Au moment où quelques personnes ont crié « suicidez vous ! » samedi 20 avril place de la République à Paris, J’étais « nassé » comme les milliers de personnes que les CRS et gendarmes empêchaient de sortir de la place, parcourue de charges, soumises à un canon a eau colorant, grenadé de multiples manières, dans le ballet des street médic portant secours à des personnes gisant à même le pavé, suffoquant dans les gaz, ou assourdies par les grenades dites de désencerclement.
J’ai entendu un homme crier une fois aux gendarmes « suicidez vous », et s’est attiré de plusieurs manifestants la remarque « c’est pas malin !! » et il est parti terminer sa n-ième bière de la journée.
A quelques dizaines de mètres parmi les gilets jaunes ornés au marqueur de milliers d’inscriptions différentes, une femme arborait une affichette « femme de gendarme ». Je suis allé lui demander « c’est vrai ? » elle m’a répondu « oui c’est vrai !», je lui ai souhaité « bon courage ! ». Elle ma dit, « vous n’avez pas vu le ruban noir » qui figurait sur l’affichette. « Il s’est suicidé ! ». Mon « je suis désolé ! » sincère mais inutile nous a tenu lieu d’au revoir !
En rentrant, enfin sorti de l’encerclement levé au compte goutte à partir de 18, une voisine affirme qu’elle est « très en colère » contre « les gilets jaunes » car ils ont crié aux policiers « suicidez vous ! ».
Etonné car cela ne « collait pas » avec l’attitude générale vis-à-vis de la police que j’ai constaté tout au long de la vingtaine d’épisodes auxquels j’ai participé et je n'avais entendu qu’une seule fois un homme dire « suicidez vous ! ». Je me précipite pour voir le corps du délit, filmé sur la place l’après midi même. Le slogan plusieurs fois scandé au cours de la journée "ne vous suicidez pas, rejoignez nous" a été inversé au cours de affrontements par le groupe qui se bat avec la police.
Aucun journaliste n’a jamais remarqué les femmes de policiers qui manifestent parmi les gilets jaunes. Ils auraient pu titrer et reprendre en boucle « il ya parmi les Gilets Jaunes des Femmes de policiers, y compris de certains qui se sont suicidés ».
L’hystérisation par une partie des médias et par le gouvernement, l’instrumentalisation contre tout un mouvement d’une (très) mauvais slogan témoigne de la misère de la pratique actuelle de la profession de journaliste.
Deux précisions
Le journalisme est une noble profession, je regrette que des chargés de communication du gouvernement usurpent ce titre. En effet ce n’est pas le même métier. Précision dans la précision : être chargé de communication ou attaché de presse d’un ministère est une occupation honorable, c’est juste un autre métier.
Enfin je ne souhaite pas que des policiers ou gendarmes se suicident, mais qu’ils soient payés pour leurs heures sup, que les gendarmes puissent se syndiquer et qu’ils adhèrent au syndicat de leur choix.
René Monzat