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Billet de blog 19 mai 2016

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Non-violence

Trouver comment désamorcer les provocations

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

D'évidence la violence est provoquée voire orchestrée dans les manifestations contre la "Loi travail" et l'environnement de "Nuit debout": l'encadrement policier parle de lui-même, ainsi que son effacement concerté derrière les services d'ordre syndicaux l'autre jour, pour laisser libre cours à des affrontements en apparence internes à la manifestation.

Comment l'éviter, comment protéger la liberté d'expression? Les militants de "Nuit debout" sont aussi pacifiques que déterminés. Les casseurs, les "vrais", sans doute "indignés" ou "révoltés", et les "payés-pour", sont un ingrédient dont usent et abusent les médias autant que le pouvoir: s'il le fallait – souvent il suffit de provoquer, de répartir par exemple sur le parcours de la manif de petits tas de cailloux et de pavés... –, ceux-ci monteraient la mise en scène eux-mêmes ou sortiraient de vieilles vidéos... On ne les évitera donc pas, tout au moins sur les écrans (voir l'aubaine, hélas pour les victimes, présentes et à venir, des deux bords, de la voiture de police incendiée hier, qui tourne en boucle sur internet).

300 policiers blessés à des degrés divers, vu leur armement et leur équipement de protection, à moins qu'ils ne se blessent entre eux on peut légitimement calculer que cela signifie au moins 3000 manifestants sans défense blessés tout autant ou davantage. Mais on aura plus de mal à les compter.

Alors, comment faire? Je rumine à part moi des solutions pratiques, alors je vous les livre. Par exemple: ne manifester que vêtu-e d'un pantalon et d'une tunique, bras et tête nus, aucun sac, tout juste une pochette portée en collier; chaque manif encadrée sur tous ses côtés par une chaîne compacte de courageux-ses volontaires ainsi vêtu-e-s. Un service d'infirmerie reconnaissable (calotte ou bandeau de tête)  – 2-3 personnes et une trousse d'urgence – tous les cinquante ou cent mètres... Quand même, évitez les manifs à poil, c'est d'un éculé... et ça demande une sacrée intendance si on veut pouvoir rentrer chez soi ensuite.

D'autre part n'ayez que des slogans sur banderolles et pancartes. Pas de cri, pas de bruit. Avancez en silence. Ou trouvez une sorte de modulation basse continue qui soit votre signature sonore.

Essayez. Ajoutez un pull et un imper si le ciel l'exige. De la chaîne humaine, photographiez et publiez immédiatement chaque visage*. Notez que la réponse, ce seront sûrement les canons à eau. Laissez-vous tomber, protégez-vous les uns les autres, essayez de ne pas bouger de la place (honnêtement, ce sera sûrement difficile: ces jets d'eau peuvent être d'une violence incroyable, si on en juge par les témoignages, par exemple des essais effectués place Bellecour à Lyon sous Sarkozy). Si ce sont des gaz, collez vos nez sur l'épaule ou le bras du voisin (enfin, moi c'est ce qui m'évite l'allergie respiratoire, vous autres, et contre les lacrymos, je ne sais pas).  On peut prévoir des flots d'arrestations. Mais au moins, on y verra plus clair, on saura qui est qui et la loyauté s'imposera de part et d'autre, y compris l'aveu d'une répression poutinesque, à commencer par celle de la liberté d'expression dont je fais ici modestement l'usage.

* Les hélicoptères qui tournent au-dessus des manifs photographient aussi, avec des moyens assez puissants pour permettre de reconnaître, sur un cliché, tous les visages dans une foule. Prenez les devants, mais au grand jour.

 P.S. L'Assemblée vient de voter la prolongation de l'état d'urgence jusque fin juillet! Et voilà à quoi servait la manif des policiers hier??? et les violences filmées à la "marge"????

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