Nous devrons donc revenir sur le paquet fiscal ; les niches fiscales seront remises à plat et

plafonnées, ainsi que les exonérations de charges sociales dont bénéficient les entreprises sans

engagement fort en termes de créations d’emploi.

1. Le socialisme de la production par l’innovation économique et la régulation européenne. Il

s’agit de faire monter en gamme l’ensemble de notre appareil productif et d’être à l’avant-garde

technologique, notamment en augmentant de 10 % chaque année le budget de la recherche, en

instaurant une « small business administration » à la française pour muscler et soutenir nos PME à

l’international, en créant un Fonds Souverain France afin de maintenir sur notre territoire les

industries stratégiques. Au plan européen, nous proposons la mise en oeuvre d’une Coopération

européenne pour la recherche et l’innovation (CERI), l’indispensable harmonisation fiscale et

sociale au sein de l’Union européenne, la réorientation de la politique monétaire dans un sens plus

favorable à la croissance et à l’emploi, le lancement de grands emprunts afin de financer de

nouvelles infrastructures pour les transports ou l’énergie, une protection commerciale ciblée pour

rééquilibrer les conditions de concurrence entre pays émergents et européens.

2. Le socialisme de la redistribution par une meilleure répartition des richesses. Contrairement à

la droite, nous pensons que la réponse de base à la baisse du pouvoir d’achat passe par une

amélioration des salaires. Comment ? Par la modulation des exonérations de cotisations sociales

en fonction de la politique salariale des entreprises, par l’augmentation régulière du SMIC, par une

allocation énergie pour les ménages modestes et les classes moyennes les plus touchées financée

par un prélèvement sur les superprofits des entreprises pétrolières. Plus largement, nous voulons

rééquilibrer les rapports entre le capital et le travail, par exemple en modulant le taux d’impôt sur

les sociétés en fonction du réinvestissement des profits ; en instaurant une vraie gouvernance

partenariale d’entreprise ; en limitant l’usage des stock-options aux petites et jeunes entreprises ;

en fiscalisant et en limitant à deux ans de salaires les « golden parachutes » des dirigeants.

3. Le socialisme de la protection par la solidarité. Nous refusons la politique du chacun pour soi

menée par N. Sarkozy et la droite (retraites par capitalisation, mise en cause du droit du travail,

développement des assurances privées, recul des services publics) et nous voulons prendre à bras

le corps le défi de l’allongement de la durée de la vie. Le dossier des retraites sera rouvert : tous

les revenus (y compris ceux du capital) seront soumis à contribution, le Fonds de réserve pour les

retraites sera remis à niveau après son assèchement par la droite. Une adaptation de la durée de

cotisation ne sera envisagée que modulée en fonction de la pénibilité des métiers et son rythme

dépendra du taux d’emploi des séniors. Le taux de remplacement sera maintenu et les petites

pensions améliorées. Nous voulons garantir davantage l’accès au travail des jeunes, des femmes et

des séniors pour lesquels le cumul d’une retraite et d’un emploi sera autorisé et des formules de

retraite à la carte proposées. Nous proposons une réforme des cotisations patronales afin de les

asseoir non sur le seul facteur travail, mais sur l’ensemble de la valeur ajoutée des entreprises. Les

franchises médicales seront supprimées. En matière de logement, nous souhaitons que l’Etat se

substitue aux communes défaillantes pour remplir l’objectif de 120 000 logements sociaux par an.

La police de proximité sera réinstaurée afin d’assurer la tranquillité publique.

4. Le socialisme de la préservation écologique par la prise en compte de l’urgence

environnementale. Nous nous réjouissons que la nouvelle déclaration de principes du PS ait repris

à notre sensibilité la notion d’« économie sociale et écologique » de marché. Encore faut-il en tirer

toutes les conséquences concrètes ! Pour économiser massivement l’énergie, nous proposons, par

exemple, un vaste plan habitat pour l’isolation des logements et des bâtiments, de nouvelles

infrastructures de transports propres, le développement des énergies. Nous plaidons pour des

clauses environnementales dans les marchés publics et la mise en oeuvre d’une fiscalité

écologique, mêlant dispositions incitatives (type bonus-malus) et mesures dissuasives, instaurant

une contribution énergie-climat fixant un prix au carbone. A l’échelle européenne, nous proposons

la création d’une Coopération européenne de l’énergie : c’est collectivement que nous pouvons

peser pour sécuriser nos approvisionnements et investir dans l’énergie de demain. Nous nous

engageons à réexaminer la loi OGM de mai 2008 qui rend possible la dissémination des OGM en

plein champ. La portée de nos efforts en matière d’écologie restera faible à l’échelle de la planète

si progressivement tous les pays ne s’engagent pas sur la même voie. C’est pourquoi nous

proposons la mise en place d’écluses écologiques, taxes énergétiques compatibles avec les règles

de l’OMC : les produits propres, c’est-à-dire ceux dont la production répond à des normes

environnementales précises, en seront exemptés ; les autres seront concernés.

5. Le socialisme de l’émancipation par l’égalité républicaine, la laïcité et l’éducation. Pour nous,

tout commence par l’égalité républicaine et tout y revient. L’école publique et le triptyque laïcitémixité-

gratuité sont le socle du projet socialiste tel que nous le concevons. Concrètement, nous

proposons de renforcer l’encadrement des élèves et des étudiants, de fixer l’objectif que 5 à 10 %

des lycéens atteignent les filières d’excellence, d’en finir avec le cloisonnement étanche entre les

classes préparatoires et les grandes écoles d’un côté, et l’université de l’autre côté.

L’enseignement technique et professionnel doit être reconsidéré dans l’orientation comme dans

les budgets. La fonction enseignante doit être revalorisée. La violence et le racket doivent être mis

hors la loi dans les enceintes scolaires. L’émancipation, c’est aussi l’extension des droits des

femmes et la reconnaissance des droits des homosexuels. La lutte contre les discriminations à

l’embauche, au logement, aux loisirs doit être intensifiée avec l’extension des pouvoirs de sanction

de la HALDE. Le droit de vote des étrangers installés durablement en France aux élections locales

doit être – enfin – accordé. L’égalité républicaine suppose aussi de restaurer la confiance entre

l’Etat et le « local », ainsi qu’entre le pouvoir central et l’Outre Mer. C’est le sens de notre volonté

d’organiser, au lendemain du Congrès, des « Etats généraux des collectivités locales » où nous

rendrons public un audit des transferts de charges non compensées, définirons pour l’avenir les

devoirs de l’Etat envers les collectivités territoriales, mettrons en commun l’exemplarité des

gestions innovantes de la gauche et proposerons une refonte de la fiscalité locale. A l’opposé de la

monocratie sarkozyste, la vie démocratique sera stimulée, son fonctionnement pluraliste et

parlementaire encouragé.

6. Le socialisme de la construction européenne et de la coopération internationale. Socialistes,

nous sommes euro-volontaires et internationalistes. Pour nous, l’Europe relancée et réorientée

constitue le vrai levier pour gouverner et humaniser la mondialisation. C’est d’ailleurs ce que

disent la plupart des peuples quand ils sont consultés : nous voulons l’Europe, mais une autre

Europe qu’une zone de libre échange sans convergence sociale et fiscale ni frontières claires. Dans

cet esprit nous proposons, entre autres mesures, une « clause de sauvegarde sociale » qui

interdise qu’une directive européenne puisse avoir pour conséquence un recul social dans un pays

; la soumission des politiques économiques, monétaires et commerciales de l’Union au service de

la croissance et de la puissance européenne ; une politique étrangère commune qui ne consiste

pas à s’aligner sur les positions américaines ou atlantistes ; une vraie coopération militaire dont

une étape majeure pourrait être l’objectif d’une armée franco-allemande ; une Europe ambitieuse

et différenciée avec un premier cercle de pays qui veulent avancer plus vite ensemble. Le temps

n’est plus à s’interroger sur la nécessité d’une réorientation politique et sociale de l’Europe, le

temps est venu de l’inscrire dans les faits. Les structures de gouvernance mondiale sont en retard

sur la réalité du monde. A la place du G8, le temps est venu de mettre en place un G20 qui

permettra d’associer les principaux acteurs dans la mondialisation. Nous militerons pour un

« agenda social mondial » plaçant l’épanouissement humain et le progrès social au centre des

objectifs des organisations internationales. Nous agirons pour que, dans le cadre des négociations

commerciales, notamment à l’OMC, la défense de la santé, des droits des travailleurs, de

l’environnement, de l’identité culturelle et de la diversité linguistique, prime sur les seules

exigences du « libre » commerce. Nous proposerons la création d’une Agence mondiale de

l’environnement chargée de coordonner les négociations en vue de nouveaux accords globaux et

d’un Conseil de sécurité économique et social, dans le cadre de l’ONU. Pour l’Afrique en

particulier, nous viserons l’objectif de 0.7 % du PIB consacré à l’aide au développement et nous

encouragerons puissamment le microcrédit.

Pour relever ces défis et reconstruire à gauche, nous avons besoin d’un Parti socialiste fier,

offensif et ouvert. Nous entrons dans le Congrès avec des idées simples et fortes : nous

souhaitons un Congrès de débat, pas de pugilat ; nous disons « nous » plutôt que « je » ; nous ne

confondons pas 2008 et 2012. Nous voulons que le PS tire les leçons de l’expérience et nous

proposons aux militants de se prémunir contre deux dangers : la présidentialisation, qui fait

primer les personnes sur les idées, et la « peopolisation », qui fait passer systématiquement

l’émotion avant la réflexion. Le triptyque « sondages, image, naufrage » a coûté assez cher au PS

ces dernières années, arrêtons les frais ! Nous croyons au débat collectif dans nos instances

(Conseil national, Bureau national, fédérations) et souhaitons que la règle de la proportionnelle

régisse notre vie commune. Nous pensons que pour gagner, il faut d’abord travailler et donc

réfléchir : le PS devra organiser en 2009 et 2010 une série de conventions nationales sur les grands

enjeux et, par la suite, notre parti devra tenir au moins une grande convention thématique par an.

Nous voulons une opposition socialiste plus offensive : ce qui nous différencie de l’UMP, ce n’est

pas seulement le style, la méthode ou le calendrier, c’est le contenu des réformes.

Enfin, nous proposons une stratégie d’alliances claire et gagnante : c’est parce que nous portons

les aspirations des couches populaires, des classes moyennes, des jeunes, des retraités, des exclus,

des créateurs, que nous refusons une participation à des coalitions avec la droite ou à des alliances

avec un centre droit qui affiche un discours « ni gauche ni droite ». Nous réaffirmons avec force

que le rassemblement de la gauche qui aspire à gouverner pour transformer la société constitue le

choix gagnant – double rempart au sarkozysme et à l’ultragauche. Bien sûr, ce rassemblement de

la gauche n’exclut pas de nous ouvrir à d’autres démocrates qui souhaiteraient une autre

politique, donc une autre majorité pour le pays. Mais tout élargissement de ce rassemblement

suppose l’adhésion à l'union des forces de gauche, une opposition résolue à la politique Sarkozy-

Fillon, ainsi qu'une réelle convergence avec le projet socialiste. C’est sur cette base que le PS

deviendra le grand parti de toute la gauche que nos électeurs, nos sympathisants et nos militants

appellent de leurs voeux.

Pour consulter la version intégrale de la contribution, la signer en ligne, l’enrichir par vos

observations et soutenir notre démarche, rendez-vous sur : www.reconstruirelagauche.fr

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