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Billet de blog 16 juin 2018

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Un pognon de dingue

Les citoyens paient l'État pour que l'État assure l'État de droit. La politique du citoyen Macron consiste à déshabiller l'État pour lui substituer un État policier en transférant les obligations de l'État de droit aux citoyens eux-mêmes. Pour se justifier, cet État policier accuse le populisme tout en se servant des vieilles recettes du populisme, la chasse au pauvre et au migrant.

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Un pognon de dingue

 Dans un État, a fortiori dans une démocratie, qui paye quoi à qui ?

Qui paye quoi à qui? Les dépenses des citoyens

Les citoyens distraient une partie de leurs revenus pour alimenter l'État lui-même, lequel a pour fonction de leur assurer :

– la protection et la sécurité (armée, police, justice, services sociaux)

– l'accès aux soins de santé (hôpitaux, SAMU, sécurité sociale)

– l'éducation (écoles, universités)

– la gestion et l'entretien du territoire, et notamment des réseaux de communication

– le libre exercice de leurs droits, dont, outre la sécurité, la santé et l'éducation, celui de l'accès aux espaces publics, au logement, à la dignité

– la représentation de la nation, tant à à elle-même que vis-à-vis de l'extérieur, c'est-à-dire la culture et les contenus de la communication

– le fonctionnement même de l'État, avec toutes les charges, ci-dessus, qui lui incombent.

 Tout cela évidemment coûte à l'État "un pognon de dingue", mais l'État est justement payé pour cela. Sinon, ce qui devient coûteux et inutile, ce ne sont pas les pauvres, qui doivent être les premiers bénéficiaires de l'État, mais l'État lui-même, à commencer par les dépenses de l'Élysée.

La politique du citoyen Macron

Fort logiquement, la politique du citoyen Macron consiste à diminuer les dépenses de l'État, donc l'État lui-même, qui brade aux meilleurs amis (qui sont aussi sans doute les moins-disants) ce qui relevait de ses propres charges et propriétés. La conséquence, c'est qu'on voit chavirer tout ce qui ne tient que par l'État (voir toute la liste ci-dessus), et que les premières victimes sont précisément les premiers bénéficiaires théoriques de l'État, à savoir les plus faibles, enfants, vieillards, malades (notamment troubles mentaux), plaignants assistés. Et, comme la société s'en alarme et proteste, ce qui reste d'État ne songe plus qu'à se protéger lui-même, c'est-à-dire à armer davantage la police pour la diriger contre les citoyens tout en assurant, par l'outil législatif, le secret et la protection de ses largesses. Les citoyens se voient intimer l'ordre de respecter l'État de droit, alors que le respect de l'État de droit incombe par définition à l'État lui-même et à ses représentants !

 On en déduira que désormais, l'État n'est plus assuré que par les citoyens eux-mêmes. À eux donc de se rappeler que le Souverain, c'est le peuple.

Les contre-feux de l'État policier

Or, c'est là qu'intervient, au niveau des contenus de la communication, toute une batterie de contre-feux de l'État policier :

– on agite le chiffon rouge du « populisme » (lequel n'est apparemment admissible, on vient de le voir avec l'Italie, que s'il sauvegarde l'ultralibéralisme)

– on met en exergue la protection de « victimes » qui ne coûtent rien à l'État, les femmes et les homosexuels par exemple (le dogme de la parité permet même de supprimer des avantages spécifiques des femmes)

– on dénonce un ennemi extérieur, les migrants « économiques »

– on dénonce un ennemi intérieur, le « terroriste », c'est-à-dire, en sourdine assourdissante, l'islam

– on dénonce un autre ennemi intérieur, celui qui abuserait de la protection sociale, en en contrôlant toujours davantage la distribution, c'est-à-dire en réclamant des justifications toujours plus contraignantes, qui la rendent inaccessible à ceux qui en ont le plus besoin ; ou en culpabilisant les bénéficiaires, par exemple les retraités et les fonctionnaires qui pourtant, par leur argent ou leurs services, ont prépayé ce que l'État leur restitue.

 Et on envoie les plus gros escadrons de la police contre ceux qui ayant pris acte du désengagement de l'État, sans rien demander à personne s'engagent dans la reconstruction du lien social et d'une économie solidaire (voir les associations et les zadistes), c'est-à-dire prétendent garantir ou assurer, dans les faits et par défaut, la souveraineté du peuple.

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