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Billet de blog 11 décembre 2018

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Le coût d'un rond-point et les comptes de la nation

À propos des remarques d'un "gilet jaune" sur l'écart entre le coût réel d'un rond-point et le prix facturé aux instances locales.

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Sur le "direct" de Brut, samedi dernier, un petit monsieur, artisan d'environ soixante ans, tenait gentiment la vedette, avec sourire et bonhomie, non loin d'un barrage policier sur les Champs Élysées. Habile en tous les métiers du bâtiment, il pouvait évaluer ce que coûte le BTP, en effort et en matériaux. Sa parole a soudain jeté une lumière crue sur la pertinence de l'occupation des ronds-points pour une analyse macroéconomique des comptes de la France: un rond-point (son terre-plein central), cela signifie tant de pelletées de terre et une bordure de trottoir en pourtour. C'est-à-dire, abstraction faite d'enjolivements paysagers qui peuvent être très peu onéreux et de l'entretien subséquent, coût réel très faible, et pourtant la facturation est généralement de quatre à dix fois plus élevée. Où est pris cet argent? Dans la poche du contribuable, bien entendu, et l'on ne sait rien des ristournes que les géants du bâtiment éventuellement paient, ou des cadeaux qu'ils offrent, à nos édiles.

Cet exemple vaut pour tous les chantiers publics. Cependant que la facture des mutuelles et le coût des soins s'élèvent auprès des particuliers, les hôpitaux paient des sommes souvent honteuses au vitrier pour le moindre carreau cassé..., aussi bien qu'à l'industrie pharmaceutique et aux fabricants d'implants, sans vraiment se soucier, par ailleurs, de la justice sociale, de l'avenir des patients ou de l'environnement (on pointe ainsi, en Inde connue pour le bas coût de la main d'œuvre, les rejets d'antibiotiques dans l'environnement comme une possible menace à l'échelle de la planète). En d'autres termes, ceux-là même qui sont exonérés d'une part d'impôt ou de charges, qui néanmoins délocalisent ou qui se voient gavés par le CICE, font encore payer aux particuliers leurs services à des coûts exorbitants et simultanément handicapent l'avenir.

C'est de ce point de vue-là que les réponses apportées par Emmanuel Macron au soulèvement des "gilets jaunes" apparaissent singulièrement faibles et inadaptées aux urgences tant sociales que climatiques.

On aura bien besoin encore du bon sens et du sang-froid de l'homme distingué par Brut. Un moment, comme se déclenchait une charge policière accompagnée d'un mouvement de foule, il s'est arrêté de parler, yeux plissés, nez au vent et moue aux lèvres, comme un loup aux aguets, pour évaluer le danger. Il en a conclu sans doute que le danger ne le concernait pas, ou pas encore. Et il a repris l’entretien paisiblement.

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