Placer les forces politiques sur un axe droite/gauche « fonctionne » de plus en plus mal.
Parce que, pour représenter un champ agricole ou politique, utiliser un axe, une ligne droite, c’est se compliquer la vie.

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Théoriquement une ligne droite peut représenter n’importe quelle surface, puisqu’elle peut contenir autant de points (de 0 et de 1 qu’on veut). Mais pour représenter le plan du métro, il vaut mieux une surface, qu’une ligne qui ne sera pas facilement interprétable par un être humain.

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Le fer à cheval dessiné par Jean-Pierre Faye en 1972 dans Les Langages totalitaires tordait la ligne, l’axe, et l’image de l’aimant suggérait qu’entre les communistes et les nationaux bolcheviks d’extrême droite l’antagonisme était maximum, ils s’affrontaient dans la rue, laissant des morts sur le pavé.
La quasi parfaite tripartition dessinée par les élections présidentielles d’Avril entre facilement en correspondance avec la représentation abstraite suivante :

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Dans la période actuelle de réagencement du champ politique, il est plus efficace de définir les partis à l’aide de trois critères :
par leurs programmes : soit laisser le capitalisme assurer la prospérité (valoriser le profit), soit débarrasser le pays des problèmes que crée l’immigration (exaltation de l’identité), ou bien élargir le champ des « communs » et définir démocratiquement les orientations de leur gestion.

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par la base sociale recherchée : les libéraux en symbiose avec le patronat, ou bien les identitaires visant les couches populaires et les couches moyennes du privé, ou encore les partisans des communs pour les couches populaires et les couches moyennes du public.

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enfin par l’acteur qui définit les choix économiques et sociétaux essentiels : pour les libéraux, c’est le libre jeu du marché, il n’existe pas d’acteur ayant une volonté ; pour les identitaires, c’est le/la chef/fe au nom du peuple ethnique ; chez les partisans des communs, il existe une volonté politique démocratique qui s’exprime par des mécanismes collectifs et politiques.

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On ne peut pas comprendre « l’extrême droite », les droites radicales, sans voir qu’elles s’inscrivent dans une structuration politique non pas à deux pôles mais à trois pôles : libéraux, partisans des communs (gauches radicales) et identitaires (droites radicales). Entre ces courants qui se substituent à la bipolarisation droite/gauche, il n’y a pas de rupture nette, mais lutte d’influence. Les conservateurs sont ainsi écartelés entre libéraux et identitaires, les sociaux-démocrates entre libéraux et partisans des communs. Et les couches populaires sont l’enjeu d’une bataille entre partisans des communs se référant à un peuple classe, et les identitaires se référant à un peuple ethnique. Une position intermédiaire s’avère intenable.

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Cette représentation de la tripartition risque d’être durable car elle repose sur des courants politiques fondamentaux, elle durera tant que les thématiques identitaires joueront un rôle dans les représentations politiques. Autant dire longtemps.
René Monzat
Le billet ci-dessus reprend des schémas utilisés devant des groupes d’Attac (Limay mars 2018), des sections de la LdH, lors de réunions du réseau Transform ! (Stockholm 13 Nov 2015), La poussée continentale et durable des populistes de droite traduit des bouleversements radicaux du champ politique européen, devant le groupe GUE/NGL du parlement Européen (Bruxelles 8/11/2017).
Certains paragraphes sont repris de l’entretien Une nouvelle extrême-droite ? publié le 19 avril par La Vie des Idées