Le refus (ou le retard) de Jean-Luc Mélenchon à accepter sa défaite signale une pente extrêmement dangereuse: celle que mettent en scène ce soir, à Paris côté Bastille, les "militants" antifascistes, qui pourraient aussi bien être payés par Marine Le Pen ou par Poutine, mais ne manqueront pas d'exciter les militants de Mélenchon et de menacer, du même coup, le scrutin du 7 mai prochain. Le plus triste et le plus ignoble, c'est d'ailleurs que le tribun de la France insoumise risque bien d'accuser de son échec celui qui justement aurait pu éviter cette issue à la gauche, si Mélenchon l'avait rejoint, à savoir Benoît Hamon, lâché par son parti avant d'être laminé par les sondages qui ont inspiré aux électeurs déboussolés un vote "utile". Non, Monsieur Mélenchon, ce n'est pas Benoît Hamon qui a perdu la gauche, c'est vous qui l'avez perdue. Lui ne pouvait pas se dérober au vote de la primaire, qui l'avait promu candidat de la gauche. Vous, vous ne pouviez pas, à vous seul, espérer un vote plus nombreux que le score de ce soir. En déshabillant Benoît Hamon pour vous emplumer vous-même, vous l'avez perdu avec vous, vous vous êtes perdu avec lui.
Vous avez mené l'un et l'autre une campagne brillante, active, magnifiquement accompagnée. Sur bien des points, sauf celui, majeur, de l'Europe et de la politique étrangère, vos programmes se rejoignaient. Mais s'il y a entre vous un gouffre, c'est celui des tempéraments, c'est aussi la distance du révolutionnaire (quand le peuple devient le Parti) au démocrate (quand le peuple est le Souverain). Je n'ai pas encore rencontré une seule personne qui ait entendu, écouté Hamon et n'ait pas reconnu la solidité de son programme et l'humanité du personnage. Vous avez cru pouvoir le mépriser, le piétiner, et c'est une bien sombre étoffe que vous révélez ainsi et nous laissez craindre pour l'avenir de tant de jeunes que vous avez séduits.