« Je veux expliquer à tous nos retraités : il n’y a pas de souverain mépris, j’ai besoin de vous, je fais appel à vous », a dit M. Macron, qui leur a rappelé que « vous passez dix ou quinze ans de plus à la retraite que vos parents en moyenne ».
[ http://www.lemonde.fr/politique/article/2018/04/12/ce-qu-il-faut-retenir-de-l-interview-d-emmanuel-macron-sur-tf1_5284499_823448.html#kaYH4xEH1qViMY11.99]
L'analyse de M. Macron a quelques années de retard: aujourd'hui l'espérance de vie tend à diminuer, et les retraités encore "jeunes" (sexagénaires ou septuagénaires) ont à fournir un soutien, financier ou de soins directs, aussi bien à leurs propres parents (octogénaires, eux, ou nonagénaires), qu'à leurs enfants étudiants, chômeurs, ou trop mal payés de leur travail pour pouvoir s'offrir un logement... ou pour pouvoir payer la garde de leurs propres enfants.
En bref, une augmentation de la CSG n'aurait dû frapper, à la grande rigueur, que les plus nantis des retraités les plus âgés, bénéficiaires d'une enfance sans pesticides ni Tchernobyl/Fukushima ni OGM, d'une jeunesse, pour les femmes, d'ordinaire sans tabac, et d'une carrière qui profita des Trente Glorieuses.
Au lieu de quoi on fragilise un maillon essentiel de la solidarité inter-générationnelle, des hommes et des femmes qui, de leur côté, pour la majorité d'entre eux, ne pourront de toute manière pas espérer pour leur grande vieillesse une solidarité comparable, et qui savent que la génération suivante, qu'ils soutiennent aujourd'hui, sera bien plus mal lotie encore.
À moins qu'une poignée de happy few ne profite des avancées de la science pour vivre guillerette et narquoise trois siècles en bonne santé, comme le suggérait il y a quelques jours, dans "Le Monde" encore, un article de Jacques Testart qui prévoyait une humanité future "à deux vitesses"?
Rien à faire: ce sont bel et bien les milliardaires qu'il faut taxer, eux qui prospèrent et se multiplient, sans profit pour la collectivité, à la faveur de la destruction de l'État social, comme ils l'ont fait, lors de la chute du Mur, sur la grande braderie des biens collectifs.