La PMA pour les femmes.
De quoi s’agit-il ?
Dans l'immédiat: sans doute d'une diversion (visiblement efficace) au milieu des affrontements politiques. Mais restons-en au fond.
L’affaire nous rappelle opportunément que, pour faire un enfant et jusqu’à preuve du contraire, il faut une femme et un spermatozoïde. Là s’arrête la loi de la nature.
Même le rêve d’un utérus artificiel ne nous libérerait pas encore de la nécessité de trouver aussi un ovule, lequel ne peut être isolé que s’il est prélevé par opération chirurgicale sur une femme – consentante ou pas ! Si le rêve se réalisait, imaginons un instant quelle traite des femmes (au sens d’un commerce de chair humaine) pourrait s’ensuivre. Déjà des gynécologues incitent à des prélèvements précoces, gratuits ou non, sous le prétexte vertueux de permettre aux jeunes filles la conservation de leur stock génétique pour des usages futurs.
Or des spermatozoïdes, il y en a des millions et des milliards à chaque traite (sens tiré du verbe traire) de l’appareil génital masculin, et cela se renouvelle sans cesse.
Les ovules, eux, sont en stock limité, enfermé dans chaque ventre de femme dès sa naissance.
Pour être enceintes, il suffirait aux femmes de calculer le moment de leur cycle mensuel où avoir un rapport sexuel avec un homme quelconque. De tels rapports sont d’une banalité totale : il arrive très souvent qu’ils ne soient pas consentis, et que la femme violée se retrouve seule avec un enfant à porter et à élever. Familles monoparentales : ce sont presque toujours des femmes avec enfant(s). Et ces femmes sont fréquemment des victimes. Sans compter que, comme dit Blanche Gardin, "parfois quand c'est oui c'est non quand même". Qui donc s’en émeut ? Interdire la PMA aux femmes seules ou aux couples de femmes reviendrait, au fond, à leur interdire d’être mères célibataires ou à les obliger à l’avortement pour chaque grossesse sans père identifié. Réserver la PMA aux traitements de la stérilité surtout masculine dans des couples hétérosexuels, n’est-ce pas déjà faire porter à la femme une double part de douleurs dans la mise au monde d’un enfant?
La PMA pour les femmes seules ou en couple pourrait donc bien être le commencement de la reconnaissance du rôle évident des femmes dans la procréation et le premier pas réel vers la levée de leur servitude.
Mais il me semble tout aussi évident que la PMA pour les hommes serait la porte ouverte à un redoublement de la servitude des femmes, puisqu'on ne pourrait se passer, de leur part, d'un engagement, libre ou contraint, bien plus invalidant. Et qu’un progrès technique est toujours menacé d’un usage qui en inverserait les effets initialement attendus.